Pour que l’Afrique renaisse, son peuple doit être libre : vœu de Barack Nyare Mba, Mondoblogeur. Interview exclusive

Article : Pour que l’Afrique renaisse, son peuple doit être libre : vœu de Barack Nyare Mba, Mondoblogeur. Interview exclusive
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19 décembre 2013

Pour que l’Afrique renaisse, son peuple doit être libre : vœu de Barack Nyare Mba, Mondoblogeur. Interview exclusive

Barack Nyare Mba
Barack Nyare Mba

« Le Gabon a réussi sur le plan de l’unité nationale. C’est un réel acquis pour notre génération. De 60 à 90 il a été très prospère, après tous les secteurs vitaux ont été sacrifiés au profit de la politique. En plus de cet aspect, il n’y a jamais eu d’alternance politique au Gabon, ceux qui sont au pouvoir y sont depuis 45 ans …  En somme le peuple gabonais est entre le marteau et l’enclume. Heureusement qu’il est un métal que la majorité et l’opposition forgent sans le savoir. Un jour le peuple se lèvera pour demander le changement » B. Mba

Dans la vie il est de ces jours où tu tombes sur des créatures exceptionnelles qui te donnent du tonus, de l’inspiration, du souffle nouveau pour persévérer et tenir les coups en dépit d’incessants soucis quotidiens.

La magie des nouvelles technologies aidant, je suis tombée sur un jeune Africain, une perle et un frère gabonais très engagé dans le changement positif de son pays.

Universitaire de son état, activiste panafricain et passionné par la lecture et le football, Barack Nyare Mba, parce que c’est de lui qu’il s’agit, a une plume très fascinante (je vous recommande de visiter son Blog Esprit Africain utilisant le réseau Mondoblog), au travers de laquelle, il dénonce les tares de la gouvernance gabonaise, interpelle les jeunes et éveille la conscience de citoyens tant gabonais qu’africains. Dernièrement, il a accepté de nous accorder une interview exclusive sur son pays, le Gabon, merveille d’Afrique centrale et sur le Congo en passant, dont le contenu très riche est repris ci-dessous. Quel honneur et quel plaisir pour moi d’avoir rencontré cet homme plein d’ambition, de créativité et de valeurs.

Chantal Faida (Ch.F) : Bonjour Barack. C’est ton surnom (Barack) ou ton nom d’enfance tout simplement ?

 

Barack Nyare Mba (B. Mba) : Bonjour, Barack est mon pseudo emprunté a Barack Obama.

 

Ch.F : Barack Obama est donc ton modèle, ton repère, ton mentor, ton idole, pourquoi ?

 

B.Mba : Il représente l’espoir du peuple noir. Il m’a fait comprendre à travers son message que l’espoir est permis à ceux qui y croient, c’est pourquoi j’ai décidé d’emprunter son prénom. En plus ma fille se prénomme Sacha comme celle de B.Obama. Et elle est née le 7 novembre, 3 jours après sa première élection, le 4 novembre 2008.

 

Ch.F : Un destin, on dirait. On aimerait savoir qui est B. Nyare Mba

 

B.Mba : Barack Nyare Mba est un jeune étudiant africain qui étudie au Sénégal en 5e année audit et contrôle de gestion. Gabonais d’origine et fervent militant du panafricanisme. Blogueur activiste pour la démocratie et les libertés au Gabon et sur le continent. La renaissance africaine est l’objectif de ma lutte.

 

Ch.F : Un Africain hors pair je vois. A part le Gabon où tu es né, et le Sénégal où tu étudies, as-tu déjà visité d’autres pays africains ?

 

B.Mba : J’ai été au Ghana pendant un an et demi en jusqu’en 2008. J’ai vu là-bas ce qu’était le panafricanisme, c’était extraordinaire. J’ai été à Cape Coast au sud du Ghana, une ville où étaient les esclaves noirs, nos frères, sœurs, mères et pères. J’ai aussi été au Togo. J’ai visité Kara, la deuxième ville du pays. Une ville pleine d’histoire. Maintenant, je prévois d’aller en Ethiopie, en Egypte, en RDC et au pays de Mandela, en RSA.

 

Ch.F : Peux-tu nous donner une image du Gabon qui réussit depuis les indépendances africaines ?

 

B.Mba : Le Gabon a réussi sur le plan de l’unité nationale. C’est un réel acquis pour notre génération. Ce point est essentiel si nous voulons changer ce pays. Ensuite la scolarisation, 95 % des enfants sont scolarisés, mais pas dans des meilleures conditions. Effectifs pléthoriques, grèves multiples … A part ça, pas grand-chose, selon moi. Il faut savoir que le Gabon a été très prospère des  années 1960 aux années 1990. Depuis lors, tous les secteurs ont été sacrifiés au profit de la politique. Résultat, ces domaines ont stagné ou ne connaissent plus d’améliorations.

Ch.F : Une politique obsolète est observée depuis les années 90,  qu’elle serait l’origine de cette situation ?

 

B.Mba : Le système actuel est grippé et dépassé. Il ne correspond plus aux besoins des populations. Il y a une déconnexion entre l’Etat et le peuple, la politique politicienne est le maître absolu au Gabon. Les dirigeants font plus de politique qu’autre chose. En plus de cet aspect, il n’y a jamais eu d’alternance politique au Gabon, ceux qui sont au pouvoir y sont depuis 45 ans, les projets politiques sont les mêmes et la pratique du pouvoir est également la même c’est-à-dire la corruption, les passe-droits, l’injustice. L’impunité est également une coutume gabonaise, c’est pourquoi la plupart des projets n’aboutissent jamais parce que les responsables de projets détournent les fonds alloués à leurs profits sans impunités. Un vrai cancer.

 

Ch.F :45 ans de pouvoir sans partage ? Que font l’opposition et les forces vives, les syndicats, les jeunes du Gabon ? La responsabilité n’est-elle pas partagée entre d’un côté le politique et de l’autre les forces vives qui sont en pleine léthargie. . Les élections organisées c’est donc de la poudre aux yeux?

 

B.Mba : La société civile et les partis politiques doivent jouer leurs rôles et ils essaient un tant soit peu de le faire. Le régime est tellement enraciné et puissant qu’il est difficile pour les ONG (Organisations non gouvernementales) de faire comprendre au pouvoir la nécessité d’améliorer certaines choses. L’opposition est moribonde, ce sont des anciens hiérarchiques du parti au pouvoir qui ont fait dissidence. Ces opposants s’organisent mal, s’attardent sur les futilités, une opposition de façade qui n’inspire rien. En somme le peuple gabonais est entre le marteau et l’enclume. Heureusement qu’il est un métal que la majorité et l’opposition forgent sans le savoir. Un jour le peuple se lèvera pour demander le changement. Les élections ne reflètent plus la volonté du peuple. Le Parlement n’est pas celui qui représente le peuple, mais le parti au pouvoir.

 

 Ch.F : Au finish quelle est la panacée ? Et quelle est ta vision à toi de l’Afrique qui change, du Gabon qui prospère et du Congo qui se relève?
B.Mba : Pour finir, il faut savoir que l’origine du problème est le régime. Il faudrait une autre manière plus démocratique de gérer et une meilleure répartition des richesses si on veut que le Gabon soit prospère. En ce qui concerne le Congo, je pense que les souffrances ont trop duré, il est temps que les Congolais se parlent pour faire la paix. J’espère que ce jour viendra très vite, il y va de l’intérêt du peuple congolais. L’Afrique doit renaître. Pour cela il faudrait que son peuple soit libre.

 

Ch.F : Merci Barack Nyare Mba pour cette riche interview.

 

B.Mba : De rien, c’est moi qui te remercie Chantal.

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