Terreur à Kinshasa : Trois Hypothèses pour comprendre tout l’enjeu

Article : Terreur à Kinshasa : Trois Hypothèses pour comprendre tout l’enjeu
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30 décembre 2013

Terreur à Kinshasa : Trois Hypothèses pour comprendre tout l’enjeu

Aéroport International de N'Djili. Credit photo: Google
Aéroport International de N’Djili. Credit photo: Google

La situation qui était tendue ce matin à Kinshasa semble se stabiliser depuis onze heures. Des hommes armés « identifiés comme non autrement identifiés » ont attaqué plusieurs endroits stratégiques (Radio, télévision publique, RTNC, aéroport de N’djili et le camp militaire Colonel Tshatshi dans la commune de Ngaliema) pour des motifs qui restent dès lors inconnus. Près de quarante d’entre eux ont été tués par l’armée régulière, les FARDC(Forces Armées de la RDC) lors des échanges, une dizaine capturée et d’autres se sont envolés dans la nature. Pour l’instant l’heure est à la vigilance. Le gouvernement rassure la population, elle peut vaquer à ses occupations.

Trois hypothèses sur le mobile d’attaque sont à découvrir dans les lignes qui suivent.

A la veille des fêtes de nouvel an 2014, Kinshasa est perturbée. Les habitants sont paniqués, les bureaux de l’Etat, les banques et les commerces sont fermés, la ville est sur-militarisée. Vers Kitambo Magasin, un grand carrefour de la ville, des chars sont sortis et des tirs y étaient intenses.  Bref, pas de sécurité, ni de moyens pour prétendre à une fête aussi sobre soit-elle.

1. Homme de Dieu, libérateur redoutable du Grand Congo

Lundi 30 décembre 2013. Il est 07h00, le temps est clair, l’air est frais, la circulation est intense, des travailleurs se disputent le transport comme toujours sur les grandes artères de la ville de la capitale congolaise, Kinshasa. En un rien de temps, tout bascule.

De 0800 à 11h00, heure de Kinshasa, c’est fût la catastrophe, la terreur, la panique et la peur. Après la nouvelle de l’attaque, les gens se terrent dans leurs maisons. La ville est déserte.

Les assaillants se revendiquaient d’un ex candidat président, et ou d’un officier de la Police.

Plusieurs noms de probables instigateurs de ces attaques circulent déjà à la cité et sur les réseaux sociaux.

Paul-Joseph Mukungubila Mutombo. Candidat déchu, lors des échéances présidentielles de 2006, il est resté fidèle à son métier de pasteur tout en critiquant ouvertement et sévèrement la gouvernance actuelle du pays et l’agression manifeste du Rwanda contre le Congo.  Il aurait donc orchestré les attaques de ce lundi 30 décembre à Kinshasa.

Pourquoi lui?

Eh bien parce que depuis un moment, cet illuminé, prophète de l’Eternel, serviteur exceptionnel d’une grande Eglise à Kinshasa (Ministère de la Restauration à partir de l’Afrique Noire) veut libérer le Congo du joug des étrangers. Il se nomme Jésus-Christ et président d’Afrique. Naïve je croirais en lui. Mais je ne le suis pas. Désolée.

Mais la question qui taraude mon esprit : pourquoi un fils de Dieu veut libérer un peuple, armes à la main, sans préparation idoine ? Il faut être dans le secret de Dieu pour le savoir.

2. Un Officier de Police aigri car éjecté de son post 

Un autre nom, John Numbi.

Général, chef de police en suspens depuis 2010, depuis qu’il est pointé dans l’affaire du meurtre du militant des droits de l’homme Floribert Chebeya. Ce dernier avait été retrouvé mort après un rendez-vous qu’il avait eu avec ce chef de police. Une ordonnance du président l’avait remplacé par son adjoint par Charles Bisegimana, un général issu de l’intégration des anciens rebelles du CNDP dans les FARDC. Le 28 décembre dernier, une autre ordonnance présidentielle a confirmé sa nomination au poste de commissaire supérieure générale de la police congolaise. Et donc John Numbi serait mécontent de cette nomination qui attribue un poste stratégique à un congolais dont il doute la loyauté et l’intégrité au service de la nation.

Quoi qu’il en soit, il existe des moyens institutionnels pour faire entendre sa voix; et pas armés des jeunes misérables pour assiéger toute une capitale, et ce depuis des milliers de kilomètres de Kinshasa à Lubumbashi où il est assigné en résidence surveillée. Le résultat est mitigé. Ses revendications ne seront pas écoutées et des pertes en vies humaines ont été enregistrées, que de tristesse? Et d’autres pauvres gens sont faits prisonniers à vie si pas exécutés comme c’est de coutume pour pareils attentats au Congo.

3. Attentat terroriste monté

Et la dernière hypothèse, le théâtre dramatique de chez nous.

D’aucuns sont sceptiques sur la possibilité d’attentat terroriste ou de coup d’Etat contre le régime en place. Ils invoquent un coup monté par certaines personnalités du pays pour renforcer la légitimité ou popularité du garant de la nation qui voit les sondages baissés en sa faveur au regard du train de vie très déplorable que mène les congolais et sans oublier la récente attaque des rebelles ougandais ADF-Nalu à Béni au Nord-Kivu; qui a causé près de quarante tués et plusieurs blessés.

Sinon comment comprendre qu’une attaque puisse se perpétrer dans des lieux publics aussi facilement sans se poser de questions ? La Radio publique est parmi les rares endroits de Kinshasa qui sont les mieux protégés. Une centaine de militaires de la garde républicaine y sont en poste 24h sur 24. Mais des assaillants se fraient un passage jusqu’au studio de la télé et se mettent à menacer les journalistes pendant une dizaine de minutes avant de couper le signal. On se croirait devant un film hollywoodien. L’aéroport n’en parlons même pas. Le camp militaire où sont logés des vaillants combattants prêts à défendre le pays à chaque instant. Tous ces lieux ont malheureusement fait l’objet des attaques armées. Soient ils (militaires FARDC) n’étaient pas sur leurs gardes, parce que semble-t-il préoccupés à « débrouiller » le pognon de la fête pour leurs familles car impayés jusqu’à ce jour ; soient ils sont infiltrés, d’où l’origine de la trahison horrible. De deux choses, l’une.

Le hic dans tout ça, c’est que tout se joue contre et en défaveur de la population congolaise qui n’a que ses beaux yeux pour pleurer et implorer la providence divine.

Si elle ne périt pas, elle broie le noir en pataugeant dans une misère indicible, car rassurez-vous en temps d’instabilité et de guerre récurrente, l’économie stagne. Or qui dit politique moribonde, économie déséquilibrée pour un Etat, dit usure et mort lente d’un pays, si pas sa condamnation à être sous tutelle des puissants.

On peut tout dire sur la foi, mais au Congo, sans la foi, le peuple ne tiendrait pas un mois sans déprimer. Chers ancêtres je vous en supplie intercédez pour nous.

 

 

 

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