RDC: Notre Simon Kimbangu c’est leur Mandela

10 octobre 2013

RDC: Notre Simon Kimbangu c’est leur Mandela

 

 

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Photo: droits tiers

L’ancien président sud-africain Nelson Mandela (95ans) est dans un état de santé grave mais stable et cela depuis trois mois déjà. Pendant 67 ans, le prix Nobel de la paix, a lutté contre l’apartheid (la domination des blancs sur les noirs et des noirs sur les blancs, ndlr). Plus qu’un simple nom, Mandela c’est tout un symbole, une lutte, un combat, un courage… Mandela c’est aussi le pardon, la tolérance, la réconciliation, l’amour et la paix.

Une des façons de dire merci à Mandela, en ce jour, c’est de l’imiter, de marcher sur ses traces. Godefroid Ka Mana, professeur d’université, pasteur et philosophe congolais vivant à Goma, nous livre ici le secret de la réussite de Mandela et les pistes à suivre par la jeunesse congolaise qui rêve un changement.

 

Chantal Faida : Professeur Kä Mana  vous êtes penseur et philosophe africain d’origine congolaise. Selon vous qui est Nelson Mandela ?

Kä Mana : Toute personnalité a une dimension réelle et une dimension mythique. Mais la personnalité de Mandela incarne une certaine Afrique dans sa grandeur. Une identité qui doit se faire respecter. Il incarne la liberté et une éthique politique qui démontre aux jeunes qu’une certaine Afrique est possible.

Chantal Faida : N. Mandela a milité pendant longtemps pour la cohabitation entre noirs et blancs en Afrique du Sud ? Qu’es ce que cela vous inspire ?

Kä Mana :  » Mandela était un gigantesque rêveur. Il a rêvé la libération des noirs d’Afrique du Sud. Il a voulu construire une Afrique du Sud Arc-en-ciel. Il a mis en valeur les idées de pardon, pour construire une grande nation. L’idée de la patience constructrice, une vision pratique. Il était un rêveur utopiste et un réaliste pragmatiste. Ses 27 années passées en prison, il n’aime pas en parler parce qu’il a pardonné et en a transformé en un désir de construire. Une expérience qui l’a forgé et qui a fait de lui un leader charismatique. Un approfondissement du sens de la révolution. Un homme pareil on en a tous le 5 siècles.

Chantal Faida : Mandela un rêveur et un leader charismatique. Pensez-vous que le Congo n’a jamais connu un homme pareil ?  

Kä Mana : Oh oui. Simon Kimbangu a passé plus d’années en prison que Mandela. Il a incarné la volonté d’indépendance au travers de la spiritualité. Notre Simon Kimbangu c’est leur Mandela. Je cite aussi Patrice Emery Lumumba. Ce dernier a incarné une vision capable de parler de la liberté et de la grandeur. On en a d’autres.

Chantal Faida : A part ces grandes figures congolaises de renom historiques, pouvez-vous nous citer d’autres personnalités qui suivent les pas de leaders charismatiques pour conduire le peuple congolais vers un idéal partagé. Surtout pour notre province du Nord-Kivu qui a connu plus de deux décennies de conflits armés ?

Kä Mana : Au Kivu, on a besoin de personnalités qui ont conscience des enjeux. Si Mandela a réussi, c’est parce qu’il était entouré d’autres militants dynamiques. D’aucuns s’appuient sur la prémisse que c’est la guerre qui déterminera notre vision de la paix, eh bien , non, c’est le retournement. Avec d’autres personnes, il faut construire la dynamique du pardon, de la vérité et de la réussite.

Chantal Faida : Un jeune nord-kivutien qui veut incarner le personnage de ce grand Leader, quel comportement doit-il adopter ? 

Kä Mana : Mandela avait la conscience de l’inacceptable avec l’apartheid. Il s’est indigné, il s’est révolté face à l’inacceptable, il s’est engagé dans un groupe et il a milité dans un parti politique, l’ANC (African National Congress) et il a donné sa vie à cette lutte et a développer le sens de l’action. Un jeune qui veut imiter Mandela doit suivre ce schéma. S’engager dans des groupes politiques d’action ou carrément le créer.

Chantal Faida : Au Nord-Kivu, la question d’identité meurtrière bats son plein. Comment pensez-vous un changement dans un contexte pareil ? Toujours à l’exemple de Nelson Mandela, le prix Nobel de la paix.   

Kä Mana : Mandela a commencé sa lutte comme un noir qui lutte contre un système de blanc et il a fini par un retournement quand il a vu que les identités meurtrières ne menaient à rien. Le potentiel identitaire constitue une richesse. Chaque ethnie doit chercher ce qu’il a de positif et l’offrir à la communauté toute entière. En regardant aujourd’hui l’Afrique du Sud, nous nous retrouverons face à un peuple indomptable qui a une forte capacité de résistance et une spiritualité de lutte.

Chantal Faida: Professeur Ka Mana, Merci.  »

Propos recueillis par Chantal Faida

 

 

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Commentaires

Phil Andrades

La lutte noble et liberatrice de l'Afrique demande de "plus que Mandela". Les propangandistes ont fait de Mandela le heros des heros mais quand on rentre à la realité, on se pose plusieurs questions. De toutes les facons, je souhaite que le peuple sud africain puisse se liberer economiquement et industriellement. C'est alors que l'illusion de la liberté actuelle sera manifeste et les yeux seront ouverts pour voir que Mandela n'est pas à la meme hauteur que Simon Kimbangu ou Thomas Sankara.

Jean-Louis Kayitenkore

Comment appliquer la vision de Mandela (Madiba) en RDC ou et aussi au Nord Kivu ?
Il faut faire un saut dans le temps. Aux années de l’indépendance de la RDC, La RDC brillait de mille feux, les Boers (Colons Sud Africains) venaient se faire soigner en RDC. Ils s’arrêtaient à Elisabethville. La RDC fut la première puissance industrielle du Continent. C’est la lecture que j’avais lors de mon premier voyage en Afrique du Sud. En atterrissant à Johannesburg, O.R. Tambo International Airport Cela nous a pris plus de cinq minutes au sol pour trouver un parking, pour donner une idée des dimensions de cet aéroport. Ma réaction fut une tristesse immense parce que la RDC faisait pale figure avec pourtant des débuts prometteurs. Il y’a des acquis e n RDC, le sens de l’appartenance, le civisme est encore timide parce qu’il a comme miroir tout ce qui ressemble au pouvoir au lieu de l’amour du pays. La base se trouve être le sol, la terre et aussi la critique historique. Il y’a eu et il y’a encore trop de pompiers pyromanes en RDC. Les gens se cherchent, cherchent une direction, cherchent un idéal. Comme je parlais de la fondation. Il faut construire dessus, je suis convaincu et cela est mon souhait que le Nord Kivu parviendra à faire table rase de ses démons, a s’assumer et chercher des solutions pratiques de façon sereine a tous ses problèmes. Et ce mini laboratoire qu’est le Nord Kivu peut servir de levier pour les autres parties de la RDC. Quand a l’anniversaire que nous fêtons aujourd’hui. Une année après la mort du Président Nelson Rolihlahla Mandela on peut développer une de ses réflexions « It is better to lead from behind and put others in front, especially when you celebrate victory when nice things occur. You take the front line when there is danger. Then people will appreciate your leadership” Il s’est retiré des affaires quand il brillait au firmament. Son aura n’a fait qu’augmenter. Il faut une certaine humilité pour avoir une perspective saine et mieux comprendre les concepts. Il y’a plusieurs Mandela en RDC et le champ d’action n’est pas restreint au domaine politique. L’infirmier qui va au travail sans avoir perçu son salaire pendant plus de quatre mois, c’est aussi un héros. Le policier qui refuse de céder à la tentation de la corruption, c’est aussi un héros. RIP Madiba, dearly missed