Lettre d’une congolaise à La Ministre d’Etat en charge de l’Environnement et du Développement Durable à Kinshasa 

Article : Lettre d’une congolaise à La Ministre d’Etat en charge de l’Environnement et du Développement Durable à Kinshasa 
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13 mai 2023

Lettre d’une congolaise à La Ministre d’Etat en charge de l’Environnement et du Développement Durable à Kinshasa 

S.O.S Kalehe / Votre mobilisation suffit !  
Excellence Mme La Ministre 
Au-delà de la douleur, de la tristesse et de la peur, 
Aujourd’hui plus que jamais votre ministère ferait œuvre utile à communiquer objectivement ,s’excuser au besoin et démonter que l’humain est au centre de l’action du Régime dont la vision repose sur le credo « Le Peuple d’abord » en vue de consacrer le slogan en vogue « être du bon côté de l’histoire ». 
La pluie fatale qui s’est abattue dans le Territoire de Kalehe le 04 mai 2023, dans une certaine mesure, est venue annihilée la présomptueuse vision de votre secteur « RDC Pays Solution de l’humanité face à la crise climatique ». Le peuple demande la solution!
Huit jours après les fortes inondations, en plus du bilan qui fait froid au dos – des âmes fauchées et non seulement des statistiques comme on l’annonce dans l’opinion – 438 compatriotes morts 
[Le peuple aimerait connaître l’identité complète si projet de mémorial il y a, ces noms y seront inscrits], 
25 nouveaux corps retrouvés soit dans la boue, soit dans les eaux, 2.000 logements détruits et comme si cela ne suffisait, près de 5.000 disparus [des humains svp pas seulement des statistiques]
Depuis que la RDC existe en tant que Nation, jamais dans son histoire en l’espace de quelques heures, une aussi grande catastrophe naturelle n’a eu à emporter un nombre aussi important de vies innocentes.
Il est vrai que plusieurs déterminants expliqueraient la survenance de ces inondations dramatiques, nonobstant, là où le bas blesse c’est l’attitude de votre ministère avant, pendant et peut-être après cette tragédie qui me force à vous adresser ces cris de cœur : 


1. AVANT LES INONDATIONS TRAGIQUES 


En 2014 [partant du principe de la continuité de l’Etat], un autre drame pareil s’était produit dans la même région et des études et recherches scientifiques avaient été réalisées et les recommandations majeures y relatives ont été le reboisement [conséquence de la massive coupe de bois de chauffe pour produire les makala ; situation justifiée par le manque d’alternative pour les besoins énergétiques] dans les hauteurs surplombant les localités aux pieds des montagnes d’où venaient les eaux, roches qui avaient emportées à l’époque plus de 80 personnes dont une chorale à Rambira qui était un samedi en pleine préparation du culte, des écoliers qui revenaient de l’école, des agriculteurs et des fermiers. Ainsi les différentes entités étaient en deuil et l’émoi était totale. Des fortes délégations gouvernementales sont arrivées, ont fait des promesses, tenter de réaliser quelques uns des engagements avant de s’en aller pour revenir à il y a peu [9 ans plus tard], en 2023 pour encore exprimer la solidarité, 
[enterrer indignement les nôtres parce que semble-t-il les morgues manquent dans les coins mais à qui la faute si les infrastructures de base, l’énergie et le climat des affaires sont défaillants ? est-ce aux victimes encore ? on ne tue pas un cadavre à ce que je sache. Le peuple congolais a été martyrisé depuis des lustres par ses gouvernants manquant de vision stratégique et de patriotisme! L’éducation à la citoyenneté devrait en premier lieu concerner nos dirigeants pour que le changement commence à la tête]
recommander à la population de se loger dans des endroits sûrs, distribuer une aide insuffisante, décréter le deuil et tenir des nouvelles promesses lors des conférences non relayées dans les localités touchées avant de passer à autre chose, urgences d’état évidemment ! 


2. PENDANT LES INONDATIONS 

Les routes sont coupées, l’aide humanitaire est bloquée, aucun Bateau ou navire du gouvernement n’a été réquisitionné sur une longue durée permettant à la population d’effectuer des navettes Goma-Bukavu au compte du trésor public en vue de permettre une expression de solidarité nationale à l’endroit des rescapés dont l’état mental est affecté au plus haut degré. 
Il est, certaines familles dont la lignée a été effacée complètement en dépit du fait qu’elles aient atteint auparavant 3 ou 4 générations. 
Les 5.000 disparus, l’opinion aimerait savoir s’ils auront droit à un enterrement au moins digne, sous d’autres cieux on déploie des volontaires nationaux avec des équipements adaptés pour identifier les corps sous les décombres et ensuite les enterrer dans des lieux appropriés. 
Non seulement, l’environnement des rescapés sera assaini pour prévenir les maladies ou épidémies graves qui résulteraient de la putréfaction des corps non inhumés mais aussi les derniers honneurs leurs seraient rendus. 
Des sources sûres, nous apprenons que l’atmosphère à Bushushu et Nyamukubi est polluée, la respiration des rescapés est quelque peu inconfortable. Une urgence dans une autre! Il est vrai que les recherches des corps doivent se poursuivre tout en pensant aux survivants. 
Les rescapés ont-ils où loger ? De toutes les catégories de population, s’il y a une qui est sédentaire de manière légendaire et bien c’est celle des paysans. 
Ma Tante paternelle qui a perdu plus de 30 proches directes a vu sa case sauvée miraculeusement et entourée des collines de boues. Au petit matin du 7 mai, après avoir balayer, fait le deuil précipitamment, elle a rejoint sa maison. La famille a tout fait pour la faire évacuer, elle est catégorique. Elle est très soucieuse et affectée mais elle tient à tout prix à rester vivre dans un environnement très incertain. Surtout avec les pluies qui se poursuivent, les eaux peuvent une fois de plus charrier les maisons restantes. Étant en deuil, on se remet à votre brigade spéciale environnementale pour la convaincre à évacuer du lieu ainsi que d’autres personnes se trouvant dans la même situation. Je donne cet exemple,  en dépit du fait que  des milliers de compatriotes sont sans abris et passent nuit à la belle étoile par manque des moyens de bord [Abris, eau potables, ustensiles, nourriture, médicaments]. L’aide distribuée n’est parvenue qu’à une poignée de rescapés et Dieu sait combien même après sa distribution, ils sont toujours dans les besoins de survie. Aussi bien en vivres, non vivres mais surtout celle psychologique. Déjà, les prophètes du coin ont affirmé que la fin du monde est bien réelle par manque d’explication logique de la tragédie. 
Les formations sanitaires, les hôpitaux, les motels, les Églises et mosquées, les marchés,  les écoles, les champs, les bateaux de pêche, tout ce tableau est à recréer ou à repenser. 
Je ne vais pas ici vous surcharger en vous renseignant également la problématique de carte pour citoyens étant donné les précieux sésames congolais [carte d’électeur] ont disparu et on parle ici de 5.500 personnes plus d’un siège au parlement national et provincial. Comment vont-ils pouvoir exprimer leur devoir civique de vote le 20 décembre 2023 lors des élections générales ? Malgré la détresse, ils conservent leurs droits civils. Votre mobilisation pour la constitution d’un fichier électronique de l’état civil permettrait une réorganisation rapide de l’enrôlement des électeurs dans la région.


3. APRÈS LES INONDATIONS 


Les sessions préliminaires des épreuves des élèves sont à l’arrêt pour les rescapés. Il y a urgence de sauver l’année scolaire pour ces survivants une façon de consoler véritablement la jeunesse.  Place à la formulation de la politique de relocalisation des localités jadis implantées sur les couloirs des rivières qui ont l’habitude de déborder ainsi que sur les terrains glissants.
Évidemment, si les institutions adoptent l’approche responsable et noble d’impliquer les experts en la matière, il est possible de repenser la construction d’autres villages avec les mêmes activités des habitants de la région ; écoles, marchés, ports, champs, etc. dans des espaces plus sûrs et dans les meilleurs délais. 
Cependant, les conditions minimales doivent être réunies c’est dire emménager des logis en matériaux durables avec le minimum d’équipements et meubles pour encourager la délocalisation volontaire de ceux et celles qui s’obstineraient comme ma tante de se maintenir dans leurs maisons à cause de l’attachement culturel avec les localités d’antan à risque. 
Pourquoi pas les transformer en villes modernes pour cette fois-ci inviter les investisseurs à s’installer dans la région avec des morgues et pompes funèbres minimales pour rendre justice aux âmes mises dans des sacs et enterrées dans les fosses communes au XXIe siècle sans l’accord de leurs membres de famille. Le sang des martyrs fait le limon du progrès des générations futures, disait un sage. 
II est vrai que tout ceci demande l’implication d’autres parties prenantes cependant je viens ici m’appuyer sur les prescrits de l’article 53 de notre Constitution [avant la future révision pour la conformité de Loi Tshani] telle que modifiée en 2011 
Article 53 Toute personne a droit à un environnement sain et propice à son épanouissement intégral. Elle a le devoir de le défendre. L’Etat veille à la protection de l’environnement et à la santé des populations.
Vous avez dit RDC Pays Solution face à la crise climatique ! Montrons l’exemple au reste de l’humanité au travers de la riposte adéquate ! Votre signature suffit pour la mise sur pieds d’une commisison de crise en vue de formuler rapidement un plan concret de mitigation holistique ! 
Chantal Faida Mulenga-byuma Rescapée de Bushushu/Kalehe

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