Chantal Faida

Histoire Ebola ; Et si l’Afrique disparaissait ?

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Solidarité internationale, où te caches-tu en ce moment crucial où l’Afrique te veux ardemment ?

« Si tu veux devenir un aigle ne traine pas avec des pintades » dit-on ! Merci mentor Obambe Mboundze Ngakoso pour cette révélation. Eh bien, même en rêve, je n’ai jamais imaginé un monde sans l’Afrique. Grâce à toi j’ai découvert ce séditieux auteur de Jacques Marseille qui a eu l’audace outrecuidante de dire que la disparition de l’Afrique ne changerait rien à la marche du monde. Nom de Dieu ! Je crois rêver. Ou soit le contexte dans lequel il a écrit ce texte justifierait le prétexte. Des questions taraudent mon esprit…

D’une main puissante,la maladie à virus Ebola frappe l’Afrique de l’ouest au centre en passant par l’Est. Monstre qui dévaste tout à son passage. Les chiffres vont croissant. Plus de quatre mille morts à ce jour ! Un millier de personnes infectées et affectées, la panique générale… L’avenir demeure incertain…

 S.O.S Afrique!!!

Maladie grave, incurable, inguérissable, mortelle, Ebola nous cherche noise. On n’a pas prévu un quelconque vaccin en RDC pourtant berceau de la dite pathologie, allégation non encore infirmée. Le pourquoi du comment, chacun jette la responsabilité à l’autre. Nous n’avons pas les moyens de notre politique, pourtant le soir à la télé on nous rabâche les oreilles que la croissance économique est en forte progression… TROUVEZ L’erreur…

Le seul instant où notre action est attendue, on ne sait marquer les esprits, oh ! Congo pitié.

Bon je ne cède pas à l’autoflagellation, car des vies humaines sont en danger. Le manque d’assistance des personnes en danger, crime infractionnel en droit international. Un reproche à la communauté internationale, citoyens du monde, ceci vous concerne. Comment comprendre que la majorité de patients de la fièvre EBOLA traitée en dehors de l’Afrique, guérisse et ceux soignés sur continent périsse avec une multitude qu’ils entraînent avec eux. INJUSTICE SANITAIRE A BAS.

Quoi qu’il en soit, l’Afrique ne disparaîtra. Sinon, donnez-nous le remède hic et nunc ! Shaloom

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L’insécurité le soir à Goma ? Pas que la faute aux militaires…

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Goma, vue sur le lac Kivu. Photos droits tiers

Être dehors à des heures avancées à Goma, dans l’est de la RDC, relève d’un exercice aussi risqué que périlleux depuis quelque temps. Les raisons de cette insécurité dans les lignes qui suivent.

Pillages, extorsions de biens, passages à tabac, voire tueries rythment les soirées noires de notre belle capitale du Nord-Kivu. L’époque où on se réfugiait auprès des services compétents en temps d’insécurité est morte de sa plus belle mort.

Le pire, c’est qu’il semblerait que nos propres forces de sécurité soient les coupables de ces actes. Leurs hommes se comportent en maîtres absolus parce qu’ils sont armés.

Des militaires et des policiers qui ne sont pas assez payés

En l’espace d’une semaine, trois personnes ont été retrouvées mortes. Les militaires loyalistes seraient coupables de ces meurtres à en croire Thomas d’Acquin Mwiti, président de la Société civile du Nord-Kivu, qui soupçonne une infiltration au sein de l’armée régulière et demande de toute urgence un assainissement.

Pourquoi de tels actes ? Peut-être à cause dufaible montant des soldes des militaires et des policiers qui s’en prennent alors à la population pour vivre, mais aussi, au niveau de la prévention, le manque de fourniture en électricité dans plusieurs quartiers de la ville. En somme, c’est un problème de gouvernance.

« Ils disent qu’ils ne peuvent pas manger une carte d’identité« 

Une victime rencontrée au bureau du commissariat du quartier Himbi – alors qu’elle portait plainte – délivre un témoignage percutant : « Toutes les fois quand je circule la nuit, dès que croise un militaire, une peur mêlée d’inquiétude me hante automatiquement. Tout ce qu’ils m’exigent, je leur donne sans hésiter. Mais ils disent qu’ils ne peuvent pas manger une carte d’identité. Cigarettes, café, crédits de téléphone et motivation patriotique aident à augmenter leur compassion. »

« Mais un simple refus d’obtempérer,et les conséquences sont lourdes avec le risque de perdre sa vie pour un simple téléphone. Quand on paupérise toute une armée, c’est la population qui en pâtit », ajoute-t-il. 

 Depuis la capitulation du mouvement rebelle M23, Goma était pourtant devenue un havre de paix.

Cet article a d’abord été publié sur le site de la RNW


Espèce de dignes citoyens !!! Histoire de la Lucha

Photo @luchaRDC
Photo @luchaRDC

On ne le dira jamais assez, le Congo changera quand les congolaises et congolais prendront leur destin en main et décideront du sort de leur avenir. Le maître mot ; Changement !

On a beau critiquer la gouvernance mais rien n’a changé au pays de Lumumba. Il est plus que temps le citoyen congolais changer son fusil d’épaule, qu’il laisse parler ses ACTIONS.  

La paix n’est pas qu’une belle idée. C’est une sérénité morale, une quiétude sans failles, une tranquillité incontestée, une pensée constructive, une action efficace entreprise, un rêve …

21 septembre 2014, il est 12h45, le soleil est très fort. Sous l’ombre d’un avocatier à Goma, notre belle capitale, de retour de l’Eglise, je me remets à dévorer ce livre poignant du camerounais Achille Membe, « Sortir de la grande nuit, essai sur l’Afrique décolonisée », quand tout d’un coup, mon téléphone sonne ;

–          Allô ch.f

–          Oui, allô ma copine, Ca va ?

–          Non ca ne vas pas,

–          Qu’y a-t-il ?

–          Ils sont aux arrêts,

–          Oh non ! Qui es ce et pour quelle cause ?

–          John Anipenda, Simon Mukenge, et Justin Kikandi de la lucha ! Ils ont choisi de célébrer la journée de la paix sous le signe d’un hommage rendu aux dignes soldats, officiers supérieurs Bahuma et Mamadou tombeurs du mouvement rebelle M23 en 2013. En l’espace de 8 mois, ces deux figures de proue de l’armée sont morts dans des circonstances jamais élucidées, une situation qui frise la trahison … Au travers de messages mobilisateurs, exhibés au lieu où se tient le « concert de la paix » avec la star afro-américaine Akon, les services de sécurité sont intervenus pour interpeller ces jeunes intrépides et là ils viennent d’être acheminés au commissariat de la police de renseignement. Il y a urgence, il faut agir …

Gouvernants, gouvernés tous ont un rôle à jouer pour faire bouger les lignes. A Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, ce groupe de jeunes indignés, révoltés a compris cela et tente depuis mars 2012 à agir positivement dans la non violence pour revendiquer un Congo digne et puissant ; Congo nouveau, locomotive de l’Afrique émergente. Mais à quel prix ?

J’ai eu la chance de participer à l’audition des camarades militants de la lucha au bureau de la police. Dans une salle à peine éclairée, l’officier de police judiciaire (OPJ), Mutombo André (nom d’emprunt) était serein et imperturbable. Trouvez ici le condensé enjolivé de la conversation.

OPJ : Qui êtes vous ? Où étiez-vous lors de votre interpellation par nos services de renseignement ?

Luchéens : Ni otages du passé. Ni esclaves du présent. Ni mendiants de notre avenir !  Nous sommes avant tout un esprit, une foi. La lucha ! la Lutte pour le changement. Nous militons pour la justice sociale et la dignité humaine. Nous avons estimé qu’en ce jour mémorable de la paix, il était judicieux de rendre un hommage mérité aux héros de la République qui ont combattu jusqu’au sacrifice suprême pour un Congo stable et apaisé après deux  décennies de guerre. Le lieutenant général Bahuma Ambamba et le général Mamadou Ndala. Le Congo de nos rêves. Danser, chanter, fêter la paix alors qu’en réalité l’insécurité se vit avec acuité dans plusieurs parties du pays est absurde.

OPJ : Réponses furtives ! Que les choses soient claires, nous sommes devant les instances judiciaires de la république. Point n’est besoin de considérer ce lieu en une salle de théâtre. Lucha QUID ? Qui est votre patron.

Luchéens : Nous sommes le changement que le Congo attend. Partout où la déraison a abondé, il convient que la raison surabonde. Tenez par exemple, précise un militant « J’ai 27 ans, et depuis que je suis né, je ne sais pas à quoi ressemble la paix. Tout ceci est révoltant sans qu’on ne se fasse manipuler par qui que ce soit. Nous sommes un mouvement civique non violent mais actif. Une lutte noble.

OPJ : D’où tirez-vous cette légitimité de lutter pour l’ensemble de la population ? Quels documents détenez-vous ?

Luchéens : La rage naît pour faire cesser un scandale. Surtout dans un pays où l’on meurt de soif au bord de l’eau, où l’on crève de misère dans une nature fertile et où l’on crie à la pauvreté à côté des montagnes d’or, de diamants, de cuivre ou de coltan, écrivait M. Séguier dans Révoltes constructrices pour le Congo.  Chez nous à Goma, depuis belle lurette, la population n’a pas de sécurité, de justice, d’eau, d’électricité, d’emploi, de routes et ce en dépit de multiples impôts et taxes versés au trésor public. Rester indifférent face à cela revient à être complice car dit-on quand l’injustice est la règle, la résistance devient une loi. Pas besoin d’être légalisé pour un mouvement qui se veut un groupe de pression, c’est constitutionnel.

OPJ : Croyiez-vous que les services de sécurité n’étaient pas en droit de vous interpeller pour éviter un incident en ce jour où tout Goma vibre au rythme de la fête de la paix ?

Luchéens : « Si nous étions à 500 jeunes ou 1.000 jeunes, pareilles interventions de la police n’allaient pas advenir. Néanmoins, il vaut mieux manifester à 30, 40, 50 engagés pour un idéal commun que 200 ou 600 sans vision commune. L’Etat brille par son absence quand il faut accomplir ses devoirs mais quand il faut réprimer les manifestants non violents, il est présent avec une artillerie lourde, un peu comme utiliser une bombe pour tuer un moustique au lieu de consacrer ces moyens à la défense de l’intégrité territoriale. Pathétique pour un pays qui se veut démocratique.

Prison, coups et blessures, moqueries, extorsions des biens, appareils photo, caméra, méfiance et indifférence des décideurs sont là les réactions qui forgent et édifient la plupart d’entre nous. Un militant de marteler, je dois donner tout ce qui est à mon pouvoir pour ce pays dont j’ai la nationalité. Le changement ne tombera pas du ciel. Nous sommes le changement que nous attendons. Il y a un prix à payer pour toute lutte vitale, le risque est inhérent à la vie de tout humain. Sans sacrifice pas de résultats probants…

La conversation s’est poursuivie jusqu’à ce qu’un coup de fil est intervenu pour; à notre grande surprise exiger qu’on libère ces jeunes qui n’ont violé aucune loi du pays. La mobilisation sur les réseaux sociaux, @luchaRDC, l’implication des personnalités intègres et le lobbying des defenseurs des droits de l’homme ont beaucoup aidé. En toute fierté, ils ont recouvré la liberté.

Conscientisation, organisation, mobilisation sont là les stratégies mises en place au sein de la Lucha pour changer l’ensemble de la RDC.

Dignes citoyens, Debout !!!

Un dimanche exceptionnel, une page de l’histoire s’est ouverte dans les annales de la RD Congo…

Photo @luchaRDC
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Photo @luchaRDC 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Repenser l’accès au crédit pour sauver l’économie congolaise.

Francs congolais
Francs congolais

 

On ne le dira jamais assez : l’économie congolaise contraste avec son potentiel humain et naturel.

Alors que la situation admissible est en moyenne de quinze semaines d’importations (pour parler croissance et/ou développement d’un pays), les réserves congolaises, elles, avoisinent deux milliards de dollars américains soient neuf semaines d’importations, à en croire Déogratias Mutombo, gouverneur de la Banque Centrale du Congo.  L’inclusion financière de la population congolaise, quant à elle,  est estimée à 5 % en 2013 avec la bancarisation des fonctionnaires publics. Telle une agence des banques occidentales, les dix-huit banques implantées au Congo représentent seulement quatre milliards de dollars américains. Une photographie qui dévoile la santé précaire du système financier congolais. Pour y remédier, à notre humble avis, il n’y a qu’un seul remède : repenser le crédit en RDC.

La demande est de loin supérieure à l’offre

En économie on dit souvent que « La finance est pour un pays, ce qu’est le sang pour le corps humain ». Ceci pour signifier que sans endettement, on ne peut imaginer la croissance ou le développement.

« Comment admettre qu’ailleurs on applique du 09%, 6% voire 4% sur le long terme, en RDCongo les taux d’emprunt sont non seulement exorbitants mais également remboursables à très court terme. 36%, 24% et 16% sur un, deux voire trois ans seulement. Plus qu’un blocage, c’est du verrou et du calage », s’emporte BONDO Shabani, jeune entrepreneur à Goma, au cours d’un débat sur le sujet.

Du côté des banquiers RDcongolais, le problème est ailleurs. L’inclusion financière est quasi inexistante.

 « Où tirer l’argent à prêter si les gens n’épargnent pas ? L’Epargne est rare. Le crédit aux PMEs et grandes entreprises est quasi insuffisant à cause du manque de liquidité.  Nous ne recevons pas assez de dépôts pour prétendre gérer le risque prudentiel en octroyant des crédits vaille que vaille. Nous nous devons de protéger la fortune du petit nombre de nos clients ».  Propos de Losembe Michel, président de l’Association Congolaise des banques au cours d’une interview parue, dans le magazine congolais Impact N°5  du mois de mai, pp30-33. 

Les banques RD Congolaises ont l’aversion au risque

 Ilunga, analyste économique pense que les banques RD Congolaises ne veulent pas prendre de risque. « Aucune banque ne finance des projets. Elles se limitent à financer le fonds de roulement des entreprises qui existent déjà sans se demander comment elles ont fait pour atteindre ce cap. C’est une attitude qui frise la peur au risque, facteur favorisant l’enrichissement des riches ».

 En RD Congo, le proverbe « On ne prête qu’aux riches » semble trouver son champ d’application.

Face à cette attitude d’austérité, d’inflexibilité et de rigidité des institutions financières d’octroyer des crédits, l’impression ressentie au sein de la population est que la banque est faite pour les nantis, les grandes entreprises.Cette impression fait naitre en elle un sentiment d’exclusion des faibles économiquement. En réaction, la population thésaurise l’argent en le gardant sous le matelas. Une vérité semble être oubliée en RDCongo : c’est l’ensemble des épargnants d’une nation qui constitue un bon portefeuille crédit des institutions financières et non les dépôts d’une infime partie de cette population ; grands investisseurs soient-ils.

 Mesures à prendre par les pouvoirs publics pour sauver la finance RD Congolaise.

Nombre de RD Congolais évoluent dans l’informel pour de raisons multiples : Climat des affaires malsain, fiscalité  à outrance ou surtaxation, justice inique, instabilité et insécurité permanente.

Vendeuse dans le secteur informel. Photos droits tiers

Vendeuse dans le secteur informel. Photos droits tiers

Pour vivre heureux, dit-Jean Pierre Florian, vivons caché. Il vaut mieux pour un investisseur démarrer ses affaires loin des caméras que de faire des tapages publicitaires. Ceci en vue d’échapper à une multitude de taxes et redevances sans contrepartie équivalente. Oubliant que ceci leur bloquent les portes de la croissance. « Je refuse de payer la taxe d’entretien routier car j’exerce mes activités sur le lac » ainsi déclarait un armateur, propriétaire d’un bateau transportant les personnes et les biens sur le lac Kivu. Trop d’impôts tuent l’impôt en RDC.

Travailler dans l’informel paie, mais est-ce qu’on s’épanoui financièrement ? Cette manière de faire pensons-nous, a une lourde conséquence :le Blocage financier. Les banques n’ouvrent leurs portes de crédit qu’aux clients en règle avec la loi.

 Ici, l’Etat a le devoir d’instaurer un bon climat des affaires qui mettra en confiance les investisseurs et les banques en réduisant la tendance vers l’informel ce qui pourra accroître la production locale, qui également générera l’épargne. Car n’épargne pas qui veut, mais qui peut.

 Qui dit liquidités, dit devises, ce qui sous-entend rapatriement des fonds tirés des exportations. Or, il n’est un secret pour personne, que l’économie RD Congolaise est extravertie : le pays importe beaucoup plus qu’il n’exporte. En dépit d’abondantes ressources de son sol et sous-sol. Les conflits, guerres et autres tensions qui minent le Congo sont à l’aune du statuquo dans le secteur de production locale à grande échelle.

La Banque centrale du Congo en agissant sur le taux directeur pourrait exercer une pression suffisante à la baisse du taux d’intérêt des banques commerciales…  l’intégration financière reste à n’en point douter un gage de développement économique, Pense Laurent Essolomwa, économiste congolais de rénom. 

Le crédit crée la richesse…

Le système bancaire doit être restructuré pour créer la richesse en RD Congo en vue du bien être de toute la population, de la réduction de la pauvreté et de la résorption du chômage.

J’ai dit !


Ce que la Constitution congolaise pense de sa révision

Photo, droits tiers. Policiers congolais réprimant des manifestants ç mains nues pour les droits de l'homme à Kinshasa. Violation grave, choc énorme
Photo, droits tiers. Policiers congolais réprimant des manifestants non violents dans les rues kinoises protestant contre les révisions constitutionnelles. Un choc énorme.

En République démocratique du Congo (RDC), il ne se passe pas un jour sans qu’on entende parler de révision constitutionnelle. Et dans toutes les couches de la société, des gens crient : « touche pas à ma constitution ». Kongo Yetu a interrogé directement la concernée.

Kongo Yetu: Constitution, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Constitution : Je suis une loi fondamentale qui régit l’ensemble des rapports entre gouvernants et gouvernés au sein de l’État. Je protège les droits et libertés des citoyens contre les abus de pouvoir de la part des titulaires des pouvoirs (article 11). Je suis née en Occident, mais étant donné que les Congolais croient que seuls les autres sont meilleurs, on m’a déportée en terre de Lumumba sans modifier grand-chose dans mon fond. Juste la forme a été retouchée. C’est ainsi que grâce à moi, vous êtes passés de la monarchie à la démocratie sans aucune maîtrise de son essence. Désormais, vous confondez souveraineté et coopération, république et royaume, citoyens et sujets, biens publics et biens privés, etc. Un étonnant cocktail. Je stipule que tout pouvoir émane du peuple, auquel appartient la souveraineté nationale (article 5). J’ai envie de dire, au regard de tout ce qui se passe dans votre pays, que je ne suis pas dans ma peau.

Si vous n’êtes pas dans votre peau chez nous, quel est votre fondement ? Pensez-vous vraiment que nous ayons besoin de vous ? Tout ce qui nous tient à cœur, c’est notre quiétude…

Sans vous couper la parole, je vous signale que vos propos argumentent plausiblement ce que je suis ailleurs qu’en RDC. Je suis le symbole du maintien de l’équilibre social, le berceau des valeurs nationales et le guide des actions gouvernementales pour le bien-être de tous, sans distinction d’âge, de tribu, de sexe, d’appartenance politique ou de religion (article 14). Je suis incontournable pour la stabilité de votre pays. Je vous rappelle que mon objectif premier dans votre pays qui a vécu deux décennies de crises de légitimité chroniques, était la mise en place d’un nouvel ordre politique par l’organisation d’élections libres, pluralistes, démocratiques, transparentes et crédibles par le peuple, pour le peuple et avec le peuple, et ce, via la loi référendaire de 2005.

C’est très impressionnant cette matière que vous renfermez. Mais il semble que le régime en place a l’intention de changer votre teint. Du clair au sombre. Qu’en dites-vous ?

Non seulement je suis contre, mais je dénonce la violation dont je suis victime depuis près de 13 ans en RDC. En vue de la consolidation de l’unité nationale d’une part, et d’autre part dans le but de créer des centres d’impulsion et de développement à la base, une partie de mon corps dit clairement que l’État congolais sera structuré en 25 nouvelles provinces dotées d’une personnalité juridique et exerçant des compétences de proximité (article 2). En sus de ces compétences, les provinces en exercent d’autres concurremment avec le pouvoir central et se partagent les recettes nationales avec ce dernier respectivement à raison de 40 et de 60 % (exposé des motifs). Mais de tout ceci, rien n’est mis en œuvre. Qu’on me coupe la main si je mens.

Très ambitieux comme programme, n’est-ce pas là un leitmotiv qui sous-tend le régime à faire quelques retouches à certaines parties de votre corps pour le bien être de la population ? Voyez la misère indicible, l’insécurité, les crimes abjects, la déperdition scolaire… Bref, les moyens manquent à la République pour la matérialisation de tous vos desseins.

La richesse première de toute nation, c’est sa population. Vouloir c’est pouvoir. L’exercice des libertés (article 23, 33, 24, 25, 26). Avec tant de ressources dont regorge votre sol (article 9), il est inadmissible de vivre tout ce que vous vivez. Juste un peu de tact de la part de vos décideurs et du courage de la part des chefs du peuple, et c’est parti. Je ne veux pas qu’on modifie mon teint clair. Surtout quand on exhibe l’intérêt privé et personnel au détriment de l’intérêt général.

Pour un fonctionnement harmonieux des institutions de l’État, l’on doit : éviter les conflits ; instaurer un État de droit ; contrer toute tentative de dérive dictatoriale ; garantir la bonne gouvernance ; lutter contre l’impunité ; assurer l’alternance démocratique (article 220). C’est pourquoi, non seulement le mandat du président de la République n’est renouvelable qu’une seule fois, mais aussi, il exerce ses prérogatives de garant de la Constitution, de l’indépendance nationale, de l’intégrité territoriale, de la souveraineté nationale, du respect des accords et traités internationaux ainsi que celles de régulateur et d’arbitre du fonctionnement normal des institutions de la République avec l’implication du gouvernement sous le contrôle du Parlement (exposé des motifs).

Face à toutes ces tares que vous décriez si clairement, quelle proposition faites-vous pour que cessent ces violations et que soit restaurée à jamais votre dignité pour le bonheur de tous ?

Un engagement, une implication et une mobilisation de toute la population pour faire échec à toute tentative de ma modification. Prenez votre destin en main. Le bonheur d’un peuple ne se marchande pas entre politiques mais il se construit avec le concours de toutes les forces vives. J’en ai marre d’être opérée pour des pathologies montées de toute pièce. Ces révisions intempestives et abrutissantes me font râler. Si vous n’y prenez pas garde, la RDC va sombrer dans une situation plus catastrophique encore que celle d’aujourd’hui. Il n y a pas honte d’avoir peur. Vous pouvez vaincre vos peurs et en faire vos forces.

Publié précedemment sur le site de la RNW, https://www.rnw.nl/afrique/article/ce-que-la-constitution-congolaise-pense-de-sa-r%C3%A9vision


Festival international du film à Goma : l’art, une arme de résistance

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 « Rien n’est plus puissant qu’une idée dont le temps est venu » Victor Hugo.

Fidèle à sa tradition, Salaam Kivu International Film Festival, Skiff ce rendez-vous international du film se vit avec beaucoup d’enthousiasme et d’engagement dans sa neuvième édition à Goma, notre belle capitale.

L’idée émane du centre culturel Yolé Africa, cette excellente école d’art au Congo. Réalisateurs de films, nominés au Festival de Cannes (Mathieu Roy), chanteur compositeurs célèbres, danseurs talentueux, designers, modélistes célèbres, soleils inconnus locaux tous se réunissent au tour d’un thème pour faire un point sur l’apport de l’art dans la construction de la paix, la quête de la justice et de la stabilité pour un Congo fort et prospère. 

Un thème interpellateur, « Tuta jenga ao » (« Allons-nous construire ou bien ? », en swahili). Le fond, c’est d’interroger tout un chacun de citoyen congolais sur sa participation dans la construction de la paix après des longues décennies de guerres, nous confie un festivalier ému par la prestation des danseurs locaux et l’animation qui accompagne l’ouverture officielle du Skiff, le 4 juillet dernier dans le merveilleux cadre de Cap Kivu Hôtel, au bord du majestueux Lac Kivu.

Nous avons déjà la culture et l’art, construisons notre propre paix…  lance Petna Ndaliko, directeur de Yolé Africa à cette même occasion.

La parole libérée

A 18 heures GO ! L’ambiance démarre par les prestations des meilleurs danseurs locaux : groupes Rhinna Crew, Magic Dance, Street Dancers. Après, place au concours de films de court métrage. Des jeunes réalisateurs locaux très doués. Expression of my Anger, du jeune talent Kahashi Ali, Faradja de TD Muhindo et Scenario de Abraham Bahakomerwa. Le tournage de ces films révélateurs a eu lieu à Goma et parle de la vie de la population de Goma. Peurs, incertitudes, espoirs, guerre… Que choisir ? La paix comme mode de vie, l’art comme moyen de résistance, c’est possible. 

Sans transition, le grand moment de la soirée, la projection de la vidéo inédite « Happy from Goma » du réalisateur Kelvin Batumike ».  Montrer une image de Goma qui réussit, tel était l’objectif du réalisateur à la conception.

Au finish, un défilé de mode à l’africaine; œuvre du plus grand styliste américain d’origine congolaise, Eric Ndelo. Mapendo Kivu Nuru et Mama Africa ont contribué à ce moment phare du festival qui a galvanisé le public.

Concerts musicaux, concours de danse, conférences débats, projections sont au programme durant toute la semaine du Skiff jusqu’au 13 juillet 2014. Peuple de Goma et d’ailleurs, le festival du film est ouvert pour vous, soyons tous là pour encourager nos artistes et profiter des bienfaits de l’art « résistant » pour changer le cours des choses à tous les niveaux.

L’art sauve l’âme en peine. Quand on a vécu un passé douloureux, et qu’on vit un présent incertain, on ne peut que vouloir un avenir glorieux.

VIVE LE CONGO, VIVE YOLE AFRICA !

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Lettre au Roi du Congo

Congo, coeur d'Afrique et terre d'avenir
Congo, coeur d’Afrique et terre d’avenir

Offre d’emploi dans la cour royale

Ô Roi ! Votre honneur ! Votre majesté ! Bonjour,

Cette adresse vous est destinée directement car j’y attache une grande importance. Des jours se sont écoulés, des mois sont passés et des années sans que personne ne réponde à votre demande. Cette offre dans laquelle vous dites: «J’ai besoin de quinze Hommes pour mener à bon port la destinée de mon royaume, le Congo». Je dois dire que cela m’a profondément touchée. Je me résous de postuler à cette vacance qui visiblement est à l’aune de tous les maux qui saignent cet immense et riche royaume au cœur de l’Afrique.

Qui suis-je d’abord ? Il me semble que cela importe peu à vos yeux. Par contre, vous avez besoin de savoir ce que je suis à même de faire, d’innovant, d’exceptionnel dans votre grande cour royale, que vous dirigez de mains de maître pour le bonheur de tous vos sujets ; ou faisons usage de la modestie, de tous vos administrés.

Comme tout sujet soucieux de l’essor de son royaume, j’ambitionne ce poste pour des visées multiples. Je vous facilite la tâche avec deux d’entre elles qui me paraissent fondamentales.

La première : je me sentirais à l’aise dans mon rôle de chantre de vos exploits. Majesté trois fois, Sage dix fois, et Souverain mille fois. Vous avez remporté la grande bataille contre les horribles invasions d’empires voisins, gloire et honneur vous soient rendus. Par la même occasion vous avez décidé d’oublier les crimes odieux et souffrances atroces qu’ils nous ont infligées en les amnistiant sans la moindre pudeur. Je chanterais ce mérite sur le toit du monde car vous êtes exceptionnels sur ce point précis.

Le Roi très proche des soucis du peuple, très attentif à leur desiderata et autoritaire quand il le faut. Qui ignore que vous êtes le seul à décider du sort et de la conduite de votre royaume. Vous avez beaucoup fait pour ce grand royaume qu’est le Congo. Une autoroute sans pareille a été construite dans le chef lieu et certains sujets se complaisent à y marcher pieds nus vu la complexité de sa beauté et de sa taille. Les «chauffards», apprentis conducteurs s’adonnent à y rouler à tombeau ouvert, par voie de conséquence, cognent en toute impunité les pauvres femmes, vieux, enfants qui tentent de traverser sous les regards moins attentionnés de vos gardes de circulation routière ou feux. Hélas, personne n’a été formé quant à son fonctionnement – et qui pis est, même les bourgeois brûlent ces feux car disent-ils, nous sommes au Congo, la justice est injuste et inique. Le Roi, c’est mon pote. Dans tout le Royaume, sauf bien évidemment dans la cour, – et c’est le terreau de mon offre, je tiens à tout prix à quitter ce fossé, ce gouffre, cette précarité pour vivre normalement. Moi j’ai pris soin de vous écrire et vous allez, au regard de ce que je ferais pour vous, accepter ma candidature sans vous faire prier.

Vos sujets assouvissent leur soif de manière naturelle auprès des cours d’eaux les entourant, lac, rivière et fleuve, rivière et ce au péril de leurs vies. Pourquoi leur aménager des points d’eau potable ou leur faire parvenir l’eau potable dans leurs maisonnées? Le peuple docile du Royaume doit être misérable me dit-on! Ils risquent de se prendre pour des privilégiés ou proches du roi. Sur ce point je leur dirais en plus, cherchez avant tout à entrer dans la cour des grands – entendez bourgeois. Dans le jargon actuel cela veut dire, devenez: ministre, colonel, sœur du Roi (même par procuration), ou très incroyable, le pasteur de la mère du roi, sacrée fonction- pour jouir des merveilles de la terre. Eau, électricité, bonne santé, éducation à la pointe, infrastructures exceptionnelles et emploi décent. Ce n’est pas vous qui allait changer la nature. Les cinq doigts de la main sont différents et donc il y aura toujours sur cette terre des riches et des pauvres. Bref sur ce point crucial de la quête du bien être des administrés, je leur dirais qu’il faut poser le problème à qui de droit! La communauté internationale!

Je leur dirais qu’être Roi est très compliqué et complexe à la fois. Il y a beaucoup de problèmes à résoudre se rapportant à la souveraineté et la protection de la famille et des amis du roi. En bon manager, vous avez décidé de diviser le travail. Honneur militaire, gloire du peuple, impôts, taxes etc., vous reviennent de facto. Tout ce qui touche au bien être du peuple; défense, droits, santé, énergie, alimentation, routes, ponts, rails et même diplomatie, bref vos anciennes missions régaliennes, modernité oblige, sont gérées par la communauté internationale. Oups ! Je voulais désigner les puissances extérieures!!! En plus, vous les avez à l’œil. Vous suivez tout et contrôlez ce qui se passe. Aucune incompétence et dérapage ne sont autorisés. Sinon ils plient bagages et renvoyés chez eux comme l’a fait l’un des royaumes voisins du Congo qui a expulsé sans ménagement les employés d’un organe de cette communauté internationale. Belle expérience et leçon qui prouve que les rois ne tolèrent pas ceux qui se mettent en travers de leur succès et mode de gestion. Dans ce royaume voisin, chaque semaine, un diplomate est expulsé. Pudiquement je dirais, chaque semaine un diplomate s’en va.

Je m’étais tellement concentrée sur la première tâche combien importante de chanter vos louanges que j’ai failli oublier de vous parler de ma deuxième mission. Je serais commis à la sous-traitance  de la communauté internationale afin de prévenir et éviter l’immixtion dans les affaires de la cour. Depuis votre avènement à la tête du Royaume, en succédant à votre père sur le trône, les anniversaires de sa mort se succèdent sans que vous soyez présents à toutes ces commémorations. A certaines, vous avez du mal à vous dégager de vos occupations plus importantes que sa mémoire. A la mort du grand roi que vous avez succédé, les bonnes volontés ont afflué de partout pour aider votre royaume qui se mourrait à petit feu. Les «élections libres, démocratiques et transparentes», limon fertile et incontestable qui a confirmé votre engagement sans faille à servir, Zut! Pardon j’ai failli dire que cela a confirmé votre engagement à vous servir du peuple pour leur bonheur. Ne sont-ils pas vos sujets? Ne pas reconnaître leurs efforts, relève de la mauvaise foi. Or un roi sage, fort, doux et extrêmement silencieux comme vous l’êtes parfaitement ne peut qu’avoir la bonne foi. Et vous en faites preuve par votre mutisme royal. La mauvaise foi et autres antivaleurs c’est l’opposition! Le roi règne et l’opposition s’oppose, dirais-je.

Ma mission sera donc simple. Ceux qui ne vous reconnaissent pas, croient toujours à ce fameux adage; «la main qui donne est au-dessus de celle qui reçoit. C’est vraiment pathétique s’ils n’ont pas compris votre slogan qui passe pourtant à longueur des journées, comme si les belles chroniques d’histoire du pays manquaient sur toutes les chaines nationales de votre obédience, la majorité d’ailleurs, soit carrément toutes. Vous y êtes dépeint comme le seul à détenir la connaissance et l’intelligence. Le plus jeune des rois d’Afrique. Un message vrai et utile au peuple ne peut qu’être diffusé par nous vos chantres. Oh pardon je n’en suis pas encore une, mais futur chantre de vos louanges. Je m’y vois déjà. Vu vos missions, vous n’avez pas le temps de communiquer, vous êtes très sage et doux. Et le pays va mieux qu’il y a dix ans! Mon œil! Il y a de plus en plus des débats sur vos prises de position. Ceux qui ne le voient pas n’ont qu’à vous suivre quand vous parlez comme vous parlez aussi souvent. L’opposition ferait mieux d’aller s’opposer ailleurs mais pas sur les antennes des médias que vous privez d’énergie et de signal à votre guise.

Je dois parler du slogan. Dans notre royaume, la main qui vous donne – merci c’est gentil – ne doit pas s’aviser à vous prodiguer des conseils sur la gestion orthodoxe de ladite aide. Ils devront se contenter de bouffer leurs salaires colossaux et primes de risques; le trois quart de l’aide apportée, un point c’est tout. Et le reste à la royauté. Normal d’ailleurs! La dernière rencontre que vous avez eue avec eux était très déterminante. Vous leur avez dit de ne pas rassembler vos détracteurs – à votre insu- très régulièrement en vue de traiter des sujets futiles et qui naturellement vous fâchent ardemment.

VOTRE CHAISE ROYALE! Majesté trois fois, Sage dix fois, et Souverain mille fois. Embauchez moi et vous verrez que plus personne ne parlera de ce sujet. Trop c’est trop. Où as-t-on vu un roi, à peine qu’il accède à son trône lui demander de préparer sa succession (le gars, prince  junior n’a que dix ans; il n’est pas encore majeur. Sa sœur est encore adolescente! C’est eux qui nous clament égalité des chances, parité, respect genre!) ou pire son remplacement? Des lois impossibles avec articles creux r respect de la démocratie, gouvernance, mandat, j’en oublie d’autres, sortent de je ne sais où. Je leur transmettrais votre vision sur cette question. Qu’il s’assure qu’après votre sortie au pouvoir, plus personne ne viendra évoquait le mot justice derrière votre dos. Et surtout qu’il vous trouve un autre et meilleur job. Je ne sais dire emploi!!! car je garde le secret, le mur ont des oreilles! Sénateur à vie! Personne ne remettra en cause vos compétences vu votre gestion du pays depuis plus de dix ans. Il n’y a pas meilleure coop, ni séhému (dossiers Pétrole, Mines, Bois…)comme c’est le cas actuellement.

Pitié! Qu’on vous laisse en paix s’ils n’ont pas trouvé autre chose à dire ou à faire à part s’occuper des soucis de vos administrés. Ce discours très net, vous tiendrez! Mon peuple restait calme, je suis le maître du royaume Congo!» Tant qu’ils ne se soulèveront pas; d’ailleurs pour leur information, l’instruction est tombée, la police et l’armée devront veiller à ce qu’aucun germe de révolution populaire ne pousse (les moyens sont mis à leurs dispositions, armes lourdes, chars, gaz lacrymogène etc.) d’où qu’il vienne et bien sûr détaler quand l’ennemi fait son entrée à l’est ou partout ailleurs. Comme ils le font ces vaillants hommes d’armes. Nos ennemis d’hier sont nos amis d’aujourd’hui. Comme on dit en politique, rien n’est figé. Les alliances se font et se défont. !!! Sacré roi!

Pour la justicte sociale, la dignité humaine et la paix véritable au royaume Congo, je lutte.

Depuis l’est du Royaume, une prolétaire.


RDC : le parc national des Virunga bientôt un site pétrolier ?

Buffles et éléphant dans le parc des Virunga, Nord-Kivu, 2004. Credit: droits tiers
Buffles et éléphant dans le parc des Virunga, Nord-Kivu, 2004. Credit photo : radio Okapi

Créé en 1925 et classé parmi les plus anciens parcs d’Afrique, le parc national des Virunga, situé dans les massifs montagneux de la province du Nord-Kivu, est une aire protégée de la République démocratique du Congo (RDC). Mais pour combien de temps encore ?

Lieu idéal de tourisme de par la complexité de son paysage, la diversité de sa faune, sa flore, les poissons du lac Édouard, cette immense réserve de gorilles, d’éléphants et d’hippopotames est aussi un site archéologique où l’on a découvert la première calculatrice du monde ! Le parc national des Virunda représente un vaste poumon d’oxygène nous protégeant contre le réchauffement climatique.

Entre l’or noir et l’économie verte, un choix difficile
L’Institut congolais pour la conservation de la nature, l’ICCN, est le gestionnaire des aires protégées en RDC qui s’emploie à réduire les risques multiples qui menacent le Parc national. Le braconnage, l’agriculture abusive, la pêche illicite et destructive dans le lac Édouard, la destruction des forêts par la carbonisation et la présence d’une dizaine de groupes armés sont déjà dans le collimateur de cet institut.

Mais à cela s’est encore ajoutée depuis 2010 une menace, et pas la moindre : la découverte du pétrole dans le bloc 5 du graben Albertine. La firme britannique SOCO International a obtenu du gouvernement congolais un permis d’exploration, ceci en attendant la phase d’exploitation proprement dite.

« Les poissons sentent le pétrole »
« Le parc national des Virunga, cette merveille du monde, est notre fierté, notre source de vie. Pour rien au monde, nous ne concéderons cette destruction de l’environnement à grande échelle. » Tels sont les propos de Raphaël Kasereka du SAP, le Syndicat Alliance Paysans. Visiblement mécontent, il témoigne : « J’ai visité un pétrolier au Congo, les poissons sentent le pétrole, les herbes sèchent et il fait très chaud là-bas. Une catastrophe environnementale sans précédent. Non à l’exploration du pétrole dans le parc national des Virunga. »

Contre le gré des riverains et de plusieurs ONG, l’ambiance sur les terrains est aux travaux préparatoires de la société SOCO, militarisée jusqu’aux dents pour éviter la colère des intrépides militants environnementaux. Les langues se délient pour condamner cette décision unilatérale du gouvernement congolais au regard des risques énormes encourus par la mise en œuvre de ce projet

Pas de consultation préalable à la base
Selon Kambale Kivukiro, pêcheur à Rutshuru, « il n’y a pas eu consultation à la base avant l’octroi de ce permis d’exploration. À-t-on évalué les incidences humaines et environnementales fâcheuses qui découleront de cette activité ? Les dividendes hors normes des activités industrielles ne doivent pas primer sur la vie de milliers de gens. »

Il ajoute qu’il y a un déséquilibre entre ce que la société SOCO promet de redistribuer à la base dans des projets communautaires chaque année, et ce que les pêcheurs exploitent annuellement : « 300 000 dollars US contre deux millions de dollars US de revenus de la pêche par an. Il y a anguille sous roche », a-t-il martelé.

Le réveil des Virunga, une vidéo produite par le parc national des Virunga

L’air pur que nous respirons n’a pas de prix
Interrogé sur l’apport de l’ICCN ainsi que de ses partenaires dans le développement socio-économique des populations riveraines du parc national des Virunga face à la menace imminente d’exploration du pétrole, le directeur provincial de l’ICCN au Nord-Kivu, Emmanuel Demeraude, répond sans ambages : « Je suis conscient que beaucoup reste à faire, mais à notre actif, on peut noter : la construction de neuf écoles, un centre de santé, une centrale hydroélectrique à Mutwanga, 20 km de pistes réhabilitées, une adduction d’eau à Rumangabo, un équipement de générateurs thermiques à Goma. Beaucoup d’autres grands projets de développement sont en attente d’exécution suite à l’instabilité récurrente du milieu. »

Abondant dans le même sens, le directeur général a.i. de l’ICCN, Comas Wilungula martèle : « Le parc national des Virunga est notre patrimoine. Notre mission est de faire respecter les lois du pays. S’assurer que toute activité se fait dans le respect de la législation congolaise. L’air pur que vous respirez n’a pas de prix. Vous avez des vies à protéger, en protégeant le Parc. »

Promesses alléchantes
Sur le terrain, on constate une forte résistance de la population quant à l’intrusion de ladite société pétrolière. Malgré des promesses alléchantes de développement du milieu environnant le parc et de création de milliers d’emplois, les habitants restent catégoriques. Un analyste indépendant rencontré à Goma nous a confié dans l’anonymat que la société SOCO soudoierait certains notables des milieux avoisinant le parc national pour s’assurer de leur sympathie en vue de la matérialisation de leur dessein. « Tout porte à croire que la bonne gouvernance des ressources naturelles fait défaut au Congo », ajoute-t-il.

Quel est l’objectif poursuivi par le gouvernement congolais dans la recherche de pétrole ? « Évaluer les potentialités de la RDC en ressources pétrolières sans porter préjudice à la nature », répond Crispin Atama Tabe, ministre congolais des Hydrocarbures en poste à Kinshasa. D’aucuns s’interrogent, dans le cas où l’exploration révèlerait une réserve immense de pétrole dans le parc. Quelle sera l’attitude du gouvernement qui clame haut et fort qu’il se limitera à l’évaluation des richesses de son sol et sous-sol ? Affaire à suivre…

Cet article a d’abord été publié sur le site de la RNW.

https://www.rnw.nl/afrique/article/rdc-le-parc-national-des-virunga-bient%C3%B4t-un-site-p%C3%A9trolier


Bloggin: ces moutons à plume!!!

 

MARINEFARGETTON
Credit image: MARINEFARGETTON

Chers lecteurs, certains parmi vous tiennent mordicus à découvrir la raison majeure de mon récent voyage en Côte d’Ivoire.  Cette excellente formation des blogueurs francophones de 26 pays qu’ a organisée le management de Mondoblog de RFI et à laquelle j’ai pris part avec beaucoup d’intérêt et d’enthousiasme. Comme ma chère tante Bulonza, vous avez besoin d’amples informations et renseignements sur ce que c’est le bloggin. « Ma fille, explique-moi très bien ce blog…truc-machin. Une formation en plus de ce que tu sais faire ? A ma connaissance, tu venais de terminer les cours au campus. » ainsi s’exprimait tante Bulonza, lors de mon retour d’Abidjan. 

Qui sont les blogueurs ? Quelle est leur vision? Pourquoi cette passion? 

Il n y a plus de doute, vous êtes excellents en recherche sur Wikipédia. Néanmoins, ensemble avec mon ami Jean Robert, Blog abcdetc nous avons trouvé une superbe formule pour vous décrire exactement ce que nous sommes. Le bloggin vu par les mondoblogueurs. Ce duo ou slam c’est selon; a été présenté lors de l’enregistrement de l’émission Atelier des médias de Ziad Maalouf, talentueux journaliste de RFI à l’espace Latrille devant le formidable public d’Abidjan.

NOUS SOMMES DES BLOGUEURS 

On nous appelle les moutons noirs. Des hors la loi du journalisme. Des exaltés, des excités, des énervés permanents ; Des agités.

Nous ne sommes pas des agités, nous sommes engagés.

Nous mettons notre énergie au service de la vérité. Une vérité toute nue qui ne s’habille pas pour paraître belle. Nous cherchons à voir et à dire les choses telles qu’elles sont, pas comme on nous les montre. Nous écrivons pour que le monde change. Nous écrivons pour changer le monde. Nous nous intéressons au monde dans sa diversité, dans toute sa richesse : du politique au football, de l’économie à la culture, de la science à la vie quotidienne.

On nous appelle les moutons noirs. Des hors la loi du journalisme. Des agités, des excités, des énervés permanents ; Des exaltés.

Nous ne sommes pas des exaltés mais des passionnés.

Les mots sont nos armes. Comme nos dessins, nos images, et nos sons. Si nous sommes des moutons, nous sommes des moutons à plumes. Une plume assoiffée de mots justes, de justesse comme de justice. Si nous sommes des hors la loi, c’est que notre loi est de dire tout haut ce que nous pensons.

On nous appelle les moutons noirs. Des hors la loi du journalisme. Des agités, des exaltés, des  énervés permanents ; Des excités.

Nous ne sommes pas des excités ou des énervés mais des indignés.

Nous refusons le choix du silence, nous avons choisi l’action. Parce que nous croyons que nos mots ont une force, parce que notre force s’exprime dans nos idées, parce que nos idées ont un pouvoir.

Nous savons que nous sommes nombreux à croire, à résister ensemble pour un monde meilleur !!! 

 


Abidjan je t’ai adoptée

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Eléphant, symbole historique de la Côte d’Ivoire

Bonnes impressions, sentiments de joie, découvertes mémorables. La Côte d’Ivoire, un pays, un peuple, une mer, une équipe de football, les éléphants. Que d’émotions de séjourner dans ce beau, immense et riche pays, d’Afrique de l’Ouest !!!

Chers lecteurs, j’ai eu l’honneur de représenter le Congo à la formation sur le web-journalisme qu’a organisé la plateforme de Mondoblog RFI à l’intention de 70 blogueurs venant de 26 pays francophones. Tenue à Grand Bassam à l’Hôtel Tereso, on y a parlé de l’usage idoine des réseaux sociaux et de datajournalisme.

Je suis venue, j’ai vu, j’ai vécue

J’ai quitté Goma, à bord d’un appareil d’Ethiopian Airlines, le 2 mai à 15 heures pour atteindre la capitale économique de la Côte d’Ivoire, Abidjan, le lendemain à 16 heures. J’ai effectué différentes escales : Kigali (Rwanda) – Addis Abeba (Ethiopie) – Ouagadougou (Burkina Faso) avant d’atteindre la Côte d’Ivoire.

Akwaba ! Bienvenue ! Un accueil aimable. Un peuple très hospitalier. Une administration professionnelle et admirable. Dix minutes ont suffi pour en finir avec toutes les formalités de visa. Des belles routes, des taxis bien immatriculés, des quartiers huppés, des immeubles modernes, des bidonvilles aussi, mais dynamiques.       Pendant dix ans, les guerres civiles ont secouées ce pays. Contre toute attente, à Abidjan, il y a encore de la joie.  

Retrouvailles, rencontres de cultures du monde, échange sommaire, début de la session.

Les bonnes choses se font dans la bonne humeur. Durant les sessions, il règne une atmosphère de travail.

Julien Pain, Pierre Romera, Philipe Couve, tous d’excellents journalistes nous ont épatés en traitant des nouveaux médias, du journalisme citoyen et de la vérification des informations.

Reporters sans frontières a abordé la partie concernant la liberté d’expression et la sécurité numérique. Nous avions eu l’honneur de suivre cette partie de la formation par deux messieurs très sympathiques. Grégoire Pouget et Jean-Marc Bourguignon.

Nous avons visité l’Office national du tourisme, l’Assemblée nationale, le journal d’Etat : Fraternité Matin. Nous avons célébré les vingt ans de RFI en Côte d’Ivoire à l’hôtel Sofitel, une fête gigantesque. L’enregistrement en live de mon émission phare, l’Atelier des médias de Ziad Maalouf à Cocody à l’espace Latrille. Ensemble avec d’autres blogueurs nous avons présenté une belle émission sur la création de Mondoblog, le monde du blogging et la charte du blogueur. Des instants inoubliables.

Des débats riches et nourris sur la géopolitique mondiale, les petits déjeuners et dîners pris en compagnie des frères et sœurs africains, haïtiens, allemands, français, une ambiance bon enfant.

No Limit, Epilogue, ces dancing club très prisés de Grand Bassam !!! Ah là, nous avons bien dansé et fêté. Il y a la vie à Abidjan.

J’ai visité la Côte d’Ivoire, j’ai adoré. Je vais retourner au Congo, mais mon cœur est ici. Merci à la grande équipe de Mondoblog RFI.

Retour sur images. Photos droits tiers.

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Plages d’Abidjan

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Basilique Notre-Dame de la Paix à Yamoussoukro

 

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Pont de liane. Région de Danané à l’ouest de la Côte d’Ivoire

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Visite des Mondoblogueurs à Fraternité Matin, journal ivoirien.