Chantal Faida

L’accord entre la RDC et la rébellion du M23; une décision aussi abominable que cynique

 

Credit image : Le Potentiel
Credit image : Le Potentiel

RDC : Une nation sans idéal ni vision partagés

Jeudi 12.12.2013, à Nairobi sous la houlette de la SADC (Communauté de développement d’Afrique australe) et de la CIRGL (Conférence internationale sur la région des Grands Lacs) et en présence des notabilités diplomatiques, une « déclaration » et/ou accord (c’est selon…) a été signé entre le gouvernement congolais et l’aile politique de la rébellion du M23 (ex-groupe armé neutralisé par les forces loyalistes, FARDC (Forces armées de la République du Congo) le 5 novembre dernier à Rutshuru au Nord-Kivu). Soit trois documents au total. Le premier réaffirmant la fin de rébellion du M23, le deuxième où la RDC s’engageait à réinsérer socialement les ex-combattants du dit mouvement, et le troisième consacrant la fin du processus de Kampala engagé depuis décembre 2012.

Martin Luther King disait: « Le monde ne se détruit pas seulement à cause de l’injustice des méchants, mais également à cause du silence et de la passivité des hommes bons« .

Une chose difficile pour moi à supporter 

L’intégrité, la probité, l’essor, l’intelligence, l’excellence, la prospérité, le travail, l’innovation, l’empirisme, la qualité, les services publics ; bref, la lutte pour le bien-être de tous les citoyens sont des noms, mots, et/ou vertus quasi inexistants dans le dictionnaire de la crasse, oh pardon la classe politique de mon pays, et qui plus est ne tendent à y figurer du point de vue de la vie publique congolaise.

Ces mêmes décideurs congolais sont nés avant qu’on ne déplore dans le monde : la pensée soporifique, la propagande nauséeuse, la myopie politique, l’absence d’originalité, la platitude, la fadeur, la pauvreté d’ambition, la honte, l’impertinence, l’inefficacité, l’immoralité publique, grosso modo, l’obséquiosité puérile. Et par ricochet, ils baignent encore, sans faire scandale dans ces anti-valeurs au grand dam de toute la population qu’ils gouvernent dans la légalité et non dans la légitimité.

Pourquoi je m’indigne autant face à la gouvernance actuelle du Congo ?

« L’Accord de la Honte » signé le 12.12.2013 entre le gouvernement congolais et les criminels du M23

Comment diable, ils ont pu trahir publiquement et sont parvenus à prendre une décision aussi abominable que cynique ? Qui l’eut crut ! Donner des brevets de mérite aux criminels ? Soit, remuer le couteau dans la plaie d’une population meurtrie deux décennies durant.
Joseph Ki-Zerbo disait que « l’Histoire c’est le levier fondamental. C’est le levier fondamental à la fois de notre présent et de notre futur. »

« L’erreur est humaine, mais persister dans l’erreur est diabolique,» a-t-on coutume de dire en Afrique.

Cet acte n’est rien d’autre que le bradage de la souveraineté nationale à vil prix. Consacrer l’impunité pour les délits commis, octroyer l’amnistie aux criminels, le permettre de rester dans la région où ils ont commis des crimes horribles et épouvantables, et pire, les accréditer en tant que formation politique !!! Je crois rêver.

Un cercle vicieux

Comme si c’était la première fois qu’on prenait avec les mêmes personnes pareils engagements. Exemple patent:

« Pour bénéficier de l’amnistie, les membres du M23 devraient s’engager par écrit à s’abstenir de recourir aux armes pour une quelconque revendication » Point 1.2 du « soi-disant accord du 12.12.2013.

Ce point figure textuellement dans les anciens accords du 23 mars 2009 entre le CNDP, Congrès national pour la défense du peuple  (transformé en M23) et la RDC signés à Goma ; mais ceci n’a pas empêché leur mutinerie (éléments du CNDP) en avril 2012. Un cycle de violence imposée aux populations innocentes du Kivu.

Au point 1.1 c) « le CNDP (actuel M23) s’engage à poursuivre dorénavant la quête de solutions à ses préoccupations par des voies strictement politiques et dans le respect de l’ordre institutionnel et des lois de la République. » Trouver l’innovation ??? 

Pourtant on n’attendait que la justice se prononce pour soulager les centaines de milliers de victimes des atrocités qu’ils ont commis pendant près de 20 mois de guérilla.

Le peuple congolais est gentil, docile et passif. Sinon comment comprendre qu’aucun sursaut patriotique ou déclaration de rejet dudit accord n’ait été annoncé ? Des questions se bousculent dans ma tête.

Les autorités congolaises actuelles sont imbues d’elles-mêmes et se prennent pour des immortels ! Leur objectif : ruiner l’histoire fascinante et glorieuse de notre imaginaire collectif léguée par nos pères de l’indépendance, Lumumba, Kimbangu, etc. Ils croient que le peuple se lassera de respirer le souffle du bien-être de la nation congolaise ? Hélas ! Nul n’a le monopole du patriotisme. La nation appartient et appartiendra au peuple.

Non, je refuse d’admettre cet acte de délation et je le dénonce. Courage, persévérance et esprit d’abnégation seront nos boucliers dans la lutte disait J.P.M

 


Traque des FDLR:Tuer au Congo pour résoudre un problème rwandais. Cynisme par excellence.

FARDC-Kibumba

Début décembre 2013, les Forces armées de la RDC (FARDC, ndlr) conjointement avec la FIB (Brigade d’intervention de la Mission onusienne au Congo, MONUSCO, ndlr) ont lancé des offensives contre les rebelles rwandais FDLR dans le territoire de Masisi plus précisément à Kalembe en province du Nord-Kivu.

La traque amorcée des FDLR au Congo, es ce une panacée ?

Nous sommes en 1994. Une guerre ineffable se déclare au Rwanda ; voisin directe du Congo. Des milliers d’âme périssent à cause de l’inhumanité des pseudos leaders de ce pays. Un afflux massif des citoyens rwandais s’observe au Congo, dans sa partie Est, précisément dans les provinces du Nord et sud Kivu. Parmi eux, certains traversent armes en bandoulières et emplis de boulimie du pouvoir et s’installent dans des camps d’abord avant de se réfugier loin dans des forêts du Kivu; ceux qu’on nommera plus tard, les forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR). Les aigris, mécontents du régime du Front Patriotique Rwandais (FPR ndlr) de Paul Kagamé, l’actuel président rwandais.

On a eu de cesse de décrier la légèreté dont a fait montre le régime congolais (Zaïrois à l’époque du président Mobutu) quant au désarmement des réfugiés qu’ils ont accueillis sur leur sol, sous la demande expresse de la communauté internationale. Ils se sont donc installés loin des centres urbains dans ces deux provinces et ont y ont régné en maîtres absolus sous le regard impuissant de Kinshasa qui n’a pas su imposé son autorité. Depuis lors, ces rebelles rwandais se livrent à cœur joie au pillage de nos ressources naturelles, aux massacres des civils dans leurs champs, à l’imposition des taxes illégales, bref à un chaos sans précédent déclaré dans un État démocratique. Sur ce sujet le journal congolais, « Le Phare » écrit: les rebelles FDLR étaient devenus les maîtres des mines d’or, de diamant, de cassitérite, de coltan et autres minerais de sang qu’ils ramassaient à la pelle et vendaient en contrebande pour leurs approvisionnements réguliers en armes, munitions et effets militaires.

Pour trouver l’erreur c’est simple.

Permettre l’entrée des réfugiés sur son sol, armes à la main. Laisser perpétrer par « ces soi-disant réfugiés » des crimes sordides et exactions ignobles (viols massifs des femmes, tueries, mutilations, incendies de villages) sur les civils des années durant alors qu’on a une armée sensée défendre l’intégrité du territoire contre toute velléité belliciste.

La bourde, le recours par le régime congolais à ces forces négatives pour chasser les invasions récurrentes du Rwanda et de l’Ouganda par groupes armés interposés (RCD, CNDP, M23, ndlr).

Alors qu’en 2009, on initie et on approuve des opérations conjointes (RDC-Rwanda, opération Umoja wetu I, II: Notre unité Ndlr) de traque de ces éléments, le lendemain, on lésinait  à les extrader au Rwanda pour ‘semble-t-il’, « exiger un rapatriement dans la dignité et la sécurité dans leur pays d’origine ».

Un méli mélo, un micmac ou un désordre organisé dans la gestion de cette question.

Les observateurs avertis sont catégoriques et unanimes sur la solution à envisager. «Les FDLR sont des citoyens rwandais à part entière. Si la communauté internationale le veut bien, elle peut exiger du régime actuel rwandais, un  dialogue inter-rwandais sur des questions de gouvernance et de retour de leurs frères de sang. La RDC ferait mieux de se pencher sur cette piste que de se livrer au massacre des citoyens qui sont reniés par leurs frères pour de raisons de passé noir que pourtant la justice devait résoudre et pour préserver ses citoyens de dommages collatéraux qu’engendrerait (si ce n’est déjà le cas), leur traque dans les rangs de ses militaires et même des civils congolais. » Tuer pour résoudre un problème politique externe n’a jamais donné des résultats idoines. Cynisme avéré.

Le cas de la rébellion du M23 maitrisée par les FARDC et la FIB (brigade d’intervention de la mission onusienne) le 05 novembre dernier n’est pas le même que celui des FDLR.

Le premier constitue une rébellion criminelle téléguidée par le Rwanda et l’Ouganda pour déstabiliser le grand Congo enfin de se livrer à cœur joie au pillage des ressources naturelles et au squat de certains espaces congolais. Ils ont été neutralisés et devront répondre devant la justice pour les actes odieux qu’ils ont commis au Nord-Kivu.

Tandis que le second, est empli des aigris rwandais ( entre 1.500 et 2.000 sans compter leurs dépendants dont des enfants avec des congolaises, un hic ) qui ont trouvé refuge au Congo (loin des grandes villes) pendant près de deux décennies. Ils ont malheureusement commis d’atrocités sur les populations congolaises pourtant innocentes et traumatisées par des guerres récurrentes. Le peuple congolais n’a rien a payé de la gestion cynique de la république rwandaise. La communauté internationale devrait exiger une solution rwando-rwandaise à la question FDLR. Cette traque qui se déroule sur le sol congolais alors que ce dernier n’a rien à avoir dans cette question,  devrait interpeller plus d’un des compatriotes congolais.


Une voix qui a chanté une lumière: Tabu Ley & Mandela. L’Afrique doublement éplorée.

Une chanson a écouter à tout prix. Juste cliquez sur ce lien çi-dessus. Le hasard n’existe pas. L’un a chanté l’autre. En ce mois de décembre 2013, l’Afrique et toute la planète les pleure en même temps. Ce sont des signes qui prouvent qu’ils étaient des figures emblématiques africaines, des êtres exceptionnels, pleines de vertus, de courage, des héros, des monuments, des baobabs qui aujourd’hui se parlent dans l’au-delà. La mort est un mystère.

Miaka na miaka yooo Mandela x2, wateswa gerezani. Wapiganiya uhuru kwa wanafrika kusini x2 Nelson Mandela, x2 Tunalia sisi wanafrica Nelson Mandela. (Des années et des années, tu as souffert dans la prison. Nelson Mandela tu te battais pour la liberté, nous africains, pleurons Nelson Mandela, le sang des noirs est versé sur leur sol etc.)En l’espace d’une semaine, deux grandes personnalités mythiques, exceptionnelles, célèbres ont disparus.

Samedi 30 novembre, l’icône de la Rumba, « Seigneur Pascal Tabu Ley Rochereau » s’est éteint à 73 ans à Bruxelles, de suite de diabète précédé d’un terrible AVC (Accident Vasculaire Cérébral). Il a marqué l’histoire de la bonne musique et il a préparé ses successeurs. Paix à ton âme Papa Tabu Ley. Hommage mérité.

Star de la rumba congolaise
Star de la rumba congolaise

Alors que nous attendions son inhumation (Tabu Ley) le lundi 09 décembre, un autre géant, l’ex prisonnier politique le plus populaire du monde, le N°46664, Nelson Mandela est décédé d’une longue infection pulmonaire, le 05 décembre à Johannesburg. Hommage à ce grand combattant de la liberté. Tata Madiba.

Symbole du pardon, de l'amour et de la paix
Symbole du pardon, de l’amour et de la paix

« En faisant scintiller notre lumière, nous offrons aux autres la possibilité d’en faire autant. » Nelson Mandela, Prix Nobel de la paix 1993

« Être libre, ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes, c’est vivre d’une façon qui respecte et renforce la liberté des autres. »  Nelson Mandela

Les mots sont faibles pour exprimer ce que je ressens. Sinon je dis tout simplement Paix à leurs âmes. Vous êtes mes repères. Tabu Ley et Madiba. PEACE AFRICA. 

 

 


Quand l’Eglise s’engage dans la lutte pour la paix dans la sous-région des Grands Lacs Africains

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Credit photo: Ch.F

Contrairement aux déblatérations de l’ancien Président français, Nicolas Sarkozy, lors de son discours sur l’Afrique, ce que moi j’ai qualifié à l’époque, de verbiage superfétatoire; les africains sont rentrés dans l’histoire. L’Afrique a une histoire. Et elle continue à écrire ses pages, les plus belles et objectives de son histoire.

Depuis que le monde est monde, jamais je n’ai pris part à une manifestation aussi grande qu’historique. Une histoire qui s’écrit sous mes yeux. Des peuples qui renouent les liens d’amitié et de fraternité après la guerre. Cet évènement grandiose arrive à point nommé, au moment où les esprits étaient échauffés et, où des tensions et sentiments de haine montaient d’un cran après les multiples formes d’agression des pays voisins faites au Congo. J’exprime le vœu de voir se réaliser dans un délai court, toutes les propositions et recommandations de nos pères les Evêques pour une quiétude, prospérité et émergence des pays de la sous-région des Grands Lacs africains. 

Sous l’impulsion de l’Association des Conférences Episcopales de l’Afrique Centrale, l’ACEAC en sigle (elle regroupe l’ensemble des archevêques et évêques catholiques du Burundi, de la RD-Congo et du Rwanda) ; une campagne « Paix aux Grands Lacs » qui s’étendra sur une année – soit du 01.12.2013 au 01.12.2014 -, a été lancée, ce dimanche, à Goma dans la capitale provinciale du Nord-Kivu de la RDC.

« Oh quel plaisir, quel bonheur de se trouver entre frères ! » Psaumes 133, 1

« Oui je le sais : Le Seigneur est grand ; notre Seigneur surpasse tous les dieux. Tout ce qu’a voulu le Seigneur, il a fait dans les cieux et sur la terre, dans les mers et dans tous les abîmes. » Psaumes 134, 5

Un évènement extraordinairement impressionnant qui a vu la participation de centaines de milliers de fidèles laïcs catholiques et anglicans venus du Rwanda, du Burundi et ceux de la RDC.

Notons que plusieurs séances de sensibilisations sur la paix aux grands lacs avaient  été organisées peu avant le lancement proprement dit des activités dans les différentes paroisses des pays concernés. « La terre est notre maison commune. Nous sommes frères et sœurs. Disons tous NON A LA GUERRE Thème largement abordé.

L’élément pivot du début de la manifestation, la procession. Un geste symbolique, signe de convivialité sans frontières. Un groupe de fidèles des paroisses de Goma au Congo est allé attendre à la barrière rwando-congolaise, les fidèles du Rwanda et du Burundi pour la procession au devant de laquelle il y avait une croix portée par un acolyte, suivi de chantres (de tous les trois pays), les concélébrants, les officiels (de tous les trois pays), puis les peuples rangés les uns après les autres par paroisse, encadrés par leurs prêtres (de tous les trois pays) ou pasteurs respectifs vers le lieu de la célébration à la place Jean Paul II (au Collège Mwanga). Une sérénité résonne durant la marche pacifique des chrétiens sous le regard curieux du public de Goma.

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Procession vers la place Jean Paul II. Credit Photo: Ch.F

Vers un projet de justice, de paix, de respect et de communion fraternelle

« Seigneur notre Dieu, voici ton peuple qui, aujourd’hui ouvre sa marche vers un projet de paix pour l’Afrique des Grands Lacs. Puisse cette marche être bénie et accompagnée par Toi, Seigneur de la paix. Accompagne-nous et éclaire notre engagement vers un projet de justice et de paix, de respect et de communion fraternelle. Nous te le demandons, Toi par qui règnes pour les siècles des siècles. Amen ! Prière formulée au début de la marche par Monseigneur Théophile Kaboy, Evêque du Diocèse de Goma.

« Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix. Là où il y a de la haine, que je mette l’amour.» Ainsi était entonné en chœur, habillé en noir et blanc, d’une voix adorable, angélique et uniforme le chant de méditation le long de la procession par la chorale anglicane de Goma.

On ne le dira jamais assez, le peuple de la sous-région des Grands Lacs est pacifique. La guerre qui a longtemps dévasté cette partie de l’Afrique est l’œuvre non des populations mais bien de leaders de la région. Conscients de la situation,  le peuple, longtemps victimes de ces violences, sont unanimes : les choses doivent changer. Et ce, au travers d’une campagne de paix, sous le thème : « Ensemble pour LA JUSTICE, LA RECONCILIATION ET LA PAIX. » Une grande première, jamais initiée auparavant.

Le peuple de toutes les langues, toutes les races, ethnies, religion de la sous-région à l’initiative de l’Association des Conférences Episcopales de l’Afrique Centrale, l’ACEAC ; s’aiment et s’engagent à propager cet amour dans le cœur de leurs dirigeants. 

La consécration de cette journée de lancement des activités de la campagne (1.12.2013) par l’ACEAC coïncide avec le temps de l’avent dans l’Eglise (occasion de conversion pour renouveler l’accueil du prince de la paix) et la solennité de la Bienheureuse Anuarite. C’est un signe qui n’offusque pas le dépassement de clivages sociopolitiques entre peuple.

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Credit photo: Ch.F

Voici le temps favorable

« J’ai vu la misère de mon peuple … J’ai entendu son cri devant ses oppresseurs… et je suis décidé  à le libérer … » Romains 13, 12

« Nos peuples sont fatigués de la récurrence des violences et des crises sanglantes et complexes qui se nourrissent de l’illusion du triomphe de la force et des armes. Cette illusion a fait de notre sous région le théâtre des crimes multiformes contre l’humanité sans jamais pour autant assouvir le désir de puissance des belligérants. Conséquences d’une perversion de notre histoire et d’une manipulation de nos identités tribales et nationales à des fins égoïstes d’ici et d’ailleurs, cette spirale de la violence continue ça et là à renforcer les archétypes dégradants qui cultivent la haine, la méfiance, et autres formes d’animosité des uns à l’égard des autres. La gestion inadéquate des réfugiés et des déplacés renforce la suspicion entre nos Etats et nos communautés. Le manque d’une politique cohérente de démobilisation, de désarmement et de réintégration d’anciennes milices et d’anciens combattants nourrit le cycle de violence. La stratégie de la violence comme moyen privilégié de résoudre tout différend entre communautés à cristallisé l’esprit de vengeance et la tentation à l’exclusion entre nos peuples. » Extrait de l’Allocution des Evêques catholiques et de l’Eglise Anglicane de la RDC, Rwanda et du Burundi aux autorités politiques et aux hommes de bonne volonté, lu par Mgr Fridolin AMBONGO, Evêque de Bokungu-Ikela. Président de la commission justice et Paix ACEAC et coordinateur de la campagne « Paix aux Grands Lacs ».

Il poursuit : « Chacun de nos pays a pu organiser des élections multipartistes avec progressivement moins de violence. Nous nous sommes souvenons du dialogue inter-burundais d’Arusha qui s’est donné l’option de respecter les droits culturels de ses populations, du dialogue inter-congolais de Sun city et de Goma qui a favorisé la libre expression devenue presque une réalité au Congo, et du processus volontariste au Rwanda de la justice et de réconciliation à travers les assises foraines Gacaca et autres pas, très encourageants. »

Une merveilleuse journée. Au programme, plusieurs activités. Des prêches de différents pasteurs et prêtres, dans plusieurs langues ; Swahili, kinyarwanda et Français, des chants en toutes les langues sont entonnés par des chorales différentes, de moments de méditation personnels.

Cessez de faire le mal, apprenez à faire le bien 

« Paix aux grands lacs est une réponse pastorale aux cris de douleurs des peuples exprimées par nous, Archevêques et Evêques catholiques membres de l’ACEAC (…) du Burundi, de la RDC et du Rwanda. Engagés à la suite de Notre Dieu Libérateur, nous sommes témoins au quotidien du cri de douleur de nos filles et fils qui ploient sous le poids d’une longue histoire de violents conflits. Nous avons expérimenté des pics d’horreurs lors du génocide qui a coûté la vie à plus de un million de personnes au Rwanda, des crises meurtrières qui ont semé la désolation au Burundi et des massacres de plus de six millions de congolaises et congolais.

Depuis de longues années, nous implorons le Seigneur, jour après jour pour qu’il nous accorde le don du pardon, de la paix et de la réconciliation, afin que soit restaurée la vie fraternelle dans notre sous-région. » Des messages forts lus et traduits en plusieurs langues par différents Évêques.

Credit photo: Ch.F
Credit photo: Ch.F

 « Vos mains sont pleines de sang : lavez-vous, purifiez-vous ! Otez de ma vue vos actes pervers ! Cessez de faire le mal, apprenez à faire le bien ! Recherchez le droit chemin, redresse le violent ! Faites droits à l’orphelin, plaidez pour la veuve ! Isaïe 1, 16-17

« Malheur à ceux qui appellent le mal bien et le bien mal. »

« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix, je ne vous la donne pas comme le monde la donne. Parole de Jésus à ses disciples. » Des passages poignants tirés des saintes écritures lus.

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Vue de la place Jean Paul II à la fin de la journée. Credit Phot: Ch.F

Pour une coopération socio-économico-culturelle équitable entre Etats

Les pasteurs se sont réjouis des initiatives des deux regroupements régionaux ; la CEPGL (Communauté Economique des Pays des Grands Lacs) et la CIRGL (Conférence Internationale pour la Région des Grands Lacs) qui offrent des espaces de dialogue et de collaboration entre les Etats de la Région. Et sur le plan international, ils affirment avoir accueilli favorablement les initiatives prises en faveur de la sécurisation de la région, de la traçabilité et commercialisation des ressources naturelles. Ils ont aussi salué la mise en place de  l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération en RDC et dans la région des Grands Lacs, la loi Dodd-Frank et les mesures en cours d’adoption en Europe pour réglementer davantage, le secteur pétrolier, gazier et minier.

Chacune de nos vies est un don précieux

Les pasteurs ont formulé des recommandations à toutes les couches sociales et qui feront continuellement l’objet de suivi et évaluation dans tous les Etats concernés au travers de conférences, séminaires et cultes œcuméniques :

–          A la population : l’espoir d’un avenir commun entre nos peuples. Posons les jalons d’une génération nouvelle  qui a enterré la hache de la guerre.

–          Aux groupes armés : « chacun de nous possède une grandeur individuelle. Dieu ne serait pas notre auteur si nous n’avions aucune valeur. Vous et moi, et nous tous, nous avons une grande valeur, puisque nous sommes des créatures de Dieu, et Dieu a prodigué ses dons merveilleux à toute personne. Galates 3.28. Nous partageons tous la même identité d’être enfants de Dieu. Chacune de nos vies est un don précieux que nous sommes appelés à préserver. « Tu ne tueras point. » Exode 20, 13. « Tout ce que vous ferez à l’un d’entre eux, c’est à moi que vous le faites ». Mathieu 25, 31-46. « De nos épées, forgeons des socs de charrue. » Isaïe 2,4.

–          Aux chefs d’Etat, Elites de tout ordre, amis et représentants de la communauté internationale, nos Eglises Sœurs d’Afrique, d’Europe, et des Amériques, vous tous soucieux de la reconstruction de la cohésion sociale :

  •  Au respect des principes sacrés de souveraineté et d’intégrité de chaque Etat en vue d’une franche collaboration et d’une coopération économique transparente et orientée vers le développement socio économique et relationnelle de nos peuples ; au-delà de leurs différences. (…) à la promotion du dialogue ;
  • Faire de l’alternance pacifique au pouvoir une réalité et une culture dans la sous région par le respect scrupuleux des constitutions, renforcer l’Etat de droit dans chacun des pays de la région, de liberté, de respect des droits humains, d’initiation au devoir civique et de participation citoyenne aux différents processus de prise de décision.
  • De l’utilisation efficiente des ressources générées par les industries extractives pour faire reculer la pauvreté, de la promotion des projets intégrateurs au niveau régional, et de la gestion rationnelle des écosystèmes et de la biodiversité.
  • Renforcer l’accompagnement non seulement matériel, mais psychosocial et spirituel des refugiés et des membres de leurs communautés d’origine ou d’accueil, pour une intégration ou une réinsertion sociale dans le respect de la dignité des uns et des autres.
  • Un renforcement des capacités professionnelles et techniques, mais surtout éthiques, morales et spirituelles des élites et des jeunes s’accompagnant d’un emploi judicieux des ressources humaines existantes.

Ne laisse pas ton peuple, ô Seigneur notre Dieu, céder aux idéologies qui divisent.

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Fin de la manifestation. Credit Photo: Ch.F

 

Le temps fort, le moment tant attendu arrive. L’heure de vérité sur les causes profondes de l’instabilité récurrente dans la sous région. Je n’ai eu de cesse de le dire : Ce ne sont pas les politiques qui font le peuple mais c’est le peuple qui fait (légitime) le politique. 

Les peuples rwandais et burundais ont demandé pardon au peuple congolais. Je vous laisse découvrir cette phrase historique dans les lignes qui suivent. Il s’en est suivi une prière réciproque.

Prière du Burundi pour la RDC, et de la RDC pour le Burundi. Du Rwanda pour le Burundi et du Burundi pour le Rwanda. Du Rwanda pour le Congo et du Congo pour le Rwanda. Les messages étaient lucides et porteurs. « Nous voulons la paix dans nos pays. » Je n’ai pas pu enregistrer les messages du Congo sur le Burundi et vice versa, faute d’énergie dans mon enregistreur. J’en suis désolée.

Message du Congo au sujet du Rwanda :

« Nous frères et sœurs du Congo, adressons ce message de paix aux frères et sœurs du Rwanda. Nous avons encore en mémoire, les terribles événements du génocide de 1994 que vous avez vécu. Nous avons communié à votre souffrance et continuons à prier pour la guérison des profondes blessures laissées dans le cœur. Que plus jamais cette honte pour l’humanité ne se reproduise ni au Rwanda, ni ailleurs. Nous saluons le courage avec lequel vous avez su faire face à ce drame et vous encourageons à préserver sur le chemin de la réconciliation, de la justice et de la paix. Au delà des conflits à répétition, nous constatons avec joie, que le peuple de nos deux pays continue d’entretenir des relations de bon voisinage et de cohabitation pacifique. Nous vous remercions de l’accueil fraternel que vous réservez à nos compatriotes en séjour en exil, spécialement pour nos frères refugiés dans votre pays. Par ailleurs bien de situations de détresse nous préoccupent. Notamment la persistance de souffrances de nos populations consécutives à la récurrence des conflits des groupes armés. Ces conflits ont détruit des millions de vies humaines et créer des profondes blessures. Des obstacles majeurs à la paix persistent sur ce chemin pour nos deux communautés nationales. La présence de milices armées, FDLR (Force Démocratiques pour la libération du Rwanda) sur le territoire congolais, la persistance des groupes armés qui déstabilisent notre pays, nous souhaitons vivement que nos leaders se parlent ; entre autre pour que soit trouvée une solution aussi équitable, que possible aux problèmes des exilés ; parmi lesquels membres du  FDLR. Ce sera bon pour la paix chez vous et chez nous. Travaillons ensemble à la promotion et au développement des projets, à l’intérêt commun, dans le domaine des infrastructures, des échanges commerciaux, de l’énergie, de l’éducation et d’autres domaines vitaux. Vivre en paix est possible entre nos deux pays. Nous formulons le vœu que cela devienne une réalité et une vraie culture. »

Prière

« Seigneur Dieu, nous te supplions d’accorder la paix au Rwanda. Panse les blessures de ces longues années de guerres, que soient toujours plus vifs et plus opérants nos sentiments d’amitié et fraternité au service de ton royaume, seigneur écoute nos prières. »

Message du Rwanda à la RDC : 

« Tenant compte du message de Jésus-Christ qui veut le bonheur de toutes les nations, tenant compte des messages vibrants de nos chers frères les Evêques de la CEAC qui appellent à l’unité, au respect mutuel entre les peuples, tenant compte de l’état de lieu où les guerres fratricides ravagent la sous-région des Grands Lacs, surtout dans l’Est de la RDC, nous frères et sœurs du Rwanda, adressons aux frères et sœurs du Congo, ce message de réconfort et d’encouragement en tenant compte des liens historiques  très forts existants depuis des années entre le peuple rwandais et le peuple congolais. Le peuple est, et reste solidaire au peuple congolais, particulièrement au peuple de la région est de la RDC qui vit des atrocités interminables et qui les rendent vulnérables. Nous déplorons la présence nuisible des groupes armés qui naissent en marge de la vie du peuple congolais en usant des violences de tout genre. Nous souhaitons au peuple congolais de renforcer des liens internes entre communautés. Une façon particulière, une attention soutenue et requise pour une gestion judicieuse et l’intégration de ces multiples identités diversifiées et complémentaires, ainsi que sur la gestion adéquate de ces immenses ressources afin que servent de mieux en mieux les services correspondants aux besoins de base. Que le processus démocratique mis en route se consolide au service du peuple congolais. »

Prière

« Seigneur accorde la paix à la RDC. Panse les blessures de ces longues années de guerres. Que chaque jour se passe plus vifs, les sentiments d’amitié et de fraternité au service de ton royaume. Seigneur nous te prions. »

Le jet de six colombes, symbole de paix entre Etats a marqué la clôture des cérémonies, mais le début de la concrétisation des enseignements reçus.

Une journée historique réussie.

 


RDC : Histoire du M23 c’est finie ? OK, mais après, on fait quoi ?

 

Anciens miliciens dans le centre de regroupement de Bweremana. Credit photo: Maud Julien

L’euphorie est à son apothéose au Congo. Louange, gloire, honneur au maître des temps et de circonstances. Dieu tout puissant. Il a exaucé nos prières. Les ennemis de la République sont partis. Finie l’humiliation, Bravo l’armée. Nous avons gagné. Vive l’armée congolaise. Vive le grand Congo. 05 novembre 2013, date fatidique et mémorable en terre de Lumumba. Elle correspond au jour de la victoire de l’offensive des forces loyalistes, les FARDC et de la force onusienne (Brigade d’intervention) sur les rebelles du M23, dans le territoire de Rutshuru au Nord-Kivu.

Nous avons la victoire en main; mais on ne sait trop quoi en faire car, en apparence,  nous n’étions pas préparés. C’est cela la vie d’après guerre au Nord-Kivu. « Gérer c’est prévoir, organiser, contrôler, coordonner et commander », selon Henri Fayol. Surtout quand il s’agit de la gestion d’une grande entreprise comme l’appareil étatique. Il faut des vertébrés tenaces pour gérer un vaste Etat comme le Congo, entouré de neuf pays voisins et d’une superficie équivalent plus de quatre vingt fois le Royaume de Belgique, 2.345.409 km².

Depuis lors, silence radio. On traîne les pieds. Le temps est s’est arrêté. Place à des tournées sans programme dans les provinces de la république très très démocratique du centre de l’Afrique. Le temps c’est moi. Dixit le Roi. 

Deux facteurs majeurs peuvent amener à conclure que Kinshasa, la capitale, le siège des institutions s’endort sur ses lauriers. C’est pourtant trop tôt.

Aucun programme en vue pour encadrer les miliciens qui se rendent

Vingt-un jours après la victoire inédite des FARDC sur les M23 , dans la foulée, près de vingt milices locales armées (Mai-mai Nyatura, FDIPC, NDC, APCLS, axe bord du lac, etc) se sont déjà rendus dans les bases des FARDC ou celles onusiennes et tous, expriment l’intention d’intégrer l’armée régulière congolaise ; bien sûr au cas par cas et après analyse minutieuse à en croire des sources de la Monusco.

En faisant un tour dans un grand centre de regroupement, la base de Bweremana à Masisi dans le Nord-Kivu, où sont cantonnés les quelques milles cinq cent rendus selon le ministre de l’intérieur, Richard Mangez, l’on réalise rapidement que rien n’est fait ni planifié pour fixer le sort de ces jeunes gens dans le délai.  

Jean Bosco (nom d’emprunt), leader de l’ancienne milice FDIPC (Force de défense des intérêts du peuple Congolais, NDLR) vient de faire deux semaines à Kashovu, dans les collines surplombant la cité de Bweremana au bord du merveilleux Lac Kivu.

A la question de savoir, pourquoi vous, dans ce centre ? Il répond :

« Je suis congolais de souche. J’ai pris les armes pour défendre Rutshuru, mon territoire d’origine contre l’agression rwandaise par M23 interposé. Les militaires loyalistes étaient absents dans mon village. Je suis un ancien combattant et j’ai imaginé des stratégies pour avoir des armes pour protéger les miens. Je tendais des embuscades la nuit aux rebelles du M23 et ça marchait très bien. Nombreux d’entre eux ont péri comme ça. Et j’ai accumulé beaucoup d’armes comme ça. Depuis que l’autorité de l’Etat est rétablie chez nous, mes hommes de troupes (200 nous a fait savoir, le colonel FARDC, Banza qui enregistre les rendus au centre de regroupement de Bwemremana) et moi avions pris l’initiative de nous rendre à l’armée régulière pour faire œuvre utile partout au pays. La défense et l’intégrité du territoire en RDC.

Es ce par manque d’emploi ou simple patriotisme. Et comment vous vivez ici dans ce camp ?

« Le FDIPC n’est pas un groupe armé mais une milice d’autodéfense, il y a une nuance entre les deux termes. Nous sommes de patriotes et nous avons le souci de ce pays. Le protéger contre toute agression extérieure. Nous sommes des patriotes. Nous voulons juste servir sous le drapeau. Mais il revient à la haute hiérarchie de nous le confirmer. Un militaire ne se plaint jamais de conditions de vie lui imposées. Cela fait partie de la formation. La discipline c’est notre devise chère. Mais nous mangeons, vivons en parfaite collaboration avec les membres d’autres milices qui sont venues de Masisi. »  Hors-micro, il nous informe que les soins de santé sont quasi inexistants et très précaires ; que les besoins alimentaires sont couverts à moitié.

A quand l’Intégration ou la démobilisation des rendus ?

La journée, dans la cour, tous les rendus suivent des formations et entraînements militaires les livrés par les instructeurs des FARDC.

Aucune grande salle bien aménagée pour les cours, pas de chaise, pas de table, pas d’installations hygiéniques propres, pas de motivation pour les formateurs, bref des conditions de travail qui laissent à désirer. Un vrai sacerdoce et pour les enseignants et pour les enseignés. Du coup, les cultures des paysans en paient les frais. Ils (paysans) sont très nombreux, à décrier le pillage de leurs récoltes (Haricots, mais, manioc) par des nouveaux arrivants et leurs dépendants.

Et comme il fallait s’y attendre, la population dénonce cette nouvelle forme de tracasserie leur imposée et demande leur transfèrement dans d’autres milieux.

Anciens combattants Nyatura en train de faire la cuisine à Bweremana au Nord-Kivu.                             Credit photo: Maud Julien

Seront-ils tous réintégrés, démobilisés pour revenir à la vie civile pour être recruter normalement dans l’armée congolaise ? Si oui quand ? Si non qu’en ce qu’on en fait ? Visiblement, il faut être dans le secret de Dieu pour le savoir. Et l’opposition, et la majorité, et les forces vives de la nation conservent le français dans leurs poches. C’est une question taboue et/ou sensible. C’est déplorable. Mais on espère encore. Car tant qu’on vit, gardons espoir pour un avenir radieux, disent les sages.

Que d’atermoiements sur la suite de Kampala

Près d’une année déjà, Ça piétine. Le dialogue, pourparlers, assises, concertations ou réunions bipartite, c’est selon.

A en croire le gouvernement congolais : rien ne sera signé à Kampala. Nous avons le contrôle de notre espace jadis usurpé. Pourquoi signer ? La rébellion du M23 n’est que l’ombre d’elle-même. Une fiction de rien du tout. Une histoire enterrée. Bravo, dit l’opinion publique congolaise. Mais n’oublions pas très vite que leurs troupes sont cantonnées dans les républiques voisines : le Rwanda et l’Ouganda. Les enfants prodigues on en a fait quoi ? Là c’est le silence radio. Le Congo navigue à vue.  Pas de préparation. Aucun plan en vue, j’imagine en soliloque ce que nos autorités pensent : attendons voir ce que pense ou prévoit la Monsuco (Mission de l’Onu pour la stabilisation du Congo). Non de Dieu, décidément qui gère le Congo ? Dites-le nous ouvertement chers Messieurs, excellences, révérends, vénérables, etc. dignitaires congolais. Chère Monusco, je vous en supplie, attendez voir ce que pense notre gouvernement « légitime » avant de travailler à leur place. Vous en avez déjà fait trop pour ce pays. J’ai dit.


5 choses qui font du Rwanda, l’Edolarado des congolais de Goma

Je n’ai pas l’intention, ni la prétention de réfuter au travers de ce billet, les allégations du journaliste de renom Pierre Boisselet. Dans son article Rwanda – RDC : ennemis intimes, il écrit, ce que d’aucuns murmurent en soliloque dans la région des Grands-Lacs, une affirmation approximative.

Credit photo : Google
Vue de la Route très propre de la ville Gisenyi au Rwanda (Crédit photo : Google)

Contrairement à ce qu’avance ce journaliste de Jeune Afrique, entre peuples, la cohabitation se porte merveilleusement bien. Du commerce, des jobs, des amitiés et pourquoi pas des fiançailles transfrontaliers se nouent et s’entretiennent au jour le jour et sans gêne. Ceci, depuis que la population de tout côté d’ailleurs (surtout celle vivant au bord de la frontière rwando-congolaise) a réalisé que la frasque politicienne de mise par la classe politique – j’allais dire crasse politique – profite aux nantis et sans souci dans des proportions démesurées qu’elle ne l’est à la classe moyenne et mille soucisLes herbes disent « halte au combat entre éléphants ».

Une autre remarque, que je porte à la connaissance de chercheurs, experts et analystes des questions congolaises et régionales. Ce ne sont pas les politiques qui font le peuple mais c’est le peuple qui fait (légitime) le politique. Un Roi sans royaume, où a-t-on déjà vu cela? N’inversons pas les choses jusqu’à ce point.

Je reviens à l’essentiel. Il est de pratiques, us, habitudes et mœurs  que plus d’un congolais de Goma (ville congolaise, frontalière à la ville de Gisenyi se trouvant au Rwanda) bavent d’envie de voir s’exécuter ou s’accomplir dans l’imaginaire collectif de son pays. Certaines « personnes à la langue bien pendue »  disent qu’on ne respire pas dans ce pays de mille collines à cause de la multitude de restrictions et interdits auxquels sont soumis tous les citoyens. Pourtant tout n’est pas asphyxiant. 

La liste n’est pas exhaustive, mais retenons ces cinq points.

1. La femme est un être humain considérée telle quelle.

Contrairement au Congo, la femme au Rwanda jouit pleinement de ses droits tant politiques, culturels que socio-économiques. Au grand jamais, tu ne verras un mari rwandais porter une main ou un bâton sur sa femme. Au Congo, cela est incroyable et on a vu de maris congolais exiger leurs familles de plier bagage et rentrer au bercail (au Congo Ndlr) parce que semble-t-il la police rwandaise, alertée par les voisins l’empêchait d’éduquer sa femme en la fouettant. Au XXIème siècle ? Mais bon sang, on est où là ? Désormais, presque toutes les jeunes mariées congolaises nourrissent l’envie d’émigrer au Rwanda juste pour se mettre à l’abri de menaces d’éducation cynique de maris imprévisibles.

Quant en ce qui concerne les droits politiques et économiques des femmes, l’inclusion des rwandaises dans les instances de prise de décision force l’admiration dans toute l’Afrique centrale.

Trois initiatives ont été mises au point pour favoriser l’intégration des femmes rwandaises dans tous les domaines transversaux. Cet extrait de la chronique Editions en ligne des Nations unies en dit long à ce sujet :  

–          la première concerne la mise en place d’un système parallèle de conseils de femmes et d’élections réservé aux femmes qui assure un mandat pour tous les corps d’élection. Ces conseils sont élus par les femmes seulement au niveau de base et par chaque secteur.

–          Une autre initiative concerne un système à triple scrutin qui garantit aux femmes un pourcentage de sièges à la fois au niveau du secteur et du district.

–          Le troisième programme comprenait la création du Ministère du genre et de la promotion féminine, ainsi que des postes réservés aux femmes dans le gouvernement et les ministères.

Ces positions garantissent la proposition et la mise en oeuvre des politiques qui tiennent compte des besoins spécifiques des femmes dans différents domaines. La nouvelle Constitution prévoit que 30 % des postes, dans les administrations ou en politique, doivent être réservés aux femmes et garantit leur engagement actif à tous les niveaux de la gouvernance et de l’élaboration des politiques. Aujourd’hui, les femmes qui font partie du gouvernement sont considérées par les Rwandais plus accessibles et plus dignes de confiance que leurs homologues hommes. «Les hommes sont d’un accès plus difficile que les femmes […]

Tandis qu’au Congo on s’en tient toujours à remettre en cause le combat des femmes pour leur intégration dans les instances de prise de décision.

2. La corruption, paix à ton âme

Au Rwanda, c’est déjà ancré dans l’imaginaire, le subconscient même du nouveau né, que quand un citoyen est en infraction, point n’est besoin de tenter de corrompre l’agent de l’ordre commis soit à la douane, à l’aéroport, au stade ou même au marché. Peine perdue. On a l’impression qu’ils sont vaccinés, voire immunisés contre le virus de la corruption. Comment ne pas envier cela au Congo où la corruption se porte à merveille. En traversant la barrière congolaise, – alors qu’au Rwanda, toutes les formalités sont orientées vers un guichet unique -, tu es frappé par le nombre de services (une vingtaine) qui t’attendent comme leurs proies même si tous tes papiers sont en ordre. Tu dois acheter des unités et payer le transport du « chef ». C’est une corruption voilée et dont personne ne dénonce auprès des services compétents. Au Congo, tout est possible et rien ne choque. Les pouvoirs publics sont là pour ruiner le petit peuple. Les fonctionnaires de l’Etat éprouvent de la peine à faire un distinguo entre droits et faveurs des voyageurs, entre patrimoine public et patrimoine privé. Une confusion entretenue et qui demeure impunie.

  1. 3.     Les Infrastructures, l’Energie et les Investissements impressionnants.

En foulant le sol rwandais, le congolais de Goma est touché par les bâtisses toutes vitrées, vraiment modernes, toutes les routes asphaltées même celles menant dans les quartiers périphériques sont aménagées en pierre issue de la lave volcanique dont le stock se retrouve curieusement à Goma. Toujours au Rwanda, contrairement au Congo, l’eau coule sans problème, l’électricité (dont la grande partie est fournie par le barrage de Ruzizi se trouvant au Sud-Kivu au Congo) est garantie vingt quatre heures sur vingt quatre. Sans se faire supplier, les Eglises dites de réveil font moins de tapage diurne et nocturne ; les débits de boisson, bars, jouent la musique sobrement. De quoi motiver les savants, élèves, étudiants, moines de migrer vers ce pays. Une sérénité qui dénote qu’ici on travaille. Un pays modestement riche.

Certaines personnes me diront : « oui ils sont impliqués dans la déstabilisation au Congo », j’en conviens avec eu, mais maintenant que nos autorités ont compris qu’à toute agression militaire, on ne négocie pas, mais, on réplique chirurgicalement par la force du feu. Attendons voir si elles vont concrétiser ces promesses qu’elles ne cessent de nous rabâcher et dont le seul alibi était la guerre. La guerre est finie. Plus d’excuse d’ajournement d’actions pour l’essor du Congo.

4.    L’environnement très bien protégé

Le Congo est un  dépotoir de sachets et un sanctuaire de l’insalubrité de toute l’Afrique centrale. Mais en allant de l’autre côté de la barrière congolaise, quel que soit ton rang, ton âge, ta peau, et ton niveau intellectuel, Monsieur ou Madame doit obligatoirement transplanter ses biens dans une enveloppe en papier ou autre emballage bio dégradable. Donc tenez-le pour dit. Le sachet au Rwanda, tu ne verras nulle part. Comment ne pas admirer ou copier cette bonne pratique ? L’environnement est sain et la nature sans souillure. Le Rwanda est beau et propre. Des collines, des ruisseaux, une merveilleuse plage très prisée par tous les jeunes de Goma, pourtant nous partageons le même Lac « Kivu » (mais au Congo notre plage n’en est pas une, elle est naturelle, en pierre, très sale et comme si cela ne suffisait pas, les pêcheurs de poissons et fretins ont squatté un espace de ce terrain pour y aménager leur marché pirate) un air doux et agréable, un beau paysage ; bref les touristes s’extasient dans ce pays nain d’Afrique mais d’une beauté ample et imposante. Le tourisme et tout son corollaire (Hôtel, transport, rentrée de devises, etc.) paie dans ce pays, en dépit de taxes exorbitantes auxquelles font face les entrepreneurs. Mais quand on voit la contre partie idoine, on est tenté de travailler à perte mais au profit du trésor public.

  1. 5.     La bonne gouvernance

Plus qu’un symbole de l’Afrique qui bouge, le Rwanda a une diplomatie entreprenante, une justice juste et objective, une armée dissuasive, une éducation gratuite pour tous, une langue (le Kinyarwanda) promue, une jeunesse formée sur les valeurs de grandeur et de puissance.

Côté politique, je ne vous cache rien, le Rwanda est la pure forme de dictature (qui s’affiche sans réserve) qui puisse exister en Afrique. Un monarque règne sans partage. Il remporte des élections à plus de quatre-vingt dix pour cent. L’opposition est muselée ou carrément le monarque met en place sa propre opposition. Ceci n’est pas à copier.

Toutes proportions gardées, le Congo ne rayonne pas du point de vue gouvernance démocratique vis-à-vis du Rwanda. A voir comment l’administration publique rwandaise est gérée, on envie la carrière d’un agent public (Salaire, avantages, primes, promotion sont non seulement dignes mais aussi réguliers). Ce qui est rarissime au Congo.  Le fonctionnaire public congolais est l’enfant pauvre du gouvernement. Pourtant l’argent ne manque pas. Juste la volonté politique. Surtout quand on sait qu’en Afrique : le miroir de la dignité et de la richesse d’un homme n’est rien d’autre que les soins et l’ornement assurés à sa femme. Sa confidente. Mais l’ironie de l’histoire au Congo veut que l’homme (élite politique) se soigne plus que sa femme (agent public) ne le fait. L’origine de tous les maux (trahison, frustration, corruption, et j’en oubli d’autres.) DOMMAGE.

La politique congolaise ne motive pas la jeunesse à s’engager avec impétuosité et ardeur. Un Congo (sauf dans l’acronyme RDC) qui est tout sauf démocratique. Pour preuve, tous les dignes opposants ou même partisans du pouvoir qui osent ou même dans leurs rêves critiquer sa majesté, le Roi tout puissant, ils sont non seulement interpellés pour outrage à l’autorité suprême mais aussi condamnés pour atteinte à la sûreté de l’Etat.

Oh, non je n’en reviens pas quand je réalise que notre unique et digne député de Goma, Muhindo Butondo Nzangi purge injustement d’une peine de trois ans de prison ferme dans le geôlier mouroir de Kinshasa, la prison de Makala pour avoir critiqué l’inertie du pouvoir dans la gestion de la crise dans sa circonscription du Nord-Kivu. Mon indignation monte d’un cran quand j’analyse la politique chez nous. Une vraie démocrature. Comme disait l’autre, Un Etat manqué. 

Vous allez peut-être me taxer de tous les noms d’oiseau parce que j’ai dit ce que la plupart d’entre nous, surtout ceux de Goma, qui ont déjà foulé les pieds au Rwanda marmonnent en soliloque. Ce texte n’enlève en rien, l’amour que je porte pour le Congo. Qui aime bien, critique aisément.

Très honnêtement quand tu fais bien, moi j’apprécie et je salue. Et quand c’est l’inverse, je fais l’inverse également : la critique constructive. Mais comme le disait un grand, au Congo si tu parles, tu meurs, si tu te tais, tu meurs, alors parles et meurs! J’ai parlé. 


Incursion des armées étrangères au Nord-Kivu : haro d’une Congolaise

Un soldat congolais exhibe fièrement l'insigne du Rwanda qu'il affirme avoir trouvée sur un uniforme laissé à Rutshuru vers Chanzu, mardi 5 novembre 2013.
Un soldat congolais exhibe fièrement l’insigne du Rwanda qu’il affirme avoir trouvé sur un uniforme laissé par les rebelles du M23 à Rutshuru vers Chanzu, mardi 5 novembre 2013.

Un penseur et philosophe avait écrit cette phrase sur mon pays : « Le propre de la guerre est qu’elle est sale, mais celle qui se passe au Congo est tellement odieuse ». Aujourd’hui, j’approuve sa thèse, car le degré de mon indignation face à la guerre inutile qui mine ma région a atteint son paroxysme.

Une semaine après la victoire militaire de l’armée loyaliste, les FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo) appuyées par la brigade d’intervention de  la Monusco (Mission de l’ONU pour la stabilisation en République démocratique du Congo) contre les rebelles du M23 qui occupaient illégalement le territoire de Rusthuru, vingt mois durant; la  nouvelle à couper le souffle est tombée – comme un cheveu dans la soupe – dans mes oreilles :

Près de cent militaires rwandais ont investi le sol congolais dans la localité de Murambi située dans le territoire de Nyiragongo à environ trois kilomètres de la ville de Goma, le 11 novembre 2013. Et comme si cela ne suffisait pas, une autre information diffusée à la radio onusienne, la radio Okapi, antenne de Goma faisait état d’un assassinat par des rebelles ougandais des ADF-Nalu dans le territoire de Béni, de trois civils qui revenaient de leurs champs. Sans oublier, le rapt toujours grandissant et aujourd’hui, on parle de près de 800 civils enlevés (femmes, médecins, prêtres, enfants, etc.) des actes revendiqués depuis 2010. Jusqu’à ce jour, rien n’a été fait pour les extraire des mains de ces rebelles. 

Même en rêve, ce genre d’information agace plus d’un. Le hic, c’est bel et bien vrai, les faits se sont produits.

La mesquinerie du pouvoir actuel congolais frise une trahison sans précédent. Sinon, comment face à ce problème très sérieux de menace d’intégrité du territoire national, de porosité des frontières, d’enlèvements de  centaines de citoyens et de misère indicible de la population, conséquences de tous ces maux.  Rien de rassurant – du genre déclaration de l’Etat de guerre contre le Rwanda, l’Ouganda, etc.- ne fuse à Kinshasa, le siège des institutions.

Cette illustration me paraît idoine pour expliquer ce phénomène.

Un propriétaire d’une maison constate que quand il pleut, sa résidence suinte le long des murs de la chambre de ses enfants. Au lieu de décider d’identifier le trou sur son toit et obstruer le passage de l’eau à l’avenir; non seulement il se met à maudire le ciel pour avoir fait tomber la pluie, mais également il prie et demande à « dame la pluie » de ne pas tomber dans le futur, ou si c’est le cas, en tout cas pas chez lui.

Aidez-moi à qualifier cette misère mentale, manque de réflexion ou carrément folie, si on veut vraiment appeler le chat par son nom.

(Ses enfants diront tout simplement et sans ambages, il y a danger, nous avons des parents irresponsables. Prenons nous-mêmes les choses en main, sinon, nous mourons.)

Si ce n’est pas du cynisme, c’est de l’irresponsabilité politique que d’attendre une solution politique à une agression manifeste. Alors que l’on sait très bien que le monopole de la violence revient à l’Etat, aux forces de sécurité. Depuis quand on négocie avec Satan, le ciel. Soit on se complaintt à la vie de l’enfer ou carrément on prend Satan pour Dieu. De deux choses l’une.

Pour revenir à notre sujet, Kinshasa doit des explications à la population longtemps meurtrie de l’est de la RDC. Les méthodes efficaces, pour qui veut écouter et qui ne se prend pas pour savant, existent pour mettre fin de manière durable à ce cycle de violence nous imposée. Des millions de morts, des femmes violées, des milliers de réfugiés et déplacés internes et une psychose du chaos permanente. Trop c’est trop. Si la tâche s’avère ardue et au-dessus de leurs capacités physiques et mentales, un conseil d’ami, démissionnez déjà ou le peuple vous y contraindra. Bien que ce mot soit exclu si pas méconnu d’hommes politiques du continent, mais vous conviendrez avec moi que le mot démocratie est aussi étranger à l’Afrique. Donc il n y  a pas d’excuse devant une trahison avérée.

Nos forces de sécurité ont subi de formations appropriées pour renforcer leurs capacités par les Belges, les Chinois, etc. L’embargo sur l’achat d’armes a été levé pour la RDC, ne nous trompez pas. Pourquoi assiste-t-on de manière impuissante au massacre des citoyens ? Vous me direz, oui la communauté internationale (favorable au processus politique pour une paix en RDC) s’est beaucoup investie dans la crise congolaise (avec l’avènement de la plus grande mission onusienne déployée chez nous depuis quatorze ans déjà. La Monusco pour ne pas le citer) et que par conséquent, nous sommes tenus  de leur informer au préalable de toute entreprise de guerre chez nous. Je récuse en bloc cette croyance impérialiste. Nulle part, dans la charte des Nations unies, il n’est stipulé que les pays membres sont dépendants du Conseil de sécurité en matière de paix et sécurité. Tous les Etats du monde sont tenus – du moins pour ceux qui y croient – d’exercer leur souveraineté à tout temps.

Un autre argument, je le qualifie souvent de puéril, et que certaines de  mes connaissances ne cessent d’alléguer; quand on parle paix chez nous : « La guerre c’est la dernière  solution à envisager dans toute crise, car les dommages tant humains que matériels sont incalculables ». Aujourd’hui je réagis, car  le Congo, mon pays connaît une longue crise, exceptionnelle au monde. Dans la situation actuelle que nous vivons au Kivu, de ni paix, ni guerre, nous mourons. Le sang des innocents coule à flots, des milices populaires se créent au jour le jour pour pallier ce déficit de présence d’Etat dans tous les territoires du Kivu, mais en vain. On  tombe dans le piège de toutes les rebellions du monde, tuer les civils, piller, violer pour se faire entendre.

Il n y a pas de développement sans paix. La paix c’est le nouveau mot du développement, disait un philosophe.

On dit souvent que la démocratie suppose le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple.

Je me considère comme peuple et j’ai dit.


RDC : femmes, citoyenneté et consolidation de la paix

Mardi 6 novembre 2013, une marche pacifique pour saluer les hauts faits d’armes, la victoire des FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo) sur les rebelles du M23 et donc la paix retrouvée au Nord-Kivu a vu la participation des centaines de milliers de femmes dans la capitale congolaise. Un mémorandum a été remis au président de l’Assemblée nationale et à la ministre du Genre. En marge de cette manifestation grandiose, une forte délégation de femmes venues du Nord et Sud-Kivu ont rencontré les élus nationaux de ces provinces pour leur faire part de leurs inquiétudes quant au respect du genre dans les postes stratégiques, une opportunité d’échange qu’elles ont saisie.  

Credit photo: Google
Credit photo : Google

Un tableau statistique du niveau de sous-représentation des femmes en province du Nord-Kivu a été présenté au cours de la réunion.

–          Une seule femme députée provinciale sur 42 hommes,

–          Aucune femme gouverneure ou même adjointe,

–          Aucune femme, maire de ville sur les trois villes que compte la province, sauf à Béni où il y a une maire adjointe,

–          Une femme bourgmestre sur les deux communes de la ville de Goma, chef-lieu de la province,

–          Six femmes chefs de division sur un total de 56 postes,

–          Une seule femme administratrice du territoire à Walikale et une adjointe à Rusthuru  et à Lubero,

–          Une femme directrice d’une entreprise publique (DGI-N/K) sur un nombre élevé d’hommes occupant le même poste.

La volonté politique manque chez les décideurs congolais

La lutte des femmes congolaises pour leur intégration  dans les instances de prise de décision force l’admiration de plus d’un. Politiciennes, membres de la société civile, artistes, jeunes, toutes travaillent sans relâche (sensibilisation, campagne de conscientisation de leurs pairs tant en milieu rural qu’en milieu urbain et autres formations sur le rôle du genre dans la société) pour la reconnaissance de leurs compétences en vue de la construction d’un Congo grand, fort et prospère.

Les réactions de leurs partenaires hommes ne sont pas encourageantes. Selon Kakule M., acteur politique à Kinshasa « elles  font un peu trop de bruit sur l’importance du genre,  alors que très peu d’entre elles sont préparées à assumer les postes de responsabilités qu’elles revendiquent ».

Henriette N. actrice de la société civile à Goma a très vite réagi : « Cet alibi du déficit des femmes ne tient pas. Elles sont capables autant que les hommes d’occuper des postes stratégiques . Car nous les avons tous vus à l’œuvre des lustres durant, et notre pays est toujours à la traîne des autres nations émergentes même dépourvues de  richesses naturelles. Elle poursuit : « Le leadership, la pugnacité et l’intégrité sont des vertus sans sexe. Hommes ou femmes peuvent en avoir de façon tout à fait équitable. Ce qui manque à nos décideurs, c’est la volonté politique, ni plus ni moins ; et c’est l’objet de notre combat. »

A côté de ce manque de volonté politique, les pesanteurs culturelles influent sur le caractère discriminatoire de la femme dans la société congolaise.

Des textes oui, mais tant qu’ils ne sont pas appliqués, il n y aura aucun changement

L’égalité dans l’accès à l’éducation, à la justice, à la propriété, au crédit, à l’emploi, à l’héritage, dans le mariage ; la plupart de ces droits sont compromis par des dispositions ou carrément foulés aux pieds par ceux qui  devraient les mettre en pratique.  Jolie H. artiste de Goma m’a confiée :  » Ce n’est pas une faveur que de reconnaître les mérites de femmes, mais c’est un droit inaliénable. Nous sommes nés égaux devant Dieu et les hommes. La femme c’est une force et un pouvoir. L’ignorer n’est rien d’autre que du cynisme pur. » 

Pourtant, il existe au Congo et dans le monde entier, des textes garantissant l’équité des droits hommes-femmes. L’article 14 de la Constitution congolaise qui stipule que la parité homme-femme doit être respectée en milieu professionnel, une loi de protection de femmes contre les violences basées sur le genre a été votée en juillet 2006, le récent discours du chef de l’Etat congolais qui a insisté sur le respect de 30 % de représentativité des femmes dans les instances tant publiques que privées et la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations unies sur les femmes, la paix et la sécurité. Tout le monde le sait, le Congo est un cimetière de beaux textes qui souffrent de non-mise en oeuvre. Les élus ont promis de se pencher sur la question.

Pour ces femmes, pas question de lâcher la lutte, elles envisagent même de rencontrer le chef de l’Etat pour lui faire part de leurs revendications, surtout en cette période où la mise en place d’un gouvernement de cohésion nationale est en cours. Leur rêve, une femme à la tête de la primature . Un rêve idéal, mais réalisable tout de même ? PEACE

 

 


En RDC, après la guerre, le journaliste diffuse des informations positives !

Crédit photo : Google
Crédit photo : Google

« Quand la souffrance s’érige en normalité, ce qui arrive est dommage. La personne se sent coupable d’être heureuse dès que sa vie bascule en une situation toute autre. »

C’est ce qui est arrivé à certains de mes compatriotes qui sont tristes d’apprendre que plus jamais on ne parlera de guerre en RDC. Ils ne cessent de dire : « C’est trop beau pour être vrai. » Quel pessimisme avéré? Mais là n’est pas l’objet de ce billet.

« Je suis fatigué du journalisme de traumatisme dans mon pays ! Si mes yeux ne pouvaient plus voir à la télé les femmes et les enfants courir en pleurant ! Et que mes oreilles plus jamais n’entendraient les cris des douleurs, que ma bouche n’aurait plus à prononcer dans mon Journal-Radio l’atrocité à l’est de mon cher et beau pays, ma révolte pourrait alors s’estomper! Je suis fatiguée de faire la publicité des criminels au travers des informations. Je désire le journalisme pour le développement durable de mon peuple! », écrivait mon estimé confrère André sur son mur Facebook hier 28.10.2013.

Chers lecteurs, je partage dans ce billet un fait qui m’a marqué ce dimanche 27.10.2013.

Ma sœur Stella s’est remise à écouter les informations, suivre l’actualité au jour le jour. D’emblée, cela paraît un fait bénin, moins pertinent, mais je vais vous dévoiler la raison.

Des lustres se sont écoulés depuis qu’elle a décidé de ne plus suivre la « Une congolaise ». Précision, elle n’est pas la seule à décider ainsi. Bien attendu, les arguments qu’elle avançait étaient persuasifs. « Je fustige le fait que les médias diffusent à longueur de journée des nouvelles toujours tristes de guerres, meurtres, décapitations, enlèvements, viols, massacre, déplacements de populations ». Et comme si cela ne suffisait pas, l’élite politique congolaise patauge dans la démagogie totale en arguant que la paix et la stabilité étaient un processus et non une simple décision; tous les ingrédients pour vous rendre malade en tout cas » me déclarait ma soeur, il y a belle lurette. A première vue, ses explications paraissaient plausibles, avant d’être contredites par une autre frange toujours de la population congolaise en général et celle du Nord-Kivu en particulier qui pensait que : « L’information en temps de guerre constitue un pouvoir. Surtout quand on se réveille sous une pluie de bombes, ou une musique de cartouches dont aucun belligérant ne reconnaît être premier déclencheur, m’affirmait Jules, un enseignant de secondaire le mois passé. Il y a de quoi réfléchir deux fois avant de prendre pareille décision. Pour preuve, a-t-il poursuit, « il est de ces jours, où on se réveillait normalement, on vaquait comme à l’accoutumée à nos lieux de service, on se mettait au travail dans la quiétude totale quand, subitement, des mots d’ordre tombaient, « pour mesure de sécurité, toutes les personnes  sont priées de regagner leurs domiciles, car les combats s’intensifient à quelques kilomètres au nord de Goma ou carrément les mouvements inhabituels de taximen-moto alertaient la ville et la journée se clôturait brusquement à peine qu’elle commençait.»

Et donc, la psychose avait gagné les cœurs de tous les habitants de Goma, surtout depuis avril 2012 avec l’avènement de la rébellion du M23.

Les infos locales aussi traumatisaient. Des incendies déclarés dans le quartier Mapendo qui mettaient sur le chemin de l’errance plusieurs familles de la ville. Le nombre de maladies endémiques et même de victimes ne cessait de croître dans les camps de déplacés de guerre situés au tour de Goma. Ou encore, deux mois se sont écoulés sans que l’eau ne coule dans le robinet du quartier Kasika, Ndosho, Katindo.

En face de moi, j’ai d’un côté un journaliste qui se plaint de diffuser à longueur des journées des informations traumatiques et de l’autre côté une auditrice qui se lasse de suivre ce genre d’infos. Je suis écartelée entre les deux personnes en présence.

Dieu merci, c’est seulement hier que je me suis rendu compte qu’une lumière jaillissait au bout du tunnel. Avec la démonstration de force de vaillants militaires congolais face à la rébellion du M23, en récupérant les grands centres de Kibumba, Rutshuru et Kiwandja, que ces derniers occupaient jadis.

Le suspens est levé, la Guerre est FINIE en RDC.

A ces mots, ma sœur s’est précipitée sur le poste récepteur et a suivi les déclarations des habitants du coin qui chantaient « victoire, liberté et sécurité » et depuis lors, elle ne se sépare de sa radio que pour dormir. Mon ami, journaliste a aussi écrit, en signe de joie après avoir suivi la nouvelle, « je désire le journalisme pour le développement durable de mon peuple! »

Que dire d’autre ? PEACE !


RDC : Echec cuisant des concertations nationales ; la chaise du président est épargnée

Photo prise à la clôture des concertations nationales. R.O
Photo prise à la clôture des concertations nationales. R.O

Conscient et persuadé de son échec à mettre fin aux souffrances indicibles de la population congolaise, le président Kabila avait pris l’option de réunir les forces vives de la nation, du 07 septembre au 05 octobre 2013, dans la capitale pour dégager les voies et moyens susceptibles de rétablir l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national en insufflant un nouveau dynamisme au sein de l’exécutif. Savoir quitter les choses avant le temps, une grandeur d’âme (que j’étais naïve) .

Au vu du bilan assorti de ces travaux, grande est ma déception de constater qu’il (le raïs) en sort ragaillardi, réconforté parce qu’au lieu de faire la remise reprise avec des nouvelles têtes, il se félicite plutôt des résolutions prises qui lui excuse sa politique d’essai-erreur, qu’il s’est ingénié à exploiter onze ans durant au grand dam de la population touchée par les conflits meurtriers. C’est ainsi qu’il n a trouvé d’autres mots que de dire : « soyez assurés que je vous ai entendu et que je vous ai compris » devant le parterre de concertateurs, le jour de la clôture.

Le Congo, mon pays rate une fois de plus le train de son histoire

En parcourant la trentaine de recommandations –bien peaufinées d’ailleurs- je constate qu’on s’est limité à épingler les problèmes patents sans en fustiger l’attitude sclérosante des responsables étatiques.

En matière de gouvernance démocratique, les sept cents délégués ont proposé l’adoption d’un code d’éthique en vue de la poursuite du bien commun, de la promotion de l’intégrité et du renoncement de la prise du pouvoir par les armes dans le comportement de l’ensemble des dirigeants. D’emblée, il transparaît à travers le voile que les anciennes autorités compétentes ont violé ces règles et qu’il faille –si on veut réellement changer les choses- un réaménagement, une recomposition urgente ou une sélection de nouvelles têtes à la hauteur de ces tâches. Chose qui n’a pas été faite trois semaines durant.

Alors que par le passé, des rencontres similaires ont été organisées, (la conférence de Goma sur la paix, la sécurité et le développement en 2008, le dialogue de Sun City en 2002, les accords de Lusaka en 2009, et j’en oublie d’autres) résultats : des beaux textes au, des lois bien élaborées, des verves d’orateurs, mais aucune volonté politique idoine quant à ce.

Autre exemple surprenant, en vue du renforcement de l’Etat de droit et de la pacification des provinces en conflit ; les délégués ont recommandé l’identification des étrangers au sein de l’armée, de la police et des services de sécurité et l’éradication des groupes armés nationaux et étrangers sans mentionner les personnes instigatrices de ces situations, qui pourtant continuent à occuper des postes de prise de décision au pays sans être inquiété. Mes lunettes d’observatrice avertie, j’ai senti une volonté manifeste de taire les causes profondes de souffrances de la population pour s’attaquer aux conséquences visibles. Es ce par peur ou par ignorance ? On ne guérit pas une pathologie en ménageant le patient, sinon, malgré votre indulgence, il succombera.

Aucune alternative visiblement, et par ricochet l’argent du contribuable a été dépensé pour rien, car toutes les recommandations manquent de pragmatisme sous-tendant leurs mises en œuvre. Les citoyens n’auront leurs yeux que pour pleurer encore une fois. La panacée aux crises multiformes congolaise c’est la refonte des institutions. J’ai dit!!!

Chantal Faida

Goma