Les trois larmes d’une congolaise passionnée du changement

13 juin 2018

Les trois larmes d’une congolaise passionnée du changement

Luc Nkulula, décédé à 33 ans dans un incendie flou. Les résultats de l’enquête sont vivement attendus par la jeunesse africaine.

Le 11 juin 2018 à Goma, j’ai eu la chance de dire bonjour à tous les dignes et valeureux citoyens, les acteurs de la lutte non violente pour la justice sociale et la dignité humaine.

Cependant, je ne cherchais pas le visage de ces personnes. Cet après-midi fut le début d’une douleur insurmontable, une fois de plus. Je réalisais qu’en définitive, je ne le reverrai physiquement plus sur la terre des hommes : Luc Nkulula, activiste, est décédé. Mon visage est devenu pâle, mon esprit a voyagé dans le passé, vers les souvenirs mémorables de ce héros, la bonté de son âme, son sourire unique, sa générosité incomparable…

D’aucuns compatriotes virent trois larmes couler de mes yeux … La première était l’expression d’une profonde douleur, alors que je réalisais qu’un repère, une icône, un modèle de notre génération venait de rejoindre le royaume céleste.

Un homme extraordinaire arraché prématurément à sa famille biologique et à celle des défenseurs des droits humains en RDC. Un cerveau frais, une mémoire de la lutte non violente, une référence extraordinaire surtout quand il s’agissait d’imaginer un Congo Nouveau, le Congo pensé par nos pères fondateurs.

La deuxième larme était celle d’une profonde admiration pour l’héritage précieux du monument des valeurs démocratiques qui venait de tomber.

Cet être ordinaire avait la vision d’un État où les textes étaient appliqués scrupuleusement sans discrimination aucune. Une perle rare de la nation, la fierté de la jeunesse congolaise. A chaque question qui lui était adressée au sujet de sa passion de la lutte pour le changement, il répondait en évoquant les dispositions pertinentes de la Constitution. Les articles 22, 23, 24, 25, 26, 27, 42, 58, 59, 60, notamment. Je le surnommais « Mr les articles de la Constitution ».

La troisième larme fût une promesse.

Elle représentait la ferme conviction selon laquelle cet héritage sera notre pain quotidien patriotique. Chaque jour que Dieu fera sur terre, de notre vivant, nous suivrons le modèle de cette figure emblématique du changement. La promesse qu’à la hauteur de nos possibilités nous consacrerons toute notre énergie, notre force et notre intelligence à bâtir une nation de paix, d’amour et de prospérité comme il la construisait grâce aux actions qu’il avait faites de son vivant. Une nation où aucun humain ne sera déshumanisé sans que cela ne suscite émoi et idées d’action de bon sens. Une nation où la conscience nationale sera enseignée et suivie par tout le monde.

Luc Nkulula wa Mwamba n’est pas mort, il est vivant en nous. Nous te pleurons en poursuivant ton combat digne. Auprès du Père Très Haut, là au Ciel, tu peux être fier de ce que tu as construit en nous. Aujourd’hui plus que jamais l’injustice recule et la dignité humaine se restaure grâce à ton courage, ta détermination et ton implication.

33 ans de lutte pour le changement = 33 ans de pure révolution des mentalités, de rejet de la fatalité et de culture de fraternité et d’unité car tous les humains sont des frères. Don béni #Congo Des Aïeux #Congo Debout Congolais… Nous exigeons une enquête indépendante immédiate pour donner la lumière sur les circonstances de la disparition tragique de notre soldat de la démocratie !!! Ch.F

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Commentaires

Christian ELONGUE

C'est vrai que je ne connaissais pas très bien Luc Nkulula mais la lecture de ce texte a attisé ma soif d'en savoir davantage sur cet activiste non violent. En outre, l'enquête a-t-elle été élucidée?