Chantal Faida

Pour la canonisation des saints noirs d’Afrique

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De toute l’Eglise romaine, seules l’Afrique et l’Asie comptent la majorité de baptisés. Malgré ce dynamisme extraordianaire de la foi en Afrique, le nombre de saints ne suit pas ? Le Vatican est-il raciste ? Malgré les millions de baptisés, pourquoi l’Afrique reste-t-elle à la traîne ? Tentative de réponse ici

Bien que leur distribution varie beaucoup d’un continent à un autre, le nombre de catholiques baptisés dans le monde reste stable, enregistrant une hausse en Afrique et en Asie, mais un fléchissement en Europe et en Amérique. En Amérique du Sud, le nombre de catholiques a fléchi, passant de 28, 54 à 28, 34 %. De même en Europe, de 24, 05 % à 23, 83%. Il a par contre augmenté en Afrique, passant de 15,15 à 15, 55 %, et en Asie du sud-est, passant de 10, 47 contre 10, 87 %.

En diminution en Europe (-10,4%) et en Amérique (-1,1%), les grands séminaires augmentent en Afrique (+14,2%), en Asie (+13,0%) et en Océanie (+12,3%).(ZENIT.org). Catholique.org, LES NEWS

L’Afrique, continent de tous les contrastes.

Le (la) chrétien (ne) noir (e) a beau se conformer aux lois religieuses ; jeun, vie de prière, pèlerinage vers des lieux saints, offrande, cœur altruiste, aide aux pauvres, tolérance, pardon, pureté de corps, lecture des saintes écritures, messe + communion chaque jour, surtout le dimanche, confession régulière, bref imiter parfaitement Christ jusqu’au sacrifice suprême, mais que dalle ! Plus de deux milles ans après Jésus-Christ, en Afrique noire et peut être au Maghreb, il n y a jamais eu de saint noir reconnu.Le Pape Jean Paul II d’heureuse mémoire et le pape Jean XIII, seront canonisés Saints

Le dimanche des rameaux (fête chrétienne commémorant l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem et se situant le dimanche avant Pâques), une annonce exceptionnelle a été faite dans ma paroisse, Notre Dame du Mont Carmel. Nous portons à la connaissance de tous les chrétiens que le dimanche 27 avril 2014, « Le bienheureux Jean Paul II d’heureuse mémoire et le pape Jean XXIII, seront canonisés Saints». A cet, effet une grande messe sera dite à la cathédrale Saint Joseph par Monseigneur l’Evêque …Paul II d’heureuse mémoire et le pape Jean XIII, seront canonisés Saints

Comme à l’accoutumée, à la fin de la messe, nous avions suivi la lecture : les saints de la semaine ;

–          Lundi, Saint Marcellin,

–          Mardi, Saint  Richard,

–          Mercredi, Saint Vincent,

–          Jeudi, Saint Jean-Baptiste,

–          Vendredi, Saint Paul,

–          Samedi, Sainte Julie,

–          Dimanche, Sainte Anne,

De mon vivant, vingt cinq ans aujourd’hui, jamais je n’ai assisté à la canonisation de saints dans l’Eglise, vu le temps que cela prends. Sur le chemin de retour à la maison, j’ai senti comme une joie immense mêlée de tristesse inondait mon cœur.

Vingt six ans durant, le pape Jean Paul II, Korol Wojytyla son vrai nom, était le grand chef de l’Eglise catholique romane jusqu’à sa mort, le 02 avril 2005 à Rome. Plus qu’un un militant des droits de l’homme, cet ami des jeunes était une figure de l’amour, de la bonté, de l’unité et de la miséricorde. Il mérite donc ce rang de saint. Pour ce qui est du pape Jean XXIII, retenons qu’il était un grand prophète et réformateur de l’Eglise. Désormais, tous deux seront donc appelés saints avec raison.

Le Vatican est-il raciste ?

Ma tristesse tenait du fait que, je me suis rendue compte qu’il n y a jamais eu de saint noir d’Afrique dans l’Eglise Catholique.

Si tout chrétien peut devenir saint, or il est de noirs chrétiens, donc le noir peut devenir saint.

Très exceptionnellement, on retrouve des martyrs dans l’histoire de l’Afrique noire.

Encore faut-il savoir s’il y a vraiment une nuance majeure entre un saint et un martyr. Selon le Larousse, un martyr est un chrétien laïc, prêtre, religieuse, et ou enfants mis à mort, persécutés ou torturés en témoignage de leurs foi…

« La sainteté s’acquiert au terme d’une procédure longue et minutieuse sur la vie d’une personne défunte ayant cherché à s’identifier au Christ. »

Non le Vatican n’est pas raciste !!!

La paresse, la négligence, l’ignorance sont là les maux de nous africains qui saignent notre spiritualité profonde et sont à l’aune de manque de saints de notre peau.

La procédure de canonisation est pourtant simple et connue du grand public. comment-devient-on-saint, catechisme/5401

1. Saisi d’une demande de la part d’un fidèle ou d’un groupe de fidèles, l’évêque du diocèse engage tout un processus afin d’examiner les preuves nécessaires en en confiant la charge à un expert appelé « postulateur de la cause », à des théologiens et des historiens qui les recueilleront. Ainsi seront rassemblés tous les écrits de celui ou de celle dont on « postule » la béatification, tous les témoignages possibles concernant sa vie, son activité, sa mort, sa réputation de sainteté ou de martyre et le fondement de cette réputation. L’enquête diocésaine s’assure des vertus héroïques et des preuves d’éventuels miracles dus à l’intercession du « candidat » à la sainteté.

2. A l’issue de l’enquête diocésaine (qui peut durer plusieurs années), le dossier est envoyé au Vatican où les experts de la Congrégation pour la cause des saints l’étudieront. Ce collège se compose d’historiens, de théologiens, de psychologues. Leurs conclusions figureront dans un rapport appelé « position sur la vie et sur les vertus » ou « position sur la vie et le martyre », c’est selon. Dans un deuxième temps, après avoir étudié les différents témoignages figurant au dossier, ils établiront un deuxième rapport appelé « position sur les miracles. »

3. Une fois cette deuxième étape terminée et si les éléments du dossier sont positifs, il sera transmis aux consulteurs de la « Congrégation pontificale ». Là, le dossier sera soumis à un examen théologique placé sous la direction du « promoteur de la foi », plus communément appelé « l’avocat du diable. »

4. Enfin, l’affaire est transmise aux cardinaux de la Congrégation pour la cause des saints qui décideront si le dossier de béatification ou de canonisation peut être proposé au Pape, à qui revient l’ultime décision.

Donc rien, alors rien n’est impossible pour nous africains de voir un de nôtre canonisé saint.

Dans nos prières quotidiennes, demandons l’intercession de nos frères et sœurs africains modèles de bonté, d’amour et de sainteté… des miracles se produiront…

Pour la canonisation des saints noirs d’Afrique ;

Très prochainement, il y aura une mixture dans la lecture des saints de la semaine :

–          Lundi Saint Nirere,

–          Mardi, Sainte Cécile,

–          Mercredi, Saint Kibandja,

–          Jeudi, Saint Kizito,

–          Vendredi, Sainte Jeanne,

–          Samedi, Sainte Sikuhimbire,

–          Dimanche, la fête de tous les saints,

Pour rappel, ces martyrs africains  qui attendent leur canonisation, lire Afrique Espoir; les saints d’Afrique :

NENGAPETA

« Elle a préféré mourir martyre pour préserver sa pureté. C’est notre modèle. Elle a ainsi donné la preuve d’un amour suprême de Dieu qu’elle a placé au-dessus de sa propre vie. ANUARITE CLEMENTINE

« Si tu savais que ta femme est plus jolie que moi, répondit Anuarite, pourquoi ne l’as-tu pas amenée avec toi ici? » C’est à ce moment que le colonel Ngalo décida qu’on la tue… À chaque coup, la Sœur faisait: « Ouh! Ouh! Ouh! ».… Olombe prit enfin son revolver et lui (à Anuarite) tira une balle dans la poitrine ». Fête le 01 Décembre.

BAKANJA

M. Van Cauter, appelé Longange, est un homme très dur, qui n’aime pas les Africains convertis à la religion chrétienne. Il défend à Bakanja d’enseigner la prière à ses compagnons de travail et lorsqu’un jour il voit le scapulaire que Bakanja porte au cou, il le punit par vingt-cinq coups de chicote. Isidore reçoit les premiers soins par des gens charitables. Après six mois de souffrances atroces, sa situation empire chaque jour. Le malade est rayonnant de joie de pouvoir unir sa voix à celle de la communauté. Au grand étonnement de l’assemblée, il se lève et fait quelque pas, en silence, le chapelet à la main. Après il se couche de nouveau. Puis il entre en agonie et s’éteint. Au cou, il a toujours le scapulaire. Fête, le 12 Août.

GHEBRE-MICHAËL, martyr d’Éthiopie
Né à Dibo (Godjam, au nord de l’Ethiopie), en 1791. C’est dans le monastère de Mertule Maryam, en 1816, qu’il fit sa profession, comme moine orthodoxe. Lorsqu’éclata la persécution contre les catholiques, Ghébré-Michaël refusa de se cacher ou de fuir. Il fut arrêté, emprisonné à Gondar, en mai 1854, et soumis à de grands tourments: jeûne, flagellations, guend (tronc d’olivier plein d’aiguilles) et humiliations de toutes sortes. Déçu dans son espoir de le voir abjurer, l’empereur décida d’en finir avec lui. Sa fête est célébrée le 14 juillet. Il est le Patron des prêtres diocésains.

Martyrs de Mombasa
L’histoire de ce groupe de témoins de l’évangile trouve sa racine, hélas, dans les rivalités qui pendant de longs siècles ont marqué les rapports entre chrétien et musulman. Cependant en 1614 une discorde éclate entre le Capitaine portugais du Fort Jésus et le nouveau sultan, Hassan. Parmi les Africains, 47 acceptent de se conformer aux ordres du Sultan, 400 préfèrent être emmenés comme esclaves à la Mecque, 72 payent de leur tête la fidélité à leur foi. Les autres se cachent ou fuient. Au total, les morts pour la foi sont environ 300. La moitié sont des Portugais; les autres, des Africains. Ces derniers montrèrent un courage extraordinaire. Fête, le 17 août.

MARTYRS DE L’OUGANDA

Le roi interdit à ses sujets de suivre la religion chrétienne et peu après il ordonna leur élimination. Les baptisés et catéchumènes à la cour du roi Mwanga étaient environ cinq cents. On ne connaît pas exactement le nombre de ceux qui ont été mis à mort. On pense qu’une centaine furent brûlés vifs ou exécutés à l’arme blanche sur ordre du roi, pour leur attachement à la foi et à la morale chrétiennes. C’étaient des pages, des gardes royales, des chefs de villages, des juges, des artistes : semence de l’œcuménisme en Afrique. Fête, le 3 juin.

« Tous saints », voilà la finalité de la vie chrétienne selon l’appel du Christ « soyez saints comme moi je suis saint. »


RDC : Drame sur le Lac Albert. Bilan très lourd.

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Samedi 22.03.2014. Le soleil s’est couché et une nuit noire s’est installée au Congo.
C’est tout sauf une légende. Un terrible bilan de morts.
251 compatriotes ont péri dans un naufrage sur le lac Albert (lac situé entre la RDC et la République Ougandaise).

Une poisse qui chagrine, une douleur qui fait rage, une tempête éprouvante, un grand vide dans nos vies ; ce départ précipité de nos siens.

« Ils avaient assez vu la mort pour connaître la valeur de la vie ». L’activisme des groupes rebelles dans leurs terroirs était qu’ils étaient contraints à l’exil, dans les pays voisins, l’Ouganda à l’instar ; pour sauver leurs peaux.

« Le pauvre en milieu d’exil est plus pauvre que le pauvre resté au pays ».

Ils voulaient retourner au bercail après des mois de refuge, de misère indicible et de vie intenable dans les camps de fortune, où ils vivaient sans assistance humanitaire idoine.
Sur le chemin de retour, ils ont pris une embarcation de fortune « boat » bateau en bois fabriqué localement pour 290 personnes (surcharge), enfants, femmes, hommes et vieillards. Le bateau a donc chaviré. Seuls 39 rescapés grâce à l’intervention des riverains.

Le Congo est en deuil. Nos sincères condoléances. Toutes nos pensées aux familles des victimes.
Je pleure les miens, en m’interrogeant…

Je suis éplorée, effondrée, attristée et peinée par cette tragédie. Mais certaines questions taraudent mon esprit.

– Croyez en mes œuvres, si vous ne croyez pas à ma parole … ? Je suis le Roi…, en ma qualité d’autorité de tutelle…, je suis parmi les dignitaires… ces chansons quotidiennes entendues dans nos médias mais sur terrain les réalisations ne suivent pas. Avons-nous des hommes et femmes décideurs soucieux des problèmes de la population dans son ensemble ? Pourquoi on nous fait la guerre depuis des lustres sans qu’une solution durable soit trouvée par ceux qui sont sensés nous protégés, des lustres durant ?

– Vaut-mieux prévenir que guérir, dit-on. Avons-nous une cellule de gestion de catastrophes et calamités au pays ? Si oui, non seulement, elle n’est pas intervenue au moment du naufrage tragique mais aussi elle n’a rien pas prévenu de tel malgré la vague de déplacement massif des populations fuyant les conflits armés ? Pourquoi es ce qu’on n’assiste pas les nôtres en exil ? Affaires sociales ?

– Les services sociaux de base, les infrastructures modernes publiques, les routes, ponts, routes, rails seulement dans les beaux discours mais jamais concrétisés ?

– POURQUOI, POURQUOI, POURQUOI ???

Photo d'illustration, Credit droits tiers
Photo d’illustration, Credit droits tiers

DEBOUT CONGOLAIS, œuvrons tous pour le bien être général, le sens d’humanité, la solidarité et l’empathie des nôtres. AIMONS TOUS LE CONGO. Nous n’avons que ça comme terre, mère partie.


Musique pour l’amour de l’Afrique : Germaine Sangara, une voix engagée

 

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Elle n’est pas la seule à Goma, mais elle est parmi les rares femmes qui chantent les valeurs très bien.

Elle est engagée dans la conscientisation et sensibilisation sur la paix et la cohabitation pacifique en milieu de conflits récurrents à Goma, Bukavu, Bunia, Béni dans la partie-est de la RDC et à Kinshasa dans la capitale et une fois en Angola. Elle chante pour la paix des Grands Lacs, pour la promotion du genre, de l’éthique et des valeurs africaines. C’est une moralisatrice.

Elle mène une vie modeste, mais elle a besoin d’appui matériel et financier pour son épanouissement dans sa carrière plutôt prometteuse.

Une voix magique, un talent incroyable, une personnalité en or, une femme engagée, dévouée pour la cause de son pays le Congo et son continent l’Afrique. Artiste de carrière depuis son enfance, Germaine Sangara, la reine de la musique afro-congolaise, fait des émules dans la génération de chanteurs congolais engagés.

 Mariée à un talentueux artiste musicien Sikuli Makaveli, elle est mère de deux adorables enfants. A son actif, plusieurs titres de chansons sur la paix, l’unité et les valeurs ancestrales africaines.  Elle fait la fierté du continent africain en général et du Congo en particulier.

« La vie est un grand combat. N’oublions pas, nous luttons pour la rendre meilleure pour nous-mêmes et pour nos générations futures. La paix est un élément primordial dans ce monde. Sans la paix, il n’y a pas d’essor pour un peuple. » Sa pensée profonde.

Interview exclusive.

Chantal Faida (Ch.F) : Germaine S. de la musique chrétienne vers la musique mondaine conscientisante, quelle était votre motivation ?  

Germaine Sangara (G.S) : Ma carrière musicale a vu jour dans mon Eglise, dans la chorale CMEMA à Goma depuis l’âge de 12 ans. Après je suis partie à Kinshasa pour parfaire ma formation d’artiste à l’INA Institut national des arts, en musique. Là-bas, j’ai obtenu mon diplôme, ensuite j’ai renoué avec la musique gospel (musique chrétienne ndlr), mais depuis un certain temps, j’ai décidé de chanter pour une conscientisation sur les valeurs et vertus de paix à construire par mes concitoyens pour l’essor du Congo et de la région.

Ch.F : Chanter les valeurs de la paix, de  l’unité, … Pouvons-nous déduire que G.S est artiste et militante des droits humains en même temps ? 

G.S : Je suis originaire du Nord-Kivu, ventre mou de plusieurs groupes armés au Congo. Ma province a longtemps vécu les affres des guerres. Je chante pour le retour de la paix, pour les droits des femmes et des enfants victimes de conflits récurrents, de guerres fratricides et pour le Congo.

Je contribue un tant soit peu à la recherche de la quiétude pour les miens. Dans mon single Mapendo et Afrika (amour et Afrique), je rappelle le modèle de vie de nos aïeux. L’arbre à palabres, le dialogue permanent, le recours aux conseils des sages, les recommandations des femmes au grand cœur, toutes ces stratégies qui concourent à la résolution pacifique des conflits. Le canon est une arme des faibles. Le dialogue est une arme efficace de résolution des différends entre peuples. C’est cela le fond de mon engagement en tant qu’artiste engagée pour le Congo.

Ch.F : Dans ta chanson “Mapendo”  tu chantes, mapendo amani kwa sisi wote. Umoja kwa wana wa Africa. Amour, paix et unité pour les Africains. Crois-tu être sur la bonne voie dans l’atteinte de tes objectifs, une région des Grands Lacs, un Congo havre de paix et d’essor ? 

G.S : La musique est une drogue universelle. Une passion partagée. Dans les transports, au marché, dans des cérémonies festives, à la maison, partout où vous pouvez imaginez, la musique est écoutée. Presque chaque jour, tout le monde écoute la musique. Si les peuples de la région décident de s’unir grâce à nos messages diffusés sur CD audio ou DVD visuel ; je ne peux que me réjouir.

J’ai une passion pour mon travail. Bien qu’au Congo les artistes-musiciens ne sont pas du tout appuyés, ce que je déplore d’ailleurs. Les artistes musiciens contribuent à la pacification au travers de leurs productions. Il va sans dire qu’un encadrement matériel, technique et financier conséquent doit leur être alloué par les décideurs.

Ch.F : Tu es une femme, une artiste talentueuse. Un message particulier à l’égard de tes consœurs qui te lisent ?

G.S : La femme est capable. Elle doit croire en ses capacités. Il suffit juste d’un petit effort de conscientisation individuelle et d’abnégation de la part de la gent féminine pour découvrir et aimer ce dont elle est à mesure de faire. La femme a un grand rôle à jouer dans toute société. Eduquer une femme c’est éduquer toute une société dit-on. Tant que la femme africaine ignorera sa force, ses potentialités dans la quête de la paix, la pacification de la région restera un voue pieux.

Ch.F : Un petit extrait d’une de tes chansons préférées ?

G.S : La vie est un grand combat. N’oublions pas, nous luttons pour la rendre meilleur pour nous-mêmes et pour nos générations futures. La paix est un élément primordial dans ce monde. Sans la paix, il n’y a pas d’essor pour un peuple. Pour bâtir ce monde, cherchons la paix et le reste nous sera donné dans le temps qui coule. Cherchons la paix et non la guerre, unissons-nous pour un monde meilleur, où il faut beau vivre !!!

MERCI.

Pour écouter une de ses chansons, ici

 

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Amani Festival : Festin de paix retrouvée au Congo

Une artiste danseuse talentueuse electrise le public. Amani Festival: Crédit photo Christophe N.
Une artiste danseuse talentueuse electrise le public. Amani Festival: Crédit photo Christophe N.

Les gens aiment la paix. Vingt milles personnes (jeunes, parents, vieux, etc.) ont répondu présent à la grande fête inédite de la paix tenue du 14 au 16 février 2014 à Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu en RDC. Festival AMANI « paix » au tour du thème :Playing for change, Singing for peace

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Organisé par le foyer culturel de Goma, branche de la maison des jeunes du Diocèse de Goma, la première édition de Amani Festival a enregistré un grand succès grâce au soutien des personnes éprises de paix et de solidarité tant en RDC qu’à l’étranger. Les recettes de cette fête grandiose seront investies dans la construction d’un amphithéâtre pour des spectacles culturels à Goma.

« Rassembler des gens de tous les horizons, et principalement, les habitants de la région des Grands Lacs pour célébrer ensemble une vie meilleur, pour le bien de tous, loin des conflits. La paix, nous le croyons, peut se construire et se fortifier autour de la culture et du rassemblement de tous. Nous voulons aussi, par ce Festival, montrer au monde entier que la Région ne se limite pas à une terre de guerre mais qu’il y vit une population vive, pleine de talent et prête à faire changer les choses de manière positive; «  tel était l’objectif de Amani Festival à en croire les organisateurs ; le belge Eric de Lamotte, le congolais Guillame Baguma et les membres du foyer culturel de Goma.

Une manifestation emblématique jamais vécue dans la région. N’en déplaisent aux esprits qui pensent que le Kivu est le vivier de la violence, l’espace favorable où se donnent rendez-vous tous les malheurs du monde. Eh bien, l’ambiance culturelle vécue dans le majestueux stade du Collège Mwanga, appelé couramment Place Jean Paul II a prouvé le contraire.

Rires, slaves d’applaudissements, cris, danses, retrouvailles, accolades, découvertes, mets exceptionnels, boisson fraîche ; tous les ingrédients réunis pour une fête pantagruélique.

Trois jours durant, le peuple au cœur effondré à cause du passé noir a oublié la musique des bombes et la mélodie des cartouches. Les peuples du Congo, Rwanda, du Burundi et d’ailleurs ont eu droit à des chants passionnants et captivants de divers artistes talentueux africains qui se sont succédés au podium décoré aux couleurs de la paix. Affiches portant des messages de paix, paroles célèbres des héros africains, tambours traditionnels, etc.

Temps fort : Voeux des artistes pour les peuples de la région

Le célèbre artiste congolais, Lokua Kanza: « L‘impression que j’ai : il y a une certaine joie dans les yeux des gens et une inquiétude en même temps parce qu’ils se demandent si cela (conflits armés) va encore recommencer, un sentiment mitigé dans la population. Mon message de paix: Soyons unis, aimons-nous les uns, les autres; l’harmonie de notre société en dépends. »

Un groupe de 11 artistes congolais de Goma – Foyer culturel de Goma – ont sorti un hymne à l’occasion de Amani Festival. Retenons cet extrait plein d’optimisme : « Terre touristique, terre volcanique, terre magnifique aux aspirations pacifiques, terre paradisiaque malheureusement pleines de guerres sporadiques, parle; ne reste plus sceptique et savoure la paix dans toutes ses optiques. La guerre est un langage des faibles, le dialogue pour une paix durable… Mutuache na Amani, Nous voulons la paix ».

L’icône du rap africain, Lexxus Legal :  « Si on veut une paix durable, on ne doit pas continuer à amnistier les criminels. Nous devons être exigeants envers nos politiques. Servons-nous du passé pour construire un avenir radieux. Hommage aux victimes des guerres récurrentes dans la région. »

La perle rare de Goma, la star Innocent Balume : « Ma voix pour les sangs voix dans mon pays. Je ferais le porte-voix des victimes congolaises partout où l’opportunité se présentera. Trop c’est trop, nous avons soif de la paix dans nos familles, dans nos villages et dans nos villes congolaises, rwandaises et burundaises. »

Jessica, jeune talent vivant en Norvège mais venue expressement pour la cérémonie : « La femme africaine a des droits inaliénables. Le respect de sa dignité est signe du respect de la société tout entière. » 

Et Mumbere, jeune festivalier de mentionner:  » C’est émouvant tout ce que j’ai vécu ici à Amani Festival. L’art est une arme sans conteste de rapprochement des peuples. Si seulement, les autorités et populations présentes à ces assises ont compris le fond des messages lancés, deux mois suffisent pour que cessent à jamais les bruits des canons partout dans la région. Multiplions des rencontres pareilles, ça dé-traumatise les populations. »

Que vive l’art, Que vive la paix, Que Vive l’unité et le développement dans la région des Grands-Lacs !!!

Retour sur images. Photos droits tiers.

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Vital Kamerhe, la star du gouvernement congolais

RDC: Education en péril. Une priorité à prendre en compte par les décideurs politiques.
RDC : éducation en péril. Une priorité à prendre en compte par les décideurs politiques.

Une pensée pour le président honoraire de l’Assemblée nationale de la RDC, Vital Kamerhe, qui depuis peu est privé de liberté de mouvement dans son propre pays. Les raisons officielles de cette restriction n’ont jamais été élucidées. Décidément, la communication fait défaut chez nous !!!

Lorsque, dans un pays, l’inutile passe pour le nécessaire et le moins urgent pour la priorité des priorités, la conséquence : le vice surpasse la vertu.

Ancien dignitaire du régime, éjecté à cause de son franc-parler, le leader charismatique de son parti politique, l’Union pour la nation congolaise, V.Kamerhe occupe de manière évidente les pensées du gouvernement en place à temps et contretemps ces derniers jours.

Ses faits et gestes, paroles et rêves sont scrutés par tous les décideurs du sommet au planton!

Plus qu’un honneur gênant, cet acte paraît très cynique aux yeux de millions d’autres Congolais. S’intéresser au moindre déplacement tant au pays qu’à l’étranger d’un opposant, fût-il ancien collaborateur du régime, intenter une action en justice contre sa personne pour des faits bénins  (Il avait accusé sans preuve, semble-t-il, de fraude électorale une députée membre de la majorité au pouvoir : sanction encourue trois ans de prison.), le déloger des locaux publics qu’il louait encore, etc. Une diversion pure.  Stratégie de manipulation. Montrer à la face du monde qu’on travaille pour l’intérêt général alors qu’il n’est rien de tout cela.

Le peuple congolais manque de tout. La sécurité, la justice, l’emploi des jeunes, les infrastructures modernes, l’éducation, l’énergie, l’accès aux nouvelles technologies, etc.

Les opposants sont pour un gouvernement sérieux, un contrepoids essentiel à la bonne marche des actions publiques et non un frein.

Les ennemis du peuple sont ceux qui pour faire valoir leurs revendications fussent-elles légitimes, ont pris les armes. Le hic, ces derniers circulent librement sur l’étendue du territoire, occuperont (si ce n’est déjà le cas) des postes de décision et pire seront amnistiés. Non ce pays m’étonne !!!

Le Congo a soif des leaders !!!

Tout chef n’est pas leader. Mais l’inverse est souvent vrai.

Le ferment, le terreau, le limon de l’engagement de tout leader de par le monde entier, c’est d’œuvrer pour le bien-être de son peuple.

La star de tout gouvernement responsable, c’est son peuple et non les opposants au régime. Le moindre souci du peuple doit être la priorité des priorités des décideurs.

Je suis émue d’avoir vu V.Kamerhe subir une humiliation à l’aéroport ce dimanche 9 février. C’est un acte que je fustige d’ailleurs, je revendique la liberté de pensée, d’opinion, d’expression en faveur de tout Congolais. Qu’il soit mince, lettré, dignitaire, ancien dignitaire, femme, homme, etc. L’avenir du Congo sera beau et reluisant.


CAMILLE NTOTO : l’homme qui écrit une nouvelle et belle histoire du Congo

Couple Camille et Esther Ntoto
Couple Camille et Esther Ntoto

 

« La jeunesse a non seulement des devoirs envers la société mais aussi, elle a un pouvoir. Rien qu’en observant ses rêves, ses capacités, son potentiel, sa vision,  son énergie et sa détermination. La génération actuelle doit apporter des solutions concrètes aux défis courants et futurs de la communauté. Je crois en la force de la jeunesse congolaise. » P.Camille NTOTO. 

Les personnalités comme Camille Ntoto (D’un Leadership positif et inclusif) , on en a tous les 5 siècles au Congo. Le Congo est l’espoir de l’Afrique et du monde. Ceci se confirme par la présence d’homme et de femmes de ce gabarit. Ils sont rarissimes et devraient être soutenus par les pouvoirs publics et toutes les personnes de bonne volonté pour l’émergence et le bien être de l’ensemble de la communauté tant congolaise qu’africaine.

Pasteur,  universitaire, leader visionnaire, enseignant, époux fidèle, Camille Ntoto est né en RDC, a été élevé en Belgique et a étudié en Californie du Sud (USA) à ‘Vanguard University’ où il a décroché une Licence [intercultural studies, pastoral ministries, biblical studies] et une maîtrise en Leadership.

Très passionné, engagé, attentif et soucieux du changement en RDC, le prédicateur hors pair dans plusieurs Eglises pentecôtistes au Congo, en Afrique et en Amérique,  décide de rentrer dans son pays, la RDC dans les années 90 et s’installe à Goma. Et pour cause, selon lui : « aller au creux des agitations, où on connaît beaucoup de secousses, là où la situation sécuritaire est précaire ». Notre message, est clair : « si l’Est du Congo a produit les guerres qui ont enflammé l’ensemble du pays,  eh bien, l’Est va produire quelque chose qui va relever l’ensemble du pays. » 

Depuis 2011, C. Ntoto et Esther sa femme (très dynamique, empathique, douée, sociable et femme modèle) créent une organisation non gouvernementale dénommée Un Jour Nouveau, un grand centre ultra moderne, situé dans la ville de Goma, au quartier Katindo, derrière le campus du Lac, voir Université de Goma. La mission de cette ONG est d’utiliser une approche holistique pour former des leaders, renforcer leurs capacités et habiliter les individus et leurs communautés pour une vie harmonieuse. Entre autres objectifs majeurs de ce centre : mettre fin au cycle de violence, de pauvreté, d’inégalités favorisés par l’ignorance, le manque d’opportunités et l’injustice rampante.

« L’origine de mon engagement tient de ma relation personnelle avec Dieu. Il est capable de relever, d’utiliser mais aussi de faire en sorte que ce qui avait été rejeté soit revalorisé. » nous confie Camille Ntoto, lors d’une interview.

L’émergence de l’Afrique partira du Congo

D’un altruisme inédit, le couple Ntoto œuvre sans relâche à redonner l’espoir à ceux qui l’avaient perdu à la suite de la méchanceté humaine (guerres, violences, et conflits armés). Un cœur particulier à donner de la valeur aux âmes jadis rejetées.

Qui sait communiquer, sait convaincre dit-on. Son initiative, le centre Un Jour Nouveau (UJN, ndlr), en collaboration Light of Africa Network a plusieurs réalisations à son actif :

Message d’espoir

La diffusion sur les radios et télévisions congolaises, et récemment sur le web, de plus de cent émissions et documentaires en vue de répandre chez les auditeurs, un message d’espoir, de motivation pour le déploiement d’un potentiel. « Un jour nouveau te permet de prospérer à tous égards, comme prospère ton âme, ton expérience personnelle avec Dieu, » annonce  l’émission.

Femmes vertueuses 

Une des branches du centre UJN où on apprends – en plus d’un soutien spirituel, matériel – à plus de cent femmes défavorisées de Goma, les classes d’alphabétisation, de langue, d’art, de métiers, d’activités génératrices de revenu. L’objectif selon C.Ntoto : « redonner à la femme sa dignité en lui offrant les moyens de s’épanouir dans la société ».

Génération Espoir 

250 enfants des parents démunis de Goma sont scolarisés et équipés en fournitures de classe sur fonds propres du très généreux couple Camille et Esther Ntoto. D’une intrépidité qui force l’admiration, le pasteur ne s’est pas arrêté là, mais il a entrepris un encadrement de plus de 650 enfants de toutes les couches sociales de 5 à 10 ans en activités extrascolaires : cours d’anglais, d’histoire, de leadership, d’étude de la Bible et des séances de mentoring.

Eveil des fils du Congo

7.000 hommes ont découvert leur potentialité pour assumer leur responsabilité et embrasser leur destinée. Ils se sont engagés dans leur communauté. Par l’entremise des cellules de formation, Camille Ntoto y est parvenu au travers d’une émission radiophonique dénommée « d’homme à homme » et par d’autres séminaires, conférences et tables rondes dans les Eglises et centre culturels de Goma.

Académie de leadership

« La génération actuelle doit apporter des solutions concrètes aux défis courants et futurs », dixit C. Ntoto quand il évoque le bien fondé de la mise en place de l’Académie de leadership. Avec une extension à Butembo et le siège à Goma, cette branche est parmi celles dont les effets sont plus perceptibles dans la communauté congolaise. Un engagement, un dynamisme, une cohabitation pacifique, une tolérance, et solidarité sont là les quelques vertus qui croissent dans le chef de bénéficiaires de cette formation, ouverte à tous moyennant des frais abordables. Durant six mois, des universitaires, chômeurs, jeunes, hommes en uniformes, femmes ménagères, etc., tous sont nombreux à suivre les cours de leadership à l’Académie de Leadership, l’unique dans la région.

« Les grands leaders que  ce monde va connaître, et bien, nous allons les produire ici à l’est de la RDC ». Sa conviction : « Le leadership : c’est l’influence. Quelqu’un qui sait où il va et qui a la capacité de susciter chez les autres, l’envie de le suivre en vue de l’atteinte d’un certain nombre d’objectifs.» Ce sont là ses paroles d’honneur.

En conclusion, il nous livre ses raisons de croire en la force de la jeunesse.

« La jeunesse a non seulement des devoirs envers la société mais aussi, elle a un pouvoir. Rien qu’en observant ses rêves, ses capacités, son potentiel, sa vision,  son énergie et sa détermination.

Ils devront, pour changer la société, poursuit-il ; influer sur la religion, la famille, les loisirs, l’éducation, les médias et la politique.


Au pays des larmes, les héros sont tués. R.I.P colonel Mamadou Ndala

Colonel Mamadou Mustapha Ndala. Héros congolais 2014
Colonel Mamadou Mustapha Ndala. Héros congolais 2014

RDC, 2 janvier 2014, jour du crime abominable. L’acte ignoble s’exécute à Ngadi, village situé à une dizaine de kilomètres de la ville de Béni, du territoire éponyme en province du Nord-Kivu. Le convoi qui transportait le commandant du 42e bataillon de l’unité de réaction rapide (URR) des Forces armées de la RDC (FARDC), Mamadou Mustapha Ndala (le vaillant héros) et nombre de ses gardes sont la cible, Dieu sait d’où c’est parti « d’une attaque à la roquette par des inconnus.»

 Le bilan est très lourd. Ils sont tous tués. Un coup dur et une perte lourde pour la population congolaise qui adulait cette unité de l’armée congolaise après sa victoire écrasante sur le Mouvement rebelle du 23 mars (M23) dans les territoires de Nyiragongo et Rutshuru au Nord-Kivu après vingt mois de guérilla. Un nième  acte provocateur cynique infligé au peuple congolais qui pourtant croyait déjà au changement en sa faveur (L’armée régulière renforcée et la paix rétablie). Que dalle !!!

Chers lecteurs, si j’avais le choix (ce qui n’est pas le cas, hélas), mon premier texte de l’année 2014 ne serait pas publié sur une note de deuil et de profonde tristesse. Que d’émotions !!!

« Les morts ne sont pas morts, … ils sont dans la foule »

Alors que j’étais concentrée dans la lecture de mon œuvre bréviaire « Le petit prince » de Antoine de Saint-Exupéry, à plus de mille miles de ma ville prisée, (la majestueuse et fascinante ville de Goma), la nouvelle est tombée dans mes oreilles avec une telle déflagration psychologique que je suis restée sans mot.

J’étais effondrée, éplorée, déchirée, blessée à l’idée que jamais je ne reverrais ce monument,  baobab, grand conquérant digne de fierté nationale qui à mes yeux était né le même jour que le Roi Soleil. Tout le monde le sait, il a ensoleillé les vies des milliers de Congolais qui n’espéraient pas revivre le temps de la gloire et de la grandeur de son armée au pays des larmes (guerres d’agression multiples, tueries, viols, massacres, …)

Non seulement ils ont tué un innocent, mais également, ils l’ont enterré loin de sa terre natale. Trouvez l’erreur ?

 

Obsèques de Mamadou à Kinshasa
Obsèques de Mamadou à Kinshasa

 Non dites moi que c’est un rêve cauchemardesque.

Il n’en est rien de tout cela.  Le voile du rêve est levé quand je pénètre dans le camp militaire Kokolo, à la 11e région militaire des FARDC à Kinshasa, lundi 6 janvier 2014. Je vois en face de moi des centaines de milliers de personnes, visage triste et plein d’amertume, costumes noirs, lunettes de soleil. Toutes venues rendre un dernier hommage à celui qu’on appellera désormais feu colonel Mamadou Ndala. Décoré général de brigade à titre de posthume. L’émotion est totale. Des larmes tombent sur mes joues, mon voisin de gauche se souvient : « Jamais je n’ai rencontré, un officier aussi vaillant que Ndala. Il remontait le moral de ses troupes à chaque fois que cela était nécessaire, il avait un courage exceptionnel et croyait en l’avenir radieux de ce pays, paix à son âme »Après des discours élogieux teintés d’hypocrisie, on achemine son corps  au cimetière de Kitambo, où il sera enterré selon le rituel de sa religion musulmane.

Pour paraphraser Birago Diop, la sommité africaine d’origine sénégalaise dans l’un de ses contes célèbres ;

« Ceux qui sont morts ne sont jamais partis
Ils sont dans l’ombre qui s’éclaire et dans l’ombre qui s’épaissit, les morts ne sont pas sous la terre : ils sont dans l’arbre qui frémit, ils sont dans le bois qui gémit, dans l’eau qui coule, dans l’eau qui dort, dans la cave, ils sont dans la foule, les morts ne sont pas morts ».

« … Pour les rois, le monde est très simplifié. Tous les hommes sont des sujets  » ***

 « … car le roi tenait essentiellement à ce que son autorité soit respectée »***

« … Le roi qui était tout fier d’être enfin roi pour quelqu’un ».*** Le Monarque absolu.

Les exemples des crimes non élucidés au Congo sont légion : le colonel Mamadou Ndalale en 2014, le célèbre artiste musicien du Gospel Alain Moloto en 2013, le défenseur des droits humains, Floribert Chebeya en 2010, le général d’armée Félix Budja Mabe Nkumu Embanze, etc.

Les enquêtes enclenchées pour trouver les mobiles et les auteurs de tous ces crimes sont restées lettre morte. Aujourd’hui plus que jamais, le peuple congolais est éveillé et exige que tous ces crimes soient punis selon la rigueur de la loi. NOS YEUX SONT OUVERTS. Halte à l’impunité récurrente au Congo. La justice doit faire son travail.

« Mais comme il n’existe pas de marchands d’amis, les hommes (nos politiques) n’ont plus d’amis. »***

« Les grandes personnes sont décidément très bizarres. »

C’est de la pure forme d’irrationalité pour nos élites africaines que d’être irrités quand un de leurs citoyens se distingue dans son travail en faisant preuve de courage exceptionnel et de loyauté. Elles (élites) devraient plutôt trouver au travers de ces actes de bravoure, un motif de fierté. Pour le cas type du meurtre de Mamadou Ndala, je suis tentée de dire qu’on nous a arraché comme dans un rêve, l’espoir d’une armée dissuasive au Congo, espoir de dignité, de grandeur. Mais vite je rectifie mon tir, on peut tuer un homme, mais pas ses idées ; ainsi martelait Fidel  Castro.

La mort de Mamadou n’était pas prévisible comme le pense une certaine opinion 

D’aucuns sont confiants, le soldat entraîné qu’était Mamadou n’a pas fait preuve de tact et de vigilance après que lui et son unité ont infligé une cuisante défaite à la rébellion du M23. Si on analyse à fond cette thèse, l’on devrait donc comprendre qu’il était interdit (pour notre armée) de remporter une victoire sur des rebelles au Congo et que si jamais cela arrivait, l’on devrait se sentir coupable plutôt que mourir.

Steve Bicko écrivait : « Plutôt que vivre longtemps pour une idée qui mourra, mieux vaut mourir pour une cause qui survivra ». La dignité d’un peuple n’a pas de prix.

C’est ma conviction. N’est-il pas écrit dans la Bible que : « Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée; et on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux » ?  Mathieu 5 : 15, 16 Mamadou Ndala était une fontaine dans le désert (chaos congolais). Le politique congolais a éteint par un coup de vent l’unique lampe qui éclairait la case du Kivu!!! Leçon ; il faut bien protéger nos lampes.

 Un héros, ça n’a pas de défaut

Colonel Mamadou, fervent Musulman. Photo prise à Goma
Colonel Mamadou, fervent Musulman. Photo prise à Goma

Que Mamadou (36 ans révolus) ait eu trois femmes (il fût un fervent musulman) et dix enfants, qu’il (avec quelques membres de son unité, info à vérifier d’ailleurs) ait pris fuite en Ouganda lors des combats intenses brouillés par des ordres hiérarchiques anarchiques, cela n’enlève en rien l’estime et la considération que nous lui devons.

Peuple congolais, un héros, un martyr, ça se respecte. Ses pensées, son idéologie, sa lutte (nouvelle forme d’engagement citoyen) se transmettent de génération en génération. Son nom ainsi que celui de ses alliés et autres soldats tombés en servant loyalement le pays demeureront inscrits en lettres d’or dans nos cœurs, en signe de respect à notre histoire. Un peuple sans histoire, est un peuple sans âme.

Je suis optimiste, notre armée garde son moral et elle est prête à poursuivre dans la loyauté et avec un courage rare le combat contre les ennemis de la paix.

L’armée est pour un pays fragile (comme l’est de la RDC) ce qu’est le sang pour le corps humain. Si elle est infectée ou infiltrée, tout l’appareil public s’écroulera (si ce n’est déjà le cas). Leçon : un Etat, une armée républicaine.

 Mamadou Ndala Mustapha reçoit à titre posthume, le prix Patrice Emery Lumumba

« C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante. Je suis responsable de ma rose. »*** Tout ce temps passé à pleurer cette icône de la fierté congolaise, je réalise enfin, combien, il représentait un symbole mémorable à mes yeux.

Mamadou tu dors, tu te reposes, tu as fait un boulot exceptionnel. Une manière de t’honorer, c’est de marcher sur tes traces. Tu es notre modèle et notre repère. Ton combat ne vient que de commencer. Sois sans crainte.

Sur cette note, et me référent en ma qualité de fille légitime idéologique de Lumumba, daigne recevoir de là où tu es au ciel, le Prix que je décerne toujours aux personnes exceptionnelles (le premier à le recevoir était le Dr gynécologue Dennis Mukwege), aux étoiles du monde, aux lumières d’Afrique. Le Prix Patrice Emery Lumumba, venant droit du plus grand de nos héros nationaux. La cagnotte ? C’est le mérite et la reconnaissance de ton combat et surtout te remercier par le fait que, pour une nième fois, tu as rassemblé les citoyens congolais au tour d’une même cause. L’avenir du Congo est beau. 

« Les serpents sont méchants, ils peuvent te mordre pour le plaisir… ce qui rassure ce qu’ils n’ont plus de venins pour la seconde morsure ».*** Comprenne qui voudra.

Que dire d’autre ? Bonne année 2014, tout de même.

*** Légende: Passages tirés dans le Petit Prince de A.S Exupéry. 

Image de la jeep où était Mamadou Ndala et ses gardes lors de l'attaque du 02.01.2014 à Béni
Image de la jeep où étaient Mamadou Ndala et ses gardes lors de l’attaque meurtrière du 02.01.2014 à Béni. Le monde est méchant.


Terreur à Kinshasa : Trois Hypothèses pour comprendre tout l’enjeu

Aéroport International de N'Djili. Credit photo: Google
Aéroport International de N’Djili. Credit photo: Google

La situation qui était tendue ce matin à Kinshasa semble se stabiliser depuis onze heures. Des hommes armés « identifiés comme non autrement identifiés » ont attaqué plusieurs endroits stratégiques (Radio, télévision publique, RTNC, aéroport de N’djili et le camp militaire Colonel Tshatshi dans la commune de Ngaliema) pour des motifs qui restent dès lors inconnus. Près de quarante d’entre eux ont été tués par l’armée régulière, les FARDC(Forces Armées de la RDC) lors des échanges, une dizaine capturée et d’autres se sont envolés dans la nature. Pour l’instant l’heure est à la vigilance. Le gouvernement rassure la population, elle peut vaquer à ses occupations.

Trois hypothèses sur le mobile d’attaque sont à découvrir dans les lignes qui suivent.

A la veille des fêtes de nouvel an 2014, Kinshasa est perturbée. Les habitants sont paniqués, les bureaux de l’Etat, les banques et les commerces sont fermés, la ville est sur-militarisée. Vers Kitambo Magasin, un grand carrefour de la ville, des chars sont sortis et des tirs y étaient intenses.  Bref, pas de sécurité, ni de moyens pour prétendre à une fête aussi sobre soit-elle.

1. Homme de Dieu, libérateur redoutable du Grand Congo

Lundi 30 décembre 2013. Il est 07h00, le temps est clair, l’air est frais, la circulation est intense, des travailleurs se disputent le transport comme toujours sur les grandes artères de la ville de la capitale congolaise, Kinshasa. En un rien de temps, tout bascule.

De 0800 à 11h00, heure de Kinshasa, c’est fût la catastrophe, la terreur, la panique et la peur. Après la nouvelle de l’attaque, les gens se terrent dans leurs maisons. La ville est déserte.

Les assaillants se revendiquaient d’un ex candidat président, et ou d’un officier de la Police.

Plusieurs noms de probables instigateurs de ces attaques circulent déjà à la cité et sur les réseaux sociaux.

Paul-Joseph Mukungubila Mutombo. Candidat déchu, lors des échéances présidentielles de 2006, il est resté fidèle à son métier de pasteur tout en critiquant ouvertement et sévèrement la gouvernance actuelle du pays et l’agression manifeste du Rwanda contre le Congo.  Il aurait donc orchestré les attaques de ce lundi 30 décembre à Kinshasa.

Pourquoi lui?

Eh bien parce que depuis un moment, cet illuminé, prophète de l’Eternel, serviteur exceptionnel d’une grande Eglise à Kinshasa (Ministère de la Restauration à partir de l’Afrique Noire) veut libérer le Congo du joug des étrangers. Il se nomme Jésus-Christ et président d’Afrique. Naïve je croirais en lui. Mais je ne le suis pas. Désolée.

Mais la question qui taraude mon esprit : pourquoi un fils de Dieu veut libérer un peuple, armes à la main, sans préparation idoine ? Il faut être dans le secret de Dieu pour le savoir.

2. Un Officier de Police aigri car éjecté de son post 

Un autre nom, John Numbi.

Général, chef de police en suspens depuis 2010, depuis qu’il est pointé dans l’affaire du meurtre du militant des droits de l’homme Floribert Chebeya. Ce dernier avait été retrouvé mort après un rendez-vous qu’il avait eu avec ce chef de police. Une ordonnance du président l’avait remplacé par son adjoint par Charles Bisegimana, un général issu de l’intégration des anciens rebelles du CNDP dans les FARDC. Le 28 décembre dernier, une autre ordonnance présidentielle a confirmé sa nomination au poste de commissaire supérieure générale de la police congolaise. Et donc John Numbi serait mécontent de cette nomination qui attribue un poste stratégique à un congolais dont il doute la loyauté et l’intégrité au service de la nation.

Quoi qu’il en soit, il existe des moyens institutionnels pour faire entendre sa voix; et pas armés des jeunes misérables pour assiéger toute une capitale, et ce depuis des milliers de kilomètres de Kinshasa à Lubumbashi où il est assigné en résidence surveillée. Le résultat est mitigé. Ses revendications ne seront pas écoutées et des pertes en vies humaines ont été enregistrées, que de tristesse? Et d’autres pauvres gens sont faits prisonniers à vie si pas exécutés comme c’est de coutume pour pareils attentats au Congo.

3. Attentat terroriste monté

Et la dernière hypothèse, le théâtre dramatique de chez nous.

D’aucuns sont sceptiques sur la possibilité d’attentat terroriste ou de coup d’Etat contre le régime en place. Ils invoquent un coup monté par certaines personnalités du pays pour renforcer la légitimité ou popularité du garant de la nation qui voit les sondages baissés en sa faveur au regard du train de vie très déplorable que mène les congolais et sans oublier la récente attaque des rebelles ougandais ADF-Nalu à Béni au Nord-Kivu; qui a causé près de quarante tués et plusieurs blessés.

Sinon comment comprendre qu’une attaque puisse se perpétrer dans des lieux publics aussi facilement sans se poser de questions ? La Radio publique est parmi les rares endroits de Kinshasa qui sont les mieux protégés. Une centaine de militaires de la garde républicaine y sont en poste 24h sur 24. Mais des assaillants se fraient un passage jusqu’au studio de la télé et se mettent à menacer les journalistes pendant une dizaine de minutes avant de couper le signal. On se croirait devant un film hollywoodien. L’aéroport n’en parlons même pas. Le camp militaire où sont logés des vaillants combattants prêts à défendre le pays à chaque instant. Tous ces lieux ont malheureusement fait l’objet des attaques armées. Soient ils (militaires FARDC) n’étaient pas sur leurs gardes, parce que semble-t-il préoccupés à « débrouiller » le pognon de la fête pour leurs familles car impayés jusqu’à ce jour ; soient ils sont infiltrés, d’où l’origine de la trahison horrible. De deux choses, l’une.

Le hic dans tout ça, c’est que tout se joue contre et en défaveur de la population congolaise qui n’a que ses beaux yeux pour pleurer et implorer la providence divine.

Si elle ne périt pas, elle broie le noir en pataugeant dans une misère indicible, car rassurez-vous en temps d’instabilité et de guerre récurrente, l’économie stagne. Or qui dit politique moribonde, économie déséquilibrée pour un Etat, dit usure et mort lente d’un pays, si pas sa condamnation à être sous tutelle des puissants.

On peut tout dire sur la foi, mais au Congo, sans la foi, le peuple ne tiendrait pas un mois sans déprimer. Chers ancêtres je vous en supplie intercédez pour nous.

 

 

 


« …Beaucoup se disent fiers d’être africains mais combien font de leur mieux pour que l’Afrique soit fière d’eux? » Florian Kemite, écrivain: entretien exclusif.

Florian Amaru Kemite
Florian Amaru Kemite

« La philosophie se forge par ce que tu vis, ce que tu entends et ce que tu lis.

Le jeune africain est plein de génie et de potentiel. Le seul problème est qu’il ne le sait pas encore. Il est aveuglé et assourdi par la situation actuelle.

Prise de conscience rime avec intelligence, révolution rime avec action, chaque jeune africain où qu’il soit, avec ce qu’il a, peut apporter une lumière où il fait sombre, apporter une solution à un problème qui a trop longtemps duré. Le changement de l’Afrique commence par nous. Une fois que nous aurons opéré un changement sur notre personne nous pourrons ensuite l’opérer sur notre continent… » F.A.K

Une fois de plus, j’ai eu le privilège et l’avantage particulier de m’entretenir avec un autre jeune talent de renom, poète, philosophe et écrivain qui se confirme, se distingue et fais son nom dans la jeune génération montante, Florian Amaru Kemite. Etudiant en Allemagne, il est congolais d’origine. A son actif, on peut noter un recueil de 30 poèmes hors pairs, deux livres très prisés au Congo, en Italie, en France et en Inde dont un est disponible gratuitement sur e-book et l’autre sur PAYPAL. Il anime une page Facebook (plus de 21.800 fans à ce jour, c’est pas petit hoo…) où il publie certains de ses poèmes et extraits de ses livres.

Au cours de cet entretien exclusif, Florian K. (la vingtaine) – celui que j’appelle affectueusement, fils de Lumumba – nous livre gratuitement tous les secrets, astuces et stratégies de relèvement de l’Afrique toute entière. L’Afrique de l’excellence et de la grandeur, c’est possible.

« Personne n’interdit aux africains de s’associer entre frères et sœurs, venir en aide aux démunis, aux orphelins, aux écoles délabrées, etc. par exemple ; de hausser le ton face à un problème. Ou encore mieux, pour trouver des solutions, ce qu’en tant que peuple, nous pouvons faire pour que tel problème ne soit réglé. Mère Theresa a dit: « Si chacun nettoie devant sa porte, le monde entier sera propre.  » 

« Le jeune africain est divin. Le fait de le motiver, lui montrer, lui rappeler qu’il est divin, et que changer l’Afrique ne sera possible que quand il y croira, et quand il fera un pas vers cette Afrique tant voulue, elle viendra à lui. 

Il faut faire ce qu’on peut où on est avec ce qu’on a, apporter de la lumière où il fait sombre. Bien sûr,  je ne prétends pas que c’est facile, bien au contraire, c’est parce que c’est dur que j’en parle, comme Sénèque a dit « Ce n’est pas parce que les choses sont dures que nous n’osons pas, c’est par ce que nous n’osons pas qu’elles sont dures« … » F.A.K »

L’intégralité de notre entretien dans les lignes qui suivent.

 

Bonjour Florian. Comment évolue ta carrière d’écrivain?

 

Florian Amaru Kemite

Bonjour Chantal Elle avance bien et j’ai les yeux fixés sur de très beaux horizons, les jours qui arrivent me paraissent bien prometteurs. Je tiens d’ailleurs à profiter de l’occasion pour saluer et remercier tous mes milliers de fans, leur support m’inspire.

 

Oui tu en as par centaines de milliers et de toutes les nations africaines et du monde sur ta page. Qu’es ce qui les attire selon toi vers tes écrits et poèmes?

 

Florian Amaru Kemite

Tout en me fiant aux messages de certains de mes fans, je pense que c’est un souffle nouveau, c’est le nouveau message que j’apporte qui les attire. Le jeune africain a longtemps pensé, à cause des situations déplorables quasi-quotidiennes auxquelles nous faisons face, qu’un meilleur lendemain pour l’Afrique était impossible, impensable. Le fait de le motiver, lui montrer, lui rappeler qu’il est divin, et que changer l’Afrique ne sera possible que quand il y croira, et quand il fera un pas vers cette Afrique tant voulue, elle viendra à lui.

 

Le jeune africain est divin et il doit être motivé, tes propres mots. Mais tu as aussi parlé des situations déplorables quotidiennes vécues en Afrique. Quel lien entre ces deux périphrases?

 

Florian Amaru Kemite

Il s’agit d’une très belle question. Voilà, à cause de ces situations quotidiennes, l’africain a confondu infirmité et fatalité, il a perdu tout espoir, toute motivation, tout envie de penser en une Afrique nouvelle. Cette Afrique meilleure, toujours à cause de ces situations, demeure pour lui un fantasme absolu, une utopie. Comme je l’ai écrit dans mon livre « Jeunesse, réveille-toi », l’africain a vécu tellement de cauchemards qu’il a fini par oublier que les rêves existent. Il a même fini par se déresponsabiliser, se retirer de l’Afrique, ce qui est très dangereux. Encore dans mon livre j’ai écrit « Chaque génération a des responsabilités à prendre pour la génération suivante ». Notre rôle, en tant que jeune africain, est de mettre un terme à cette hémorragie africaine, à ce laisser-aller, à cette insouciance exaspérante. Et ceci, ne sera possible, qu’une fois que nous nous rappellerons que nous sommes des êtres divins, et que nous sommes capables de prouesses, une fois déterminés.

 

Comment avoir cette détermination quand on écoute et voit la souffrance des maliens, l’incertitude des centrafricains, la fragilité du Sud-Soudan, la misère des somaliens et l’enfer des congolais. Selon toi, sur quelle piste les africains devront se pencher pour que la paix et la prospérité ne soient que dans des rêves et dans des discours?

 

Florian Amaru Kemite

Il faut faire ce qu’on peut où on est avec ce qu’on a, apporter de la lumière où il fait sombre. Bien sûr, je ne prétends pas que c’est facile, bien au contraire, c’est parce que c’est dur que j’en parle, comme Sénèque a dit « Ce n’est pas parce que les choses sont dures que nous n’osons pas, c’est par ce que nous n’osons pas qu’elles sont dures ». Les africains, devraient commencer, à mon avis, par se remettre en cause. Les mêmes actes impliquent les mêmes résultats, si nous n’avons rien fait de différent, il est normal qu’il n’y ait rien de différent jusque-là. Le pire, ce que je déplore justement, c’est de se plaindre, sans pour autant faire quoique ce soit. Personne n’interdit aux africains de s’associer entre frères et sœurs, venir en aide aux démunis, aux orphelins, aux écoles délabrées, etc. par exemple ; de hausser le ton face à un problème. Ou encore mieux, pour trouver des solutions, ce qu’en tant que peuple, nous pouvons faire pour que tel problème ne soit réglé. Mère Theresa a dit: « Si chacun nettoie devant sa porte, le monde entier sera propre ». Tout le monde est appelé à apporter sa pierre à l’édifice, arrêtons d’attendre tout des autres. Aucun pays n’est parfait, plusieurs pays sont passés par des moments extrêmement difficiles mais ont su se relever. Rien n’empêche à l’africain de faire de même, se lever. Réapprenons à nous unir, individuellement il est quasiment impossible de faire face à tout ce dont nous sommes spectateurs aujourd’hui. Ce n’est qu’ensemble que nous pourrons trouver des solutions, quand tout un chacun apporte son talent, son intellect, nous pourrons aspirer au changement.

 

Ensemble nous pouvons trouver des solutions, mais n’avons-nous pas vu certains africains pactisaient avec les prédateurs, les pilleurs et les profiteurs de nos ressources et par ricochet sont à la base de nos maux, violences et déstabilisations récurrentes. Que dois-t-on faire en pareille situation?

 

Florian Amaru Kemite

Il est fort vrai, que beaucoup de nos problèmes ont été rajoutés par les nôtres, qui ont été corrompus et manipulés au détriment de notre chère terre l’Afrique. La trahison est un acte humain. Ce n’est pas pour autant que nous devons arrêter de nous organiser. Ne baissons pas les bras car les traîtres, les aliénés, il y en aura toujours, ce n’est pas seulement chez les africains, c’est partout. Continuons à nous accrocher à nos principes, à notre philosophie, à notre prise de conscience, à notre lutte devrai-je dire. Nous ne devons pas faire le bien pour notre continent en fonction des autres, en fonction des potentiels humains-obstacles mais parce que c’est ce qu’il faut faire, parce que c’est ce qui donne un sens à notre humanité, qui nous rend plus fier d’être africain, rendant l’Afrique fière de nous, comme je l’ai mentionné une fois dans mon livret « LE CHANGEMENT DE L’AFRIQUE COMMENCE PAR NOUS » « Beaucoup se disent fiers d’être africains mais combien font de leur mieux pour que l’Afrique soit fière d’eux? »

 

La gloire de l’Afrique sera écrite par les africains eux-mêmes et ils se doivent d’y travailler. Florian tu reviens du Congo Démocratique très récemment. Quelles sont tes impressions sur la gouvernance actuelle, de manière ramassée? Es ce qu’on évolue en RDC ou pas encore. Quelle serait la panacée aux crises récurrentes qui minent ce pays sous-continent d’Afrique?

 

Florian Amaru Kemite

Effectivement, j’ai été au Congo pour trois semaines, et autant que cela me répugne de le dire, tout en essayant de choquer le moins possible, il n’y a pas d’évolution du tout. Les mêmes pleurs, les mêmes tracas, les mêmes interrogations, les mêmes soucis primaires, les mêmes visages à la fois silencieux mais pourtant très bavards. Je ne peux pas prétendre avoir toutes les solutions à tous les problèmes du Congo, tout ce que je sais, c’est que le congolais en a marre, mais ne le montre pas, veut un changement mais n’en parle pas, il a peur, pendant que sa situation quotidienne elle-même est un film d’horreur. Il n’y a pas d’eau malgré le grand fleuve Congo, pas d’électricité, des salaires minables, les condiments coutent de plus en plus chers, etc. C’est vraiment triste. Le congolais a du mal à réaliser que la vie qu’il mène n’est pas celle qu’il mérite. Il a malheureusement fini par s’y habituer. Pour que le Congo change, il faudrait d’abord que le Congolais croit à ce changement, apparemment, ce n’est pas encore le cas, je parle en général. Ce pessimisme n’est pas de sa faute, il est difficile de croire en quoique ce soit, d’avoir de l’espoir, quand l’environnement dans lequel on se lève et on dort ne nous permet pas de viser loin, de voir loin. Le congolais a besoin de bons leaders, je n’ai pas dit bons dirigeants, mais bons leaders. Ces leaders pourront l’aider à prendre conscience que son pays n’est pas dans la posture qui lui ressemble, c’est un grand pays très riche en minerais comme en cultures. Car une fois, le congolais se sera rappelé de tout ça. Le Congo ira de l’avant. Le congolais doit aussi regagner la foi, la foi donne la patience et les deux poussent à l’action.

 

Des bons leaders pour que le Congo émerge, as-tu quelques noms à proposer si ce n’est un tabou?

Rappelez-nous le nombre de tes livres déjà parus et où les trouver? Avant dernière question c’est quoi ton rêve, toi jeune talent, jeune écriture, jeune courageux, pour le Monde, l’Afrique et le Congo ton pays.

 

Florian Amaru Kemite

Je n’ai aucun nom jusque là. Les leaders sont parmi la population, ça peut être Chantal Faida, ça peut être n’importe quel jeune qui décide de ramener tous ses frères et sœurs sur la bonne voie, et qui fait présente les caractéristiques de leader.

Jusque-là, il y a deux livres, un livret gratuit distribué en e-book via ma boîte e-mail « LE CHANGEMENT DE L’AFRIQUE COMMENCE PAR NOUS » et le livre « Jeunesse, réveille-toi », qui a été déjà vendu au Congo, en Italie, en France et en Inde, les intéressés pourront le trouver sur PAYPAL dès le mois prochain. Mon rêve le plus grand est de voir beaucoup plus de rires que de larmes en Afrique, moins de sang, moins de misère. Un changement, de meilleures écoles, de meilleurs hôpitaux. Une meilleure Afrique est non seulement possible mais aussi nécessaire, sinon nous aurons tous failli à notre mission en tant qu’africains, en tant qu’humains, celle de rendre notre Afrique, notre monde dans un meilleur état que nous l’avons trouvé.

 

Et pour le Congo spécialement tu nourris quel rêve? Une adresse mail pour lire tes publications et/ou acquérir tes livres.

Merci pour ce riche et bon entretien.

 

Florian Amaru Kemite

J’aimerais que le congolais ouvre les yeux sur ce qui se passe, et qu’il réalise que la situation est alarmante, qu’il est impératif de changer la direction de ce géant pays. Le changement du Congo permettra le changement dans beaucoup de pays africains, le Congo est le cœur du continent, et je rêve que le Congolais puisse guérir le cœur de l’Afrique de ses si faibles battements.

Mon adresse e-mail est flo.amaruk@gmail.com

C’est plutôt toi que je remercie.

 


Pour que l’Afrique renaisse, son peuple doit être libre : vœu de Barack Nyare Mba, Mondoblogeur. Interview exclusive

Barack Nyare Mba
Barack Nyare Mba

« Le Gabon a réussi sur le plan de l’unité nationale. C’est un réel acquis pour notre génération. De 60 à 90 il a été très prospère, après tous les secteurs vitaux ont été sacrifiés au profit de la politique. En plus de cet aspect, il n’y a jamais eu d’alternance politique au Gabon, ceux qui sont au pouvoir y sont depuis 45 ans …  En somme le peuple gabonais est entre le marteau et l’enclume. Heureusement qu’il est un métal que la majorité et l’opposition forgent sans le savoir. Un jour le peuple se lèvera pour demander le changement » B. Mba

Dans la vie il est de ces jours où tu tombes sur des créatures exceptionnelles qui te donnent du tonus, de l’inspiration, du souffle nouveau pour persévérer et tenir les coups en dépit d’incessants soucis quotidiens.

La magie des nouvelles technologies aidant, je suis tombée sur un jeune Africain, une perle et un frère gabonais très engagé dans le changement positif de son pays.

Universitaire de son état, activiste panafricain et passionné par la lecture et le football, Barack Nyare Mba, parce que c’est de lui qu’il s’agit, a une plume très fascinante (je vous recommande de visiter son Blog Esprit Africain utilisant le réseau Mondoblog), au travers de laquelle, il dénonce les tares de la gouvernance gabonaise, interpelle les jeunes et éveille la conscience de citoyens tant gabonais qu’africains. Dernièrement, il a accepté de nous accorder une interview exclusive sur son pays, le Gabon, merveille d’Afrique centrale et sur le Congo en passant, dont le contenu très riche est repris ci-dessous. Quel honneur et quel plaisir pour moi d’avoir rencontré cet homme plein d’ambition, de créativité et de valeurs.

Chantal Faida (Ch.F) : Bonjour Barack. C’est ton surnom (Barack) ou ton nom d’enfance tout simplement ?

 

Barack Nyare Mba (B. Mba) : Bonjour, Barack est mon pseudo emprunté a Barack Obama.

 

Ch.F : Barack Obama est donc ton modèle, ton repère, ton mentor, ton idole, pourquoi ?

 

B.Mba : Il représente l’espoir du peuple noir. Il m’a fait comprendre à travers son message que l’espoir est permis à ceux qui y croient, c’est pourquoi j’ai décidé d’emprunter son prénom. En plus ma fille se prénomme Sacha comme celle de B.Obama. Et elle est née le 7 novembre, 3 jours après sa première élection, le 4 novembre 2008.

 

Ch.F : Un destin, on dirait. On aimerait savoir qui est B. Nyare Mba

 

B.Mba : Barack Nyare Mba est un jeune étudiant africain qui étudie au Sénégal en 5e année audit et contrôle de gestion. Gabonais d’origine et fervent militant du panafricanisme. Blogueur activiste pour la démocratie et les libertés au Gabon et sur le continent. La renaissance africaine est l’objectif de ma lutte.

 

Ch.F : Un Africain hors pair je vois. A part le Gabon où tu es né, et le Sénégal où tu étudies, as-tu déjà visité d’autres pays africains ?

 

B.Mba : J’ai été au Ghana pendant un an et demi en jusqu’en 2008. J’ai vu là-bas ce qu’était le panafricanisme, c’était extraordinaire. J’ai été à Cape Coast au sud du Ghana, une ville où étaient les esclaves noirs, nos frères, sœurs, mères et pères. J’ai aussi été au Togo. J’ai visité Kara, la deuxième ville du pays. Une ville pleine d’histoire. Maintenant, je prévois d’aller en Ethiopie, en Egypte, en RDC et au pays de Mandela, en RSA.

 

Ch.F : Peux-tu nous donner une image du Gabon qui réussit depuis les indépendances africaines ?

 

B.Mba : Le Gabon a réussi sur le plan de l’unité nationale. C’est un réel acquis pour notre génération. Ce point est essentiel si nous voulons changer ce pays. Ensuite la scolarisation, 95 % des enfants sont scolarisés, mais pas dans des meilleures conditions. Effectifs pléthoriques, grèves multiples … A part ça, pas grand-chose, selon moi. Il faut savoir que le Gabon a été très prospère des  années 1960 aux années 1990. Depuis lors, tous les secteurs ont été sacrifiés au profit de la politique. Résultat, ces domaines ont stagné ou ne connaissent plus d’améliorations.

Ch.F : Une politique obsolète est observée depuis les années 90,  qu’elle serait l’origine de cette situation ?

 

B.Mba : Le système actuel est grippé et dépassé. Il ne correspond plus aux besoins des populations. Il y a une déconnexion entre l’Etat et le peuple, la politique politicienne est le maître absolu au Gabon. Les dirigeants font plus de politique qu’autre chose. En plus de cet aspect, il n’y a jamais eu d’alternance politique au Gabon, ceux qui sont au pouvoir y sont depuis 45 ans, les projets politiques sont les mêmes et la pratique du pouvoir est également la même c’est-à-dire la corruption, les passe-droits, l’injustice. L’impunité est également une coutume gabonaise, c’est pourquoi la plupart des projets n’aboutissent jamais parce que les responsables de projets détournent les fonds alloués à leurs profits sans impunités. Un vrai cancer.

 

Ch.F :45 ans de pouvoir sans partage ? Que font l’opposition et les forces vives, les syndicats, les jeunes du Gabon ? La responsabilité n’est-elle pas partagée entre d’un côté le politique et de l’autre les forces vives qui sont en pleine léthargie. . Les élections organisées c’est donc de la poudre aux yeux?

 

B.Mba : La société civile et les partis politiques doivent jouer leurs rôles et ils essaient un tant soit peu de le faire. Le régime est tellement enraciné et puissant qu’il est difficile pour les ONG (Organisations non gouvernementales) de faire comprendre au pouvoir la nécessité d’améliorer certaines choses. L’opposition est moribonde, ce sont des anciens hiérarchiques du parti au pouvoir qui ont fait dissidence. Ces opposants s’organisent mal, s’attardent sur les futilités, une opposition de façade qui n’inspire rien. En somme le peuple gabonais est entre le marteau et l’enclume. Heureusement qu’il est un métal que la majorité et l’opposition forgent sans le savoir. Un jour le peuple se lèvera pour demander le changement. Les élections ne reflètent plus la volonté du peuple. Le Parlement n’est pas celui qui représente le peuple, mais le parti au pouvoir.

 

 Ch.F : Au finish quelle est la panacée ? Et quelle est ta vision à toi de l’Afrique qui change, du Gabon qui prospère et du Congo qui se relève?
B.Mba : Pour finir, il faut savoir que l’origine du problème est le régime. Il faudrait une autre manière plus démocratique de gérer et une meilleure répartition des richesses si on veut que le Gabon soit prospère. En ce qui concerne le Congo, je pense que les souffrances ont trop duré, il est temps que les Congolais se parlent pour faire la paix. J’espère que ce jour viendra très vite, il y va de l’intérêt du peuple congolais. L’Afrique doit renaître. Pour cela il faudrait que son peuple soit libre.

 

Ch.F : Merci Barack Nyare Mba pour cette riche interview.

 

B.Mba : De rien, c’est moi qui te remercie Chantal.