Chantal Faida

Lettre d’une congolaise à La Ministre d’Etat en charge de l’Environnement et du Développement Durable à Kinshasa 

S.O.S Kalehe / Votre mobilisation suffit !  
Excellence Mme La Ministre 
Au-delà de la douleur, de la tristesse et de la peur, 
Aujourd’hui plus que jamais votre ministère ferait œuvre utile à communiquer objectivement ,s’excuser au besoin et démonter que l’humain est au centre de l’action du Régime dont la vision repose sur le credo « Le Peuple d’abord » en vue de consacrer le slogan en vogue « être du bon côté de l’histoire ». 
La pluie fatale qui s’est abattue dans le Territoire de Kalehe le 04 mai 2023, dans une certaine mesure, est venue annihilée la présomptueuse vision de votre secteur « RDC Pays Solution de l’humanité face à la crise climatique ». Le peuple demande la solution!
Huit jours après les fortes inondations, en plus du bilan qui fait froid au dos – des âmes fauchées et non seulement des statistiques comme on l’annonce dans l’opinion – 438 compatriotes morts 
[Le peuple aimerait connaître l’identité complète si projet de mémorial il y a, ces noms y seront inscrits], 
25 nouveaux corps retrouvés soit dans la boue, soit dans les eaux, 2.000 logements détruits et comme si cela ne suffisait, près de 5.000 disparus [des humains svp pas seulement des statistiques]
Depuis que la RDC existe en tant que Nation, jamais dans son histoire en l’espace de quelques heures, une aussi grande catastrophe naturelle n’a eu à emporter un nombre aussi important de vies innocentes.
Il est vrai que plusieurs déterminants expliqueraient la survenance de ces inondations dramatiques, nonobstant, là où le bas blesse c’est l’attitude de votre ministère avant, pendant et peut-être après cette tragédie qui me force à vous adresser ces cris de cœur : 


1. AVANT LES INONDATIONS TRAGIQUES 


En 2014 [partant du principe de la continuité de l’Etat], un autre drame pareil s’était produit dans la même région et des études et recherches scientifiques avaient été réalisées et les recommandations majeures y relatives ont été le reboisement [conséquence de la massive coupe de bois de chauffe pour produire les makala ; situation justifiée par le manque d’alternative pour les besoins énergétiques] dans les hauteurs surplombant les localités aux pieds des montagnes d’où venaient les eaux, roches qui avaient emportées à l’époque plus de 80 personnes dont une chorale à Rambira qui était un samedi en pleine préparation du culte, des écoliers qui revenaient de l’école, des agriculteurs et des fermiers. Ainsi les différentes entités étaient en deuil et l’émoi était totale. Des fortes délégations gouvernementales sont arrivées, ont fait des promesses, tenter de réaliser quelques uns des engagements avant de s’en aller pour revenir à il y a peu [9 ans plus tard], en 2023 pour encore exprimer la solidarité, 
[enterrer indignement les nôtres parce que semble-t-il les morgues manquent dans les coins mais à qui la faute si les infrastructures de base, l’énergie et le climat des affaires sont défaillants ? est-ce aux victimes encore ? on ne tue pas un cadavre à ce que je sache. Le peuple congolais a été martyrisé depuis des lustres par ses gouvernants manquant de vision stratégique et de patriotisme! L’éducation à la citoyenneté devrait en premier lieu concerner nos dirigeants pour que le changement commence à la tête]
recommander à la population de se loger dans des endroits sûrs, distribuer une aide insuffisante, décréter le deuil et tenir des nouvelles promesses lors des conférences non relayées dans les localités touchées avant de passer à autre chose, urgences d’état évidemment ! 


2. PENDANT LES INONDATIONS 

Les routes sont coupées, l’aide humanitaire est bloquée, aucun Bateau ou navire du gouvernement n’a été réquisitionné sur une longue durée permettant à la population d’effectuer des navettes Goma-Bukavu au compte du trésor public en vue de permettre une expression de solidarité nationale à l’endroit des rescapés dont l’état mental est affecté au plus haut degré. 
Il est, certaines familles dont la lignée a été effacée complètement en dépit du fait qu’elles aient atteint auparavant 3 ou 4 générations. 
Les 5.000 disparus, l’opinion aimerait savoir s’ils auront droit à un enterrement au moins digne, sous d’autres cieux on déploie des volontaires nationaux avec des équipements adaptés pour identifier les corps sous les décombres et ensuite les enterrer dans des lieux appropriés. 
Non seulement, l’environnement des rescapés sera assaini pour prévenir les maladies ou épidémies graves qui résulteraient de la putréfaction des corps non inhumés mais aussi les derniers honneurs leurs seraient rendus. 
Des sources sûres, nous apprenons que l’atmosphère à Bushushu et Nyamukubi est polluée, la respiration des rescapés est quelque peu inconfortable. Une urgence dans une autre! Il est vrai que les recherches des corps doivent se poursuivre tout en pensant aux survivants. 
Les rescapés ont-ils où loger ? De toutes les catégories de population, s’il y a une qui est sédentaire de manière légendaire et bien c’est celle des paysans. 
Ma Tante paternelle qui a perdu plus de 30 proches directes a vu sa case sauvée miraculeusement et entourée des collines de boues. Au petit matin du 7 mai, après avoir balayer, fait le deuil précipitamment, elle a rejoint sa maison. La famille a tout fait pour la faire évacuer, elle est catégorique. Elle est très soucieuse et affectée mais elle tient à tout prix à rester vivre dans un environnement très incertain. Surtout avec les pluies qui se poursuivent, les eaux peuvent une fois de plus charrier les maisons restantes. Étant en deuil, on se remet à votre brigade spéciale environnementale pour la convaincre à évacuer du lieu ainsi que d’autres personnes se trouvant dans la même situation. Je donne cet exemple,  en dépit du fait que  des milliers de compatriotes sont sans abris et passent nuit à la belle étoile par manque des moyens de bord [Abris, eau potables, ustensiles, nourriture, médicaments]. L’aide distribuée n’est parvenue qu’à une poignée de rescapés et Dieu sait combien même après sa distribution, ils sont toujours dans les besoins de survie. Aussi bien en vivres, non vivres mais surtout celle psychologique. Déjà, les prophètes du coin ont affirmé que la fin du monde est bien réelle par manque d’explication logique de la tragédie. 
Les formations sanitaires, les hôpitaux, les motels, les Églises et mosquées, les marchés,  les écoles, les champs, les bateaux de pêche, tout ce tableau est à recréer ou à repenser. 
Je ne vais pas ici vous surcharger en vous renseignant également la problématique de carte pour citoyens étant donné les précieux sésames congolais [carte d’électeur] ont disparu et on parle ici de 5.500 personnes plus d’un siège au parlement national et provincial. Comment vont-ils pouvoir exprimer leur devoir civique de vote le 20 décembre 2023 lors des élections générales ? Malgré la détresse, ils conservent leurs droits civils. Votre mobilisation pour la constitution d’un fichier électronique de l’état civil permettrait une réorganisation rapide de l’enrôlement des électeurs dans la région.


3. APRÈS LES INONDATIONS 


Les sessions préliminaires des épreuves des élèves sont à l’arrêt pour les rescapés. Il y a urgence de sauver l’année scolaire pour ces survivants une façon de consoler véritablement la jeunesse.  Place à la formulation de la politique de relocalisation des localités jadis implantées sur les couloirs des rivières qui ont l’habitude de déborder ainsi que sur les terrains glissants.
Évidemment, si les institutions adoptent l’approche responsable et noble d’impliquer les experts en la matière, il est possible de repenser la construction d’autres villages avec les mêmes activités des habitants de la région ; écoles, marchés, ports, champs, etc. dans des espaces plus sûrs et dans les meilleurs délais. 
Cependant, les conditions minimales doivent être réunies c’est dire emménager des logis en matériaux durables avec le minimum d’équipements et meubles pour encourager la délocalisation volontaire de ceux et celles qui s’obstineraient comme ma tante de se maintenir dans leurs maisons à cause de l’attachement culturel avec les localités d’antan à risque. 
Pourquoi pas les transformer en villes modernes pour cette fois-ci inviter les investisseurs à s’installer dans la région avec des morgues et pompes funèbres minimales pour rendre justice aux âmes mises dans des sacs et enterrées dans les fosses communes au XXIe siècle sans l’accord de leurs membres de famille. Le sang des martyrs fait le limon du progrès des générations futures, disait un sage. 
II est vrai que tout ceci demande l’implication d’autres parties prenantes cependant je viens ici m’appuyer sur les prescrits de l’article 53 de notre Constitution [avant la future révision pour la conformité de Loi Tshani] telle que modifiée en 2011 
Article 53 Toute personne a droit à un environnement sain et propice à son épanouissement intégral. Elle a le devoir de le défendre. L’Etat veille à la protection de l’environnement et à la santé des populations.
Vous avez dit RDC Pays Solution face à la crise climatique ! Montrons l’exemple au reste de l’humanité au travers de la riposte adéquate ! Votre signature suffit pour la mise sur pieds d’une commisison de crise en vue de formuler rapidement un plan concret de mitigation holistique ! 
Chantal Faida Mulenga-byuma Rescapée de Bushushu/Kalehe


RDC : lettre d’une congolaise au Saint Père

Dès le début de son 40e voyage apostolique, le Pape François s’est élevé contre les multiples formes d’exploitation menées en Afrique et plus spécialement en République démocratique du Congo, où il est arrivé ce mardi 31 janvier après-midi. A cette occasion, j’ai aussi des mots à lui adresser.
Le pape François en RDC
© Ekip

Au pape François, successeur de Saint Pierre

Le 31 janvier 2023

Objet : Cri de cœur 

Sa Sainteté, successeur de Saint Pierre, Apôtre de Jésus-Christ, 266 ème Pape de notre Église Catholique,
Je vous souhaite la bienvenue chez nous [Mille mercis pour ce geste très symbolique de compassion et historique], et partage avec vous mes trois problématiques sur la persistance des conflits violents en RDC sans tabous : l’histoire et la conséquence de la violence en RDC, la gouvernance sécuritaire et judiciaire. 


1. Votre visite est opportune, remarquable et consolatrice de nos peines ! 

5,4 millions de morts sur la période 1997-2008 selon l’International Rescue Committee (IRC), de 2008 à 2023, 15 ans plus tard d’activisme des groupes armés non étatiques les statistiques ont évolué vers 10 millions d’âmes congolaises ayant péri dans ce que d’aucuns hésitent de qualifier de génocide. 

© cottonbro studio


Pendant que je saisis ce texte, les armes crépitent à 70km de Goma où je me trouve. Des détonations à l’arme lourde, vols, kidnapping, viols et famines, les victimes directes et indirectes sont innombrables ! Le Presbytère a été vandalisé et la Paroisse de la cité de Kitshanga dans le Territoire de Masisi profané en janvier 2023, on rapporte également des tueries des enfants et des femmes par les ennemis de la paix, les rebelles du Mouvement du 23 mars 2009/RDF armée rwandaise, dont le cahier des charges clair demeure inconnu à ce jour. A Beni, près de 15 chrétiens de l’Eglise du Christ au Congo ont péri dans un attentat à la bombe piégée par les rebelles ADF il y a peu. En ituri, près de 80 civils ont été tués en l’espace de deux mois, attaque attribuée aux rebelles CODECO. 


6 millions de mes compatriotes (dont 51% de femmes) se retrouvent sans assistance adéquate dans des familles d’accueil et des sites des déplacées au Nord-Kivu et en Ituri tandis que plus de 900.000 sont des réfugiés. Notons que plus de 80 % de ces déplacements sont dus à des attaques et affrontements armés.


Cette situation éprouvante dure depuis près de 30 ans. Il y a une génération (la mienne) qui est née dans la guerre, a grandit dans la guerre mais s’est résolue à ne pas mourir dans la guerre; en décidant d’agir pour la construction de la paix durable par des actions citoyennes et patriotiques. 
En votre qualité de Pasteur et de Chef de l’Etat du Vatican je vous prie de bien vouloir porter ce peuple dans vos prières quotidiennes et plaider notre cause au niveau international pour que la justice internationale prenne à bras le corps notre ultime demande d’avoir un Tribunal pénal international pour juger les crimes odieux impunis en RDC depuis des lustres. 

2. Exorcisez-nous de l’attitude attentiste qui nous hante et nous pousse trop souvent à sous-traiter notre sécurité et notre social !


Mon Pasteur, il est des modes de gouvernance dans mon pays qui font se retourner dans la tombe nos pères fondateurs Lumumba et Kimbangu. Depuis des lustres, plus de 52 nationalités sont recensées dans les différentes forces de [ l’insécurité oh pardon que dis-je ] la paix travaillant aux côtés des FARDC forces loyalistes et d’autres forces étrangères s’invite de nos jours au grand dam de la population qui endure les atrocités que ces dernières documentent parfaitement avec des photos d’illustration ! 

Patrice Emery Lumumba, lors de la réunion du Sénat qui l’oppose alors à Justin Bomboko, à Léopoldville (actuelle Kinshasa), au Congo belge, le 10 septembre 1960.
© AP Photo/H. Babout

Certains observateurs sont arrivés à démontrer que certains groupes armés se créent à la suite du taux élevé de chômage de la population active. Ainsi, une stratégie a été pensée de désarmement, démobilisation et relèvement communautaire visant la réduction sensible des milices et groupes rebelles internes cependant ; la mise en œuvre de cet ambitieux programme piétine par manque de planification des priorités et de budget ! En même temps, le citoyen lambda constate non sans regret que le train de vie des institutions ne s’est pas mué en austérité !  

En 2022, l’organisation OCHA a déclaré la crise humanitaire congolaise comme étant la 1ère crise humanitaire mondiale. Le budget national alloué à la réponse humanitaire n’est pas à la hauteur des attentes des populations dans les besoins. Les vivres et non vivres distribués aux compatriotes déplacés, une grande quantité est importée et malgré cela, elle ne suffit pas et n’est pas permanente. Le nombre d’enfants, de femmes et d’hommes congolais en manque de logement, de soins, d’eau, de sanitaire, d’éducation, de nourriture et de sécurité dans les sites de déplacements ne cesse d’augmenter dans une indifférence nationale et internationale déconcertantes ! Il y a urgence, solidarité rapide, le peuple de Dieu est martyrisé.


3. La justice nationale, l’on remarque une impunité insolente !


Nos bourreaux d’hier se blanchissent en intégrant le monde politique; [soit disant au nom de la paix] se faisant élire à coups de campagnes électorales DAB (Distributeurs Automatiques des billets de banque) en lieu et place de la promotion des PSV (Projets & Visions de société valeureux gage de transformation sociale).

Les rares acteurs/actrices sociaux qui se lancent avec vocation sacerdoce et dévouement au service de l’intérêt général ne sont pas audibles et leurs idées novatrices de réforme du système de défense par exemple sont phagocytées face au vacarme assourdissant des promesses chimériques sans indicateurs des vendeurs des rêves. Pour une culture de maturité électorale, notre Église s’engagera pour changer ce paradigme.

© ZENIT


Saint Père, le thème de votre tournée « Tous réconciliés en Jésus-Christ » est très éloquent. La RDC est favorable à la réconciliation pardon mais promeut la justice transitionnelle. Pendant longtemps, cette terre des bienheureux [dont je sollicite leur canonisation par votre passage au regard de leur intercession efficace au peuple de Dieu] Bakanja et Nengapeta a fait l’objet de prédation internationale de nos ressources du sol et du sol, par les sociétés multinationales qui vont jusqu’à ignorer les droits humains des âmes précieuses de Notre Créateur juste pour les gains.


Ce prêche est également significatif dans le reste du monde car le phénomène migrant africains risquant leur vie pour se mettre à l’abri de la misère en occident tire son origine dans ce néocolonialisme de pensée qui débouche sur une essence d’acculturation de l’imaginaire collectif africain. 


Les saintes écritures disent Mathieu 5.9 : “Heureux les artisans de paix car ils seront appelés fils de Dieu “Que l’être humain qui vous écoute en RDC et dans toute l’humanité conserve en lettre d’or ces paroles de valeur pour enfin humer le calumet de la paix et vivre le bonheur partagé!
Que votre séjour sur le sol béni de Dieu #RDC soit excellent, riche en apprentissage et rempli d’engagement de soutien tous azimuts aux vulnérables et sans voix. 


Fait à Goma,

Écrit par Chantal Faida Mulenga-byuma,

Activiste sociale.


Eruption du Nyiragongo : même pas peur !

Des lacs de laves éblouissantes, dégageant une chaleur extrême et asphyxiant des âmes à proximité, ravageant sans pitié maisons, commerces, écoles, hôpitaux, etc. Le bilan 48 h après la troisième éruption du Nyiragongo dans la ville mythique de Goma renseignait 32 morts, 8 blessés, près de 200 enfants disparus, 20 villages engloutis avec plus de 2.500 maisons, le réseau d’eau et d’électricité fortement endommagé et 1.700 m de routes détruites, bloquant la circulation de l’axe le plus fréquenté, Kibumba-Rutshuru-Beni et donc le ravitaillement alimentaire de Goma.

Acte 1 : panne incompréhensible de l’alarme de l’OVG

La réaction des autorités compétentes n’a pas été à la hauteur de la situation. D’aucuns affirment que l’impression donnée par le gouvernement militaire du Nord-Kivu est semblable à l’attitude d’un compétiteur de boxe, qui, même sans entrainement conséquent, crie à qui veut l’entendre qu’il n’a pas peur face à l’adversaire qui qu’il soit ! Alors que la nature a pris 19 ans d’entraînement depuis l’éruption de 2002 !

La population n’a pas senti la force des pouvoirs publics pour surtout prévenir la crise, et même gérer les conséquences humanitaires graves causées par les déplacements de plusieurs ménages. Coordination humanitaire, transport, soins, logements, vivres… Au moment M, presque tout manquait.

L’avant-midi du samedi était paisible. La population faisant de son mieux pour survivre, soutenant avec fermeté les opérations finales du gouvernement de traque des groupes armés dans les six territoires du Nord-Kivu, dans le cadre de l’Etat de siège.

Les vagues surfaient sur les abords du Lac Kivu (fabuleux spectacle qu’on ne peut d’ailleurs percevoir aisément car une certaine classe sociale s’est accaparée le privilège de la belle vue du Lac Kivu et obligeant le commun de mortels constitué pourtant d’une grande majorité de la population à contempler la colline du Mont Goma, à admirer « c’est amplement touristique » la roche volcanique qui d’ailleurs, fertilise les jardins familiales et à observer non sans gêne les mouvements de recherche d’eau potable à pieds, sur des vélos ; encore faut-il savoir « si les humanitaires étrangers ravitaillent les citernes avec du chlore », etc.) ; grosso modo, l’après-midi du 22 mai 2021, tout a basculé, une nouvelle page de l’histoire s’est ajoutée à ma ville.

En début de soirée, des échos authentiques nous parvenaient et annonçaient l’éruption du général, Terminator, voisin éternel Nyiragongo (aucun habitant de Goma n’admet l’option de délocalisation de la ville, c’est comme ça, on aime le volcan même si l’inverse n’est pas vrai). Certaines, « ultracrépidariennes » disaient, « l’éruption est réelle » ; les sceptiques – nombreux – rétorquaient, « on a coutume d’entendre ça, ce n’est pas vrai ; d’ailleurs, un mécanisme d’alerte existe, le signal d’évacuation sera donné. » Oh, que dalle ! D’autres personnes non informées se frayaient avec peine un passage dans le lourd trafic de la grande artère, marché Alanine et entrée du musée, tout cela sans communication officielle claire sur la réalité de ce qu’il se passait.

De fil en aiguille, la lave réelle avançait, les populations résidant les quartiers nord de la ville évacuaient. Les dubitatifs ont cru et ont pris la mesure de la situation.

Acte 2 : 1er épisode d’évacuation, des maisons calcinées

Où partir ? par quels moyens ? avec qui ? qui veille sur la maison ?

Dans l’intervalle d’une heure, toutes ces questions ont trouvé des réponses selon les cas. Les plus forts sont partis se mettre à l’abri dans les endroits plus ou moins sûrs, se remémorant l’éruption du Nyiragongo de 2002 (plus ravageuse). Les questions éminemment éthiques, morales, de bon sens, se posaient face à l’évacuation des personnes à mobilité réduite. Comme disait l’autre, nul n’est fort pour soi-même. La force de toute personne se trouve dans l’aide que cette personne apporte à son semblable, qui est fragile.

Certaines familles ont eu l’idée d’évacuer les « forts » et de laisser les vieux, personnes vivant avec handicap sous la vigilance et la surveillance des jeunes que je nomme les « héros » de l’histoire. La grâce divine agissant, les autres héros sont revenus aider à l’évacuation de ces vulnérables dans le quartier Buhene. La chance !

Si l’alarme de l’observatoire volcanique de Goma avait sonné, les dispositions allaient être prises bien avant et la panique folle aurait été évitée. Dieu seul sait combien de personnes sont traumatisées depuis ce jour et peut-être, n’auront pas la chance de consulter des spécialistes !

D’autres quartiers éloignés de la source de lave, une grande partie de la population, est restée en alerte avant l’évacuation générale, étant donné la faible vitesse de la lave. Des appels à l’aide humanitaire ont commencé en faveur des premiers déplacés, qui manquaient de tout pour survivre. Gratitude à toutes ces personnes qui se sont mobilisées.

Le dimanche matin, la coulée de lave s’est estompée ! Un miracle. Fallait-il revenir ?

Acte 3 : 2e épisode d’évacuation, tremblement de terre, reprise d’éruption

Une autre phase cruciale et rocambolesque s’annonçait. Les activités sismiques de forte intensité ont enclenché une panique générale et détruit quelques maisons à Goma.

L’autorité publique qui n’avait pas déclenché l’alarme (Dieu sait combien d’exercices de simulation avaient eu lieu en son temps dans cette ville, et l’autre dirait, « tout cet argent du contribuable dépensé en vain ? » ) a par miracle retrouvé le matériel adéquat enfoui dans des entrepôts de la douane, par manque de ressources de dédouanement (après tout, les priorités gouvernementales sont ailleurs, festivités de l’indépendance par exemple…) et dans l’effervescence de cette puissance publique retrouvée, l’alarme sonna. Après que la lave soit passée, qu’est-ce qui peux encore occasionner ce signalement ? Peut-être que le voisin du « général » Nyiragongo, le « gentil » Nyamulagira connu plutôt pour son attitude docile de cracher son feu dans le parc (au grand dam des conservateurs de notre écosystème) est entré en danse, fulminaient certains.

Oh que non : c’était une erreur de manipulation de l’alarme ! Comprenez !

Comme si cela ne suffisait pas, tôt le matin, alors que la surveillance du volcan est renforcée, un autre communiqué officiel tombait, (alors certains se demandent que croire finalement ? Est-ce que ce n’est pas une erreur supplémentaire ? Seul l’avenir nous le dira). L’évacuation « obligatoire » de 10 quartiers sur les 18 que compte Goma pour cause d’une imminente nouvelle éruption, qui pourrait se produire dans le lac Kivu, ce qui pourrait libérer massivement du gaz carbonique tueur sous le lac ( il y a lieu de rappeler que le gaz méthane inexploité se concentre, ce fait est connu depuis des lustres, mais le lancement du dégazage traine, comme toujours, notre gouvernement attend gérer les crises, prévoir n’est pas une bonne option, puisqu’on n’a pas peur ! Nous sommes le gouvernement !).

Les habitants des quartiers de la ville se trouvant sur le tracé des fissures volcaniques, doivent évacuer vers des sites indiqués (Sake, Kibumba, Bukavu, etc.)

Ok, les habitants des quartiers indiqués, mais pas seulement, prennent leurs valises et exécutent l’ordre de la hiérarchie. Arrivés au lieu de refuge à Sake (près de 20 km de Goma) pour la grande majorité, la belle nature verte (avec une rivière salée, une eau non potable) et des pans entiers de forêts du parc des Virunga les accueillent. Aucun dispositif public préparé pour accueillir les centaines de milliers de population qui veulent cette fois croire au bon déclenchement de l’alerte d’évacuation. Evacuer plus de 10 000 personnes sans plan de contingence revient à déclencher une famine sans précédent, exposer les personnes vulnérables à des risques sanitaires graves. Plusieurs femmes enceintes ont fait des fausses couches, des disparitions d’enfants ont été enregistrés, des tracasseries policières signalées, un monde sans loi, bonjour le chaos. On n’a pas peur ! Nous sommes le gouvernement !

Le même jour, certains courageux face au spectacle de désespoir des sites d’accueil à Sake ont décidé unilatéralement de regagner Goma.

Ne voyant pas de salut là ou les autorités leur avaient indiqué d’aller. Certains continuaient d’évacuer, d’autres regagnaient la ville.

Une scène ahurissante qui n’a pas laissé indifférente le « général » Nyiragongo, qui décida de faire une pause de séismes, de ne pas se rapprocher du gaz du lac, et même de refroidir son magma de feu souterrain. Cette fois, la peur a changé de camp…

11 jours après, très exactement le 7 juin, le communiqué officiel du gouvernement invitait les personnes déplacées à regagner leurs résidences car la menace était passée. Le même communiqué demandait aux personnes sinistrées totales (dont les maisons avaient été calcinées) de prendre patience avant de rentrer, le temps que l’autorité puisse identifier des nouveaux terrains et reconstruire pour elles des nouvelles maisons. Tout le monde veut y croire !

Le service public n’est pas un privilège, mais un droit !


Lettre ouverte au Président, Votre parole suffit!

Lettre ouverte au Président de la République de la République Démocratique du Congo 
Votre parole d’officier suffit !


Monsieur le Président, 


Mon enseignant de comptabilité de base en 3ème année secondaire à l’Institut Mwanga à Goma disait ceci : s’il m’etait donné un privilège de diriger ce pays un jour, en trois minutes je laisserai des traces indélébiles et je m’en irai. Je signerai des actes de haute portée pour instaurer une classe politique au service du peuple. »


Mon frère, un citoyen engagé et défenseur d’un Congo puissant nous rabâche chaque jour cette phrase. « Lorsque je deviendrai président de la république, en une heure, je déciderai de la construction des routes d’interconnexion provinciale et territoriale et aussitôt après j’irai m’occuper d’autres priorités de développement en citoyen ordinaire. 
Monsieur le Président, Vous vous demandez pourquoi je partage avec ces anecdotes alors que vous avez un pays à gérer et n’avez aucune minute à consacrer à cette correspondance venant d’une  idéaliste mais pas que.


La Nation congolaise se meurt, 


Monsieur le Président, Chaque jour que Dieu fait, au moins une vie innocente est attaquée, agressée, violentee ou alors (le pire) abrégée à la suite de l’insécurité. 
A Beni, 16 compatriotes innocents ont péri dans des attaques attribuées à des rebelles ougandais et rwandais ADF. 
Les groupes armés non étatiques étrangers mais pas seulement, – quelques fois- les forces loyalistes au grand dam des populations imposent la terreur dans l’Etat que vous gerez. 
Ce qui est encourageant et qui donne espoir à plus d’un ce que, contrairement à la maladie de coronavirus COVID-19 sans remède scientifique prouvée ; le massacre des populations à l’Est de la RDC (COVID-1996 date à laquelle les premières victimes de la guerre la plus meurtrière dans la sous région des grands Lacs ayant fait plus de 6 millions de morts);  


Pensée pieuse aux familles éplorées,


Monsieur le Président,

Permettez moi cette parenthèse, une utopie à ce jour… 
Quand je serai présidente je leur dédierai la journée du 21 septembre, journée de la PAIX à l’internationale mais en RDC journée en hommage aux innocents tués. 
Le sang des martyrs est le limon fertile de la conscience collective et le gage de la concorde nationale de tout peuple à travers le monde. Car la leçon est bien retenue : des idées, des pensées divergentes peuvent éclore ;  occasionner des débats démocratiques sans passion mais quand surgit le démon de la violence ; halte ! la cohésion sociale s’impose. Ce qui nous lit est plus fort que ce qui nous divise, dit-on. La terre de nos ancêtres est sacrée on se doit de la protéger. 


Monsieur le Président, 


Je reviens au parallélisme COVID19 et (COVID 1996) ou question d’insécurité en Ituri, au Nord et Sud-Kivu, au Tanganyika, et partout ailleurs ; cette dernière a un remède légalement connu :  » L’ARTICLE 69 DE LA CONSTITUTION … le Chef de l’Etat est garant de l’intégrité territoriale et la souveraineté nationale. « 
Point n’est besoin d’aller faire des essaies cliniques ou aller fouiner dans la pharmacopée malgache ; ce protocole (la constitution = loi des lois) a montré ses résultats dans tous les autres États du monde. 
Le confinement des milliers des personnes en errance dans les camps des déplacés sera levé hic et nunc.
La distance de sécurité face aux femmes et enfants sera suivie, aucune forme de violence ne passera car la JUSTICE FERA SON TRAVAIL 
Aucun gant ni masque ne sont obligatoires pour signer l’Etat (d’urgence oh pardon que dis-je) l’Etat de guerre. 
Un dicton populaire dis ceci : les parents ayant enfanté des belles filles herissent des mûrs en béton. 


Monsieur le Président, 

La RDC ne doit nullement continuer à être violentee à cause de ses richesses de sous sol.Que les États qui en ont besoin viennent négocier avec vous notre chef d’égal à égal sans recourir aux sous-traitants dont les mains sont remplies de sang. Seuls les faibles évitent le dialogue.Les forts démontrent leur puissance au travers de leur stratégie. La meilleure équipe se concentre sur l’attaque (quand elle est provoquée) avant de se recentrer sur sa défense. 


Grosso modo, 

Monsieur le Président, 


Contrairement aux utopies de mon enseignant et de mon frère évoqués plus haut, Vous avez déjà fait plus de 3 minutes et d’une heure, mais le peuple s’interroge !


Quelle est votre plus grande trace ?
Quel pan d’histoire retenir de votre passage au sommet de la nation de Lumumba en une année ?   Quelle réalisation majeure vaut plus que le rétablissement de l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du pays de Kimpa Vita ?
 » L’article 16 de la Constitution : la vie humaine est sacrée, l’Etat a l’obligation de la protéger… « 


Monsieur le Président, 


Votre parole d’officier suffit !


Fille de Goma 
La Voix de l’espoir. 
Chantal Faida Mulenga-byuma


« On n’aura jamais une société parfaite mais une meilleure société » : interview du poète congolais Florian Amaru

Florian Amaru
Florian Amaru à la sortie d’une conférence avec des jeunes à Goma. Photo droits tiers

Cher(e)s lecteur.rices, le poète Florian Amaru a accepté (après l’entretien de 2013) de répondre à nos questions sur les questions de gouvernance participative en RDC ainsi que sur la risposte de la maladie Covid-19 en RDC. A quelques jours de la célébration du 60 ème anniversaire de la RDC, le 30 juin.

Panafricaniste, il est un analyste-politique des biographies des grands défenseurs des droits humains que le monde a connu. Malcom X, Martin Luther King, Gandhi, Mandela, Lumumba, Nkrumah, Cheick Anta Diop. Plus de trente poèmes à son actif et deux livres distribués en e-book : Le changement de l’Afrique commence par nous et Jeunesse éveille-toi.

Pour bien résumer son travail je dirai tout simplement qu’il est un acteur de changement et figure parmi les congolais qui agissent pour l’intérêt général dans toute entreprise. Quatre-vingt millions de préoccupations des congolais, quelques âmes dévouées pour trouver la solution ; Florian Amaru fait partie de ce dernier groupe.

Chantal Faida : La RDC est agressée dans toutes les limites de ses frontières. Quelle est votre analyse ?

Florian Amaru : Comme beaucoup de Congolais le savent, nos frontières sont poreuses et nos terres sont convoitées par tout le monde. Il y a une quasi-inexistence des forces armées dans certains coins du pays, ce qui rend le peuple à la merci d’envahisseurs de tout bord. Les exemples sont légions, à Aru, à Beni, en Ituri, des étrangers viennent sévir dans l’impunité totale car l’impression amère est que l’Etat Congolais est fragile. Les terres d’un pays sont sacrées et quand elles sont sans cesse violées, le prix à payer est coûteux. Il s’agit de vies humaines, d’enfants et de femmes Congolais qui crient mais dont les pleurs sont étouffés par les chamailleries internes des autorités. La cacophonie et ces disputes qui sont devenues monnaie courante ne concernent en rien la population, au contraire lui rendent un mauvais service. La priorité pour certains est leurs postes plutôt que la sécurité, l’eau, l’électricité pour le peuple…

Chantal Faida : Les problèmes sociétaux sont légion. Manque de justice sociale, grande pauvreté, chômage élevé, non respect des droits des femmes, etc. Comment pouvons-nous endiguer ces défis de gouvernance?

Florian Amaru : Comme vous venez de le peindre si bien, le portrait est infâme. Tous ces fléaux sont le cadet des soucis de ceux qui ont été élus pour apporter un plus, pour contribuer, et le peuple doit comprendre que le fanatisme aveugle, le tribalisme, l’indifférence sont les fléaux qui sont les plus à craindre. Tant que le Congolais mettra ses intérêts personnels avant ceux du pays, nous avancerons à reculons. Rien n’est garanti pour ces jeunes dynamiques et pleins de vie, rien n’est dit contre les inégalités sociales, au contraire, tout porte à croire qu’elles sont encouragées.

Chantal Faida : Des écrivains ont fait leurs parts, en écrivant des textes très engageants mais le changement traîne, est-ce qu’ils peuvent agir autrement ?

Florian Amaru : Oui, les écrivains font des textes, les activistes dénoncent et manifestent, le personnel médical soigne, chacun fait ce qu’il peut avec ce qu’il a, chacun fait sa part. Le peuple se demande, où est la part des dirigeants dans tout ça? Le changement tarde à venir parce qu’une majorité ne fait pas sa part, ne tient pas ses engagements et ainsi compromet les efforts des autres. La société marche en synergie, le pays est une collectivité où chaque méfait d’un individu a des conséquences immédiates sur les autres. Le médecin qui ne fait pas bien son travail ôte la vie à un patient et ainsi, apporte désolation à une famille. Un policier qui, au lieu de protéger et servir, prend le peuple pour sa vache à lait, souille non seulement son uniforme, mais crache sur la République et devient un criminel. Chacun a son niveau doit prendre ses responsabilités, nous n’aurons jamais une société parfaite mais nous pouvons avoir une meilleure société si chacun balaye devant sa porte.

Chantal Faida : « On n’aura jamais une société parfaite mais espérer une meilleure société », analyse très inspirante. Pensez-vous qu’on peut garder espoir que les choses changeront dans ce pays? 

Florian Amaru : L’espoir ne peut nous quitter car nous n’avons que le Congo comme terre. Désespérer au sujet du Congo, c’est comme amener un membre de famille à l’hôpital et être garanti qu’il ne va pas s’en sortir. Dans mon poème, qui sera en vidéo, prévu pour ce 30 juin 2020 à l’occasion des 60 ans d’indépendance, je dis: »Le vent de l’espoir souffle, les jours qui viennent seront beaux, voulez-vous élever la Nation ou le laisser dans le tombeau ? » Dur de continuer à croire quand on est au chômage depuis des années, dur de garder espoir quand tous les signaux sont au rouge, dur d’avoir l’espoir quand on manque de quoi manger, dur de garder espoir, quand on vit dans une contrée en conflit où chaque jour a l’air d’être le dernier, oui c’est dur. Presque impossible pour certains, je dois vous avouer qu’il m’est arrivé plusieurs fois à perdre tout espoir pour le Congo mais pour l’instant, c’est tout ce qui nous nourrit. L’espoir est ce qui nous permet d’avancer même quand le quotidien nous fait reculer.

Chantal Faida : Depuis le 10 mars 2020, le nouveau virus COVID19 affecte profondément le quotidien de la population congolaise. Les mesures de confinement sont toujours en place. A part la faiblesse de notre système de santé, il y a le manque de mesure d’accompagnement pour maintenir l’équilibre du cadre macro-économique. Quelle piste de solutions proposerez-vous aux autorités sanitaires et gouvernementales?

Floriant Amaru : Il y a eu beaucoup d’hésitations au départ pour la riposte contre la Covid-19, beaucoup jusqu’à ce jour ont du mal à croire que ça existe parce qu’il y a eu de gros problèmes de communication. Heureusement, plusieurs ONG, mouvements citoyens ont sensibilisé en masse au sujet de la pandémie, ce qui a eu des effets positifs dans l’ensemble. Et les quelques mesures, malgré les bavures policières qu’il faut souligner, ont permis à certains de se procurer de cache-nez, se laver les mains régulièrement et respecter les gestes barrières. Mais dans plusieurs endroits du pays, ce n’est pas évident. L’eau pose un énorme problème dans la ville de GOMA, et en pleine pandémie, c’est un grand obstacle, un casse-tête.

Mais il faut aussi souligner les conséquences économiques pendant et après cette pandémie. Les mesures prises pour alléger la situation ne sont pas encore à l’horizon, les prix des denrées alimentaires ont grimpé pour une population dont 85% sont au chômage. Certains d’ailleurs pensent qu’ils ont plus peur de la famine que de la Covid-19 et ils n’ont pas totalement tort vu la situation sociale actuelle. Des sommes énormes se trouvent entre les mains de quelques individus, des sommes qui pourraient améliorer les conditions de travail du personnel médical, des sommes qui pourraient aider à équiper certains hôpitaux en médicaments et respirateurs artificiels par exemple. Selon un rapport, le Congo qui importe pratiquement tout de l’étranger est l’un des pays les plus exposés à la crise alimentaire.

Cette crise sanitaire est à mon avis l’opportunité rêvée de prendre nos responsabilités, d’investir davantage dans la pêche et l’agriculture, investir dans les PME des jeunes entrepreneurs afin de ne plus dépendre des autres mais en même temps créer de l’emploi. La jeunesse fait ce qu’elle peut mais ses marges de manœuvre sont limitées et c’est compréhensible vu la conjoncture actuelle. La jeunesse a rempli son devoir civique en allant aux élections, mais ceux qui ont été « élus » ne rendent aucun compte à cette jeunesse. La jeunesse doit rester éveillée, avertie et continuer à participer autant qu’elle peut pour apporter de la lumière dans un coin sombre de la République.

Extrait d’un des ses poèmes en prévision de la commémoration du 60ème anniversaire de la RDC, le 30 juin.

Le vent de l’espoir souffle

Tenons le flambeau
La patrie est tout ce qui nous reste
Qui trahit sa mission, trahit sa nation


Théâtre participatif pour stopper la guerre et la COVID19 à Rutshuru

Cher(e)s lecteurs(rices) vous vous demandez comme moi comment vivent les populations confrontées aux violences des groupes armés non étatiques en cette période complexe où l’humanité lutte contre la pandémie de coronavirus (COVID19). Un malheur est venu détrôner une souffrance, bonjour la misère extrême. Rutshuru, pourtant grenier de la Province du Nord-Kivu est l’un de six territoires longtemps touché par les conséquences fâcheuses des conflits récurrents dans la partie orientale de RDC. La population retient son souffle et peut espérer un avenir prometteur avec une génération résolument engagée à transformer les cris de douleurs en chants de bonheur.

Nous avions interviewé un jeune ambassadeur de la paix et du climat Joseph Tsongo, coordinateur de Amani Institute Asbl basé à Rutshuru qui fait partie de la nouvelle génération consciente des défis sécuritaires et sanitaires du moment dans la région et laquelle génération est décidée à écrire l’histoire glorieuse de la nation congolaise. Le Congo doit être fier des réalisations de l’organisation Amani-Institute et lui apporter un soutien concret.

Chantal Faida : Qui est Joseph Tsongo ? Quels sont ses rêves et ses craintes ?

Joseph Tsongo : Je suis un jeune homme bâtisseur de paix et activiste du climat basé au Nord-Kivu. Je suis né au milieu de la guerre un certain 14 avril 1994 dans le territoire de Rutshuru. C’était lors du génocide Rwandais qui a déversé des troupes armés dans l’Est de la RDCongo. Depuis, ma région connaît des cycles de violences et d’atrocités partant des mouvements rebelles FDLR, AFDL, RCD aux mutineries CNDP et M23. Au fil du temps, une mosaïque de groupes armés distincts et d’unités militaires corrompues ont été impliqués dans les conflits violents. Oui, nous avons vu des gens être tués ou violés et notre mental a de la sorte été forgé par la guerre. J’ai vu personnellement des jeunes gens de ma génération rejoindre, de gré ou de force, les rangs des groupes armés.

J’ai également été tenté d’y aller pour venger les miens, mais je n’ai pas pu parce que je n’aimerai pas agir dans la violence. En fait, je fonde mon engagement sur des expériences douloureuses auxquelles sont régulièrement confrontés les habitants de ma région et surtout les jeunes gens qui n’ont jamais connu la paix comme moi. J’aspire donc à un monde permettant à chacun de vivre dans la dignité et de développer ses potentialités : un monde solidaire sans violence ni guerre, un monde sans pauvreté et qui promeut les initiatives de la jeunesse, cela dans un environnement préservé. C’est mon rêve le plus fou et c’est pourquoi nous avons crée notre l’organisation Amani-Institute ASBL. Mes craintes ? Je ne sais pas mais dans mon Rutshuru natal ou dans toute la province du Nord-Kivu, la principale crainte, c’est de voir les jeunes gens sombrés dans l’oisiveté et se laisser manipuler. L’autre crainte, c’est le manque d’une éducation adaptée aux enjeux de l’heure !

Chantal Faida : Dites-nous l’état des lieux de la situation sécuritaire à Rutshuru, mais aussi décrivez-nous les protagonistes des attaques meurtrières et enlèvements récurrents de nos compatriotes.

Joseph Tsongo : En effet, le tableau sécuritaire de Rutshuru est généralement sombre. Depuis plus d’une décennie, ce territoire du Nord-Kivu a été ravagé par des conflits armés à répétition et des violences communautaires (avec une base tribalo-ethnique) qui se sont soldés par la mort des plusieurs personnes, les déplacements massifs des populations et la violence sexuelle de plusieurs femmes et jeunes filles. Ces derniers temps, des attaques ciblées et des enlèvements sont devenus récurrents parce que des jeunes gens désœuvrés, en ont fait un business florissant. C’est un peu comme un scénario de film : on vous prend en otage en plein milieu de la journée ou de la nuit, on use de la violence à votre égard et on utilise le téléphone portable pour le chantage…par après on vous libère vivant ou mort après versement d’une rançon !

Les principaux bourreaux sont des miliciens ayant pris d’assaut le parc des Virunga, leur dernier bastion. D’autres bandits sont notamment des jeunes gens oisifs, membres des communautés locales, travaillant sous la bénédiction de certaines autorités politico-administratives ou militaires de la région. 

Chantal Faida : Faire taire est l’engagement des autorités en place depuis plusieurs années. Quelle recommandation donnez-vous au gouvernement pour que la paix durable s’installe définitivement à Rutshuru en particulier et au Nord-Kivu en général ?

Joseph Tsongo : Comme un peu partout en République démocratique du Congo, le gouvernement congolais a tout d’abord l’obligation d’assoir son autorité sur toute l’étendue du pays. Et concrètement pour faire taire les armes dans le Rutshuru, j’ai deux ou trois propositions :

– Créer de l’emploi sans trop de conditions, en faveur des jeunes gens désœuvrés ou créer un environnement favorable à  l’éclosion ou le développement de leurs entreprises afin de les dissuader d’aller en brousse sur la base des promesses chimériques. 

– Investir dans une éducation adaptée aux enjeux de l’heure, prenant en compte notamment la santé mentale parce que beaucoup de jeunes gens semblent agir par émotions (sans raison) à cause des pires moments endurés dans la violence. C’est ici que notre association Amani Institute intervient par l’organisation des ateliers de théâtre forum participatif sous le style psychodrame pour amener les gens au dialogue et à la réconciliation en utilisant l’art comme la thérapie aux problèmes de traumatisme !

Chantal Faida : Votre organisation réalise un excellent travail de prévention de la transmission du virus COVID19 (le résumé est repris à la fin de l’interview). Selon vous, laquelle de toutes vos actions devrait être une référence pour les autres organisations de la société civile congolaise ?

Joseph Tsongo : Nous avons localement mis en place plusieurs initiatives dans la riposte au Coronavirus, mais celle qui peut-être facilement dupliquée ailleurs c’est la campagne « Tupone wote » (en swahili que nous guérissions tous) où nous prônons l’engagement et la responsabilité de tout le monde dans la prévention et la lutte contre le nouveau Coronavirus. Vous êtes sans ignorer que nous vivons au quotidien des divisions et des altercations entre les communautés locales…notre crainte était que ceci n’incitent les gens à adopter un comportement hostile pouvant mettre leur propre vie en danger. Ainsi, à travers la voie des ondes radiophonique ou sur la rue, nous essayons de concilier ou lier deux messages: « contre la pandémie Coronavirus, pour la solidarité et le vivre-ensemble » afin que nous puissions nous en sortir tous !

Chantal Faida : Une dernière question, quel livre aimez-vous lire et pourquoi ?

Joseph Tsongo  : En fait, j’aime souvent lire le livre intitulé: « Une vie motivée par l’essentiel » de Rick Warren, parce que j’aimerai savoir pourquoi suis-je en vie ou comprendre ma destinée…la question urgente et fondamentale de la vie !

Chantal Faida : Merci beaucoup joseph et courage.

Prospectus des réalisations de Amani-Institute dans le cadre de la prévention contre le coronavirus COVID19

Amani-Institute ASBL un mouvement socio-culturel des jeunes volontaires œuvrant pour la construction de la paix et du développement durable dans la province du Nord-Kivu et plus précisément dans le territoire de Rutshuru. 
Ici, nous vous parlons juste de notre travail dans la prévention et la lutte contre le nouveau Coronavirus dans un contexte des conflits et de crise humanitaire, mais en tant qu’une association à but non lucratif, nous intervenons dans plusieurs domaines que vous aurez à découvrir à partir de notre site web: www.amani-institute.org

Dans le cadre de la lutte contre la COVID19 :
1. Nous avons confectionner un petit guide de conduite en confinement contenant plein des conseils pratiques sur quelles activités mener pour aider les membres des communautés locales à s’en sortir sans trop de soucis…parce que nous vivons dans une région au contexte vraiment complexe avec la perversion morale et l’activisme des groupes armés !
2. Nous produisons et diffusons des programmes radios diffusés tel que des spots et autres feuilletons radiophoniques pour mobiliser les communautés locales contre le nouveau Coronavirus !
3. Nous organisons chaque semaine des descentes dans les rues de notre agglomération, dans les villages environnants et dans les campements des déplacés pour leur sensibiliser sur les mesures d’hygiènes, la solidarité et la communication non-violente en cette période de crise. Dernièrement nous avions offert un dispositif lave-mains et quelques tiges de savons aux populations déplacées vivant dans un campement de fortune à Rwasa !
4. Nous nous intéressons également aux personnes vulnérables dans notre campagne de sensibilisation et ainsi, nous faisons des dessins et des affiches imprimées avec comme message « Ngisi yaku jikinga na virusi Corona » (en swahili comment se protéger contre le coronavirus) pour l’intérêt des enfants et des sourds-muets par exemple !
5. Nous avons aménagé un jardin potager dit  » Shamba la Matumaini  » (champ d’espoir) pour ravitailler les personnes vulnérables en cette période de crise notamment celles du troisième âge et les femmes survivantes de violence sexuelle qui sont généralement membres de nos groupes de dialogue ! 
6. Nous avons collectionné quelques livres en dur et électroniques, des séries vidéo ou dessins animés édifiants qui sont disponibles à notre bureau et que les jeunes gens viennent récupérer de temps à autre pour capitaliser ce moment de confinement à la maison afin éviter l’oisiveté chez ces jeunes gens et dissuader certains d’aller rejoindre leurs pairs dans les rangs des groupes armés !
7. Nous organisons déjà des recherches sur les conséquences du Coronavirus sur la vie des enfants, des jeunes et celle des femmes vivant dans un contexte des conflits et de crise humanitaires; mais aussi, il y a des leçons que apprenons de cette crise et nous en parlerons à la fin. 
8. Nous sommes des temps en temps invités par les radios communautaires locales pour parler de notre travail et surtout du guide de conduite en confinement et la gestion des stress…
9. Nous préparons déjà l’après Coronavirus, la sortie de cette crise avec beaucoup de chocs surtout psychologiques et sociales, qui s’ajoutent à un mental déjà forgé par la guerre et les violences communautaires…et nous pensons qu’il sera plutôt mieux d’utiliser le théâtre forum participatif sous le style psychodrame pour amener les gens à se ressaisir à demeurer plus résilients pour guérir le choc émotionnel favoriser le vivre-ensemble !

Voilà, en quelques points ce que nous faisons déjà et ce que nous comptons faire en tant que Amani-Institute ASBL. Pour rappel, nous sommes tous des jeunes volontaires et nous travaillons grâce aux petites contributions locales mais aussi, nous mettons en valeur nos forces et esprits créatifs pour réaliser nos objectifs parce que nous sommes unis dans la diversité !


RDC : Top 10 des actions solidaires contre le Covid-19

Cher.e lecteur.rice, ma prière est que vous soyez en parfaite santé ainsi que vos proches. Meilleur rétablissement à celles et ceux qui sont infecté.e.s par le Coronavirus Covid-19.               

Le 10 mars 2020, Kinshasa a enregistré son premier malade diagnostiqué Covid-19. Plus de 50 jours après, le bilan du secrétariat de la riposte affiche 674 personnes infectées, 33 décès et 75 guéries. De mon point de vue, 4 congolais.e.s sur 10 ne croient pas en l’existence du virus fatal, le coronavirus. Il suffit d’observer les mouvements de véhicule et des personnes pour se rendre compte que dans le transport public, au marché, la distance de sécurité est ignorée malgré le port de masques, ça craint! Ma température monte, je grelotte. Pour l’amour du ciel, protégeons-nous et protégeons les autres.

Un brin d’espoir m’est apparu quand j’ai vu la forte mobilisation des compatriotes pour convaincre les sceptiques et partager la bonne information sur l’ampleur de la maladie. Ces champion.ne.s de bienfaisance assistent les ménages dans le besoin en des denrées alimentaires et d’autres plus ingénieux, ont mis en place des astuces instructives pour meubler nos longues journées sans fin en ce temps de confinement. Le plus haut degré de mon admiration c’est quand je constate que ces actions sont réalisées sur fonds propres ou avec l’aide des bonnes volontés pour les autres. Dans les lignes qui suivent, retrouvez les 10 actions solidaires que je salue :

1. Goma Actif 

Une remarquable initiative des jeunes engagé.e.s de Goma, qui, sur fonds propres et avec l’appui des bienfaiteurs se mobilisent en allant dans des espaces publics et mieux font le porte à porte pour prêcher les gestes barrières contre le COVID19, distribuer gratuitement les masques de protection, plus de 3.000 et remettre des kits alimentaires aux ménages dont les revenus ont sensiblement baissé depuis le début du confinement. Très innovant, un journal rappé du Covid-19 est présenté régulièrement pour une prise de conscience collective du monde digital sur l’évolution de la recherche et du traitement.

2. COJIC RDC Asbl

C’est un groupe des jeunes vivant à Kinshasa qui ont lancé une chaîne Youtube de vulgarisation multilingues des mesures préventives de la maladie à coronavirus. La particularité de ces capsules vidéos est la profondeur des messages envoyés par les acteurs à la population. Les objectifs ? Interpeler la population sur les risques de propagation du virus, mais aussi apporter un peu de réconfort en ces temps troublés.

3. Jeunes volontaires engagés contre le Covid

Les rangers du Covid-19, quand on les croise habillés en combinaison intégrale comme des médecins, on affirme sans peur que l’augmentation vertigineuse des cas de Covid-19 va s’arrêter drastiquement. Mégaphones à la main, ils rappellent les mesures de protection avec énergie, distribuent les gels hydroalcooliques, savons et masques de protection aux personnes vivant avec handicap et autres groupes vulnérables. Ils sont visibles depuis début avril dans plusieurs communes. « La pulsion d’aide et d’empathie a pris le dessus sur la peur« , déclare Jean Felix, directeur exécutif de Buswe Institute et membre du groupe des volontaires.

 4. Asbl la main sur le coeur

Le collectif des Femmes de Cœur mis en place pour voler au secours du personnel soignant des hôpitaux-référence pour le traitement des malades Covid-19 à Kinshasa en leur offrant des repas et autres matériels de protection. Les cliniques universitaires, l’hôpital Saint-Joseph, l’hôpital du cinquantenaire, l’hôpital sino-congolais de Ndjili, la clinique Ngaliema, tous ont reçu des denrées alimentaires venant de l’association avec l’appui de leur partenaire Abeer cooling. À l’origine, les Femmes de Cœur s’occupaient des soins des enfants atteints du VIH de la pédiatrie de Kalembe principalement.

5. Fondation Grâce Monde 

Il faut que très rapidement le pays s’engage, comme le fait la fondation Grâce Monde à investir plus de ressources dans la santé de la mère et de l’enfant; surtout en cette période de la pandémie COVID19. Soutenir la vision Batela mama c’est garantir l’avenir de la RDC. La Fondation a financé la libération de près de 200 mères et bébés en danger dans les maternités retenues par manque des moyens financiers. Au Congo, plus de 5.000 femmes sont séquestrées dans les maternités par manque de moyens financiers. Contact : +243 972222222 / +243 825881286.

6. Coordination nationale des étudiants de la RDC

Le déguerpissement des locataires des résidences estudiantines de l’Université de Kinshasa est à la base des conditions de vie précaires des milliers d’étudiants venus des provinces. Ceci depuis plusieurs mois à la suite d’un malaise dans la gouvernance de l’Université. La coordonnatrice nationale des étudiants, Prisca Manyala, leader modèle et humanitaire préoccupée par les plaintes de ses camarades sous-logés dans des maisons des proches, a lancé sur les réseaux sociaux le 27 mars un appel à l’aide aux étudiants. Près de 554 étudiants ont reçu des ratios alimentaires en quantité en moins de 48 heures.

7. La DYNAFEC

C’est la plus grande structure regroupant les femmes candidates aux élections de 2018, et elle se mobilise par une campagne digitale avec des messages dans les langues nationales sur la prévention et les soins du Covid-19. Le 8 avril, avec l’appui d’ONU Femmes, elle a procédé à la distribution de 800 kits de résilience aux femmes exerçant les activités économiques dans le secteur informel et celles dans le besoin en cette période de confinement.

8. La Lilane Iranga Fondation

Association caritative très présente sur terrain dans les orphelinats, elle oeuvre pour la promotions des droits socio-économiques des personnes vulnérables. Liliane fondation réalise des sensibilisations sur les mesures de prévention du Covid-19 dans les quartiers populaires de Kinshasa et offre un soutien matériel aux ménages, la dernière action en date s’est tenue au quartier Camp Luka à Kinshasa où plusieurs vivres et matériels de protection ont été distribués.

9. Les semaines de la science

Apprendre à la maison avec la semaine de la science et des technologies. Plus d’une dizaine de capsules vidéos sont réalisées et diffusées quotidiennement pour encourager les enfants à l’apprentissage à distance des mathématiques, des sciences, etc. par écran interposé à la maison. Dans un autre cadre, la même structure a lancé un appel des fonds pour soutenir la production des visières 3D en RDC, 2.762$ sont déjà récoltés 48 heures sur 7.000$ attendus.

10. Books of Congo 

C’est le réseau des bibliothèques de Goma qui est organisateur de cet événement en période de confinement pour soutenir et encourager l’apprentissage par la lecture. Tout se passe en ligne, chaque lecteur partage une courte vidéo livre à la main sur leur plate forme.

Lecteur.rice de ce blog, Je nous encourage à faire comme et mieux que ces champions de bienfaisance. Suivons les gestes barrières recommandés par nos autorités gouvernementales et par l’OMS pour stopper la chaîne de transmission de ce virus funeste, extrêmement contagieux.

  • Se laver régulièrement les mains au savon,
  • tousser et éternuer dans son coude ou un mouchoir jetable,
  • observer la distance sociale de 1 mètre,
  • éviter les poignées des mains et les bisous,
  • porter son masque de protection en public,
  • consulter le médecin en cas de présentation des symptômes fièvre, grippe, maux de tête, perte de goût et d’odorat, difficulté à respirer et les courbatures.

Appelez gratuitement les numéros 101, 109 et 110 partout en RDC pour une prise en charge ou pour besoins d’informations supplémentaires.


La paix, gage de développement

Participants au Forum de la paix 13 juin 2019 à Kinshasa #CohésionSocialePaixDurable

A l’aube de son 59ème anniversaire d’accession à la souveraineté internationale, la RDC demeure un Etat fragile d’un point de vue sécuritaire. Plusieurs personnes déplacées de guerre, des milliers de réfugiés, des personnes disparues, des infrastructures sociales de base détruites, une situation qui est à la base de l’extrême pauvreté des ménages.

La crise humanitaire qui secoue le Congo figure parmi les plus dramatiques de l’humanité. Près de 120 groupes armés locaux et étrangers s’improvisent en forces de défense dans plusieurs territoires. L’armée loyaliste manque les moyens suffisants pour traquer l’ennemi. Eu égard cette situation, de plus en plus des voix s’élèvent pour exiger le rétablissement de la paix dans les provinces affectées par les conflits en ce moment historique d’alternance pacifique au sommet de l’Etat.

Appuyé par le projet USAID, Solutions pour la Paix et le Relèvement (SPR) ; le Forum de paix a vécu à Kinshasa le 13 juin 2019

La Paix n’est pas une priorité mais une urgence !

; ceci en marge d’une mission de plaidoyer conduite par une délégation des cadres permanents de plaidoyer CPP des provinces du Nord et Sud-Kivu. Y ont pris part, plusieurs couches sociales de la population parmi lesquelles on peut citer : universitaires, acteurs politiques, leaders coutumiers et sociaux, représentation des jeunes et des femmes, peuple autochtone, personnes vivant avec handicap, personnes vivant avec albinisme.

L’approche du séminaire était innovante dans la mesure où des échanges directs entre les responsables politiques, leaders religieux, organisations internationales et missions diplomatiques ont eu lieu sur les causes des conflits et les pistes de solutions envisagées. La délégation était composée de chaque catégorie sociale ; une façon de transmettre fidèlement sans offusquer un détail les problèmes réels, conséquence du manque de paix. Car dit-on pour résoudre un problème, une nette analyse de l’origine ou la cause du problème est nécessaire. Ne peux mieux décrire un problème qu’une personne ayant vécu les conséquences de ce problème.

Le peuple autochtone a demandé aux décideurs, le respect des articles 11, 12, 13, 14 de la Constitution en ce sens qu’ils ont droit à la terre, à l’éducation et au pouvoir.

Les leaders coutumiers ont déploré l’usurpation de leur autorité par l’administration publique pour certains actes tels l’octroi des terres rurales et la désignation de leurs successeurs ceci en dépit des textes légaux démontrant les limites des compétences des uns et des autres.

Les défenseurs des droits des femmes ont plaidé pour l’application stricte des textes légaux en ce qui concerne la représentativité équitable des femmes dans les instances-clés, le soutien public à l’éducation des filles ainsi que la lutte contre les violences basées sur le genre.

Les personnes vivant avec handicap et albinisme ont demandé une intégration sociale en vue de bannir les préjugés non fondés qui se perpétuent sur eux. Ils ont demandé en outre, la prise en compte de leurs besoins spécifiques dans tous les secteurs vitaux de la vie.

Les leaders originaires de Béni ont lancé un appel de mobilisation de toute la communauté nationale pour une solution durable au manque de paix dans la région et depuis peu à l’élimination du virus Ebola qui ravage la région.

Les autres panélistes ont analysé les causes endogènes et exogènes de persistance de l’instabilité dans les provinces du Nord et Sud-Kivu et ont recommandé aux décideurs à tous les niveaux :

  • la restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire,
  • la poursuite de la réforme des forces de sécurité,
  • le respect des engagements du processus Démobilisation, Désarmement, Rapatriement et Réintégration (DDRR),
  • l’intégration par nomination spéciale des groupes marginalisés dans les instances décisionnelles (femmes, jeunes, peuple autochtone, personnes vivant avec handicap, personnes vivant avec albinisme),
  • la lutte contre l’impunité et la corruption. Les assises se sont clôturées par la signature des actes d’engagement pour la paix par les participants, résolus de promouvoir la paix.

« La paix est synonyme de développement » disait le Pape Jean Paul II d’heureuse mémoire. Sans paix, il est difficile de vivre le progrès social. La vie humaine est sacrée, stop à la guerre oui à la paix.


Hassan Abdallah, un respectable défenseur des droits de la femme #RDC

Café Pédagogique Mars 2019 Kinshasa

Depuis peu, nombre d’hommes se démarquent et soutiennent la noble lutte pour la reconnaissance des droits de la femme en RDC.

Au mois de mars 2019, #HassanAbdallah a pris l’option de lancer par médias interposés des messages forts invitant la société congolaise en générale et de manière particulière les hommes à s’engager pour la cause de la moitié de l’humanité qu’est la gente féminine.
Au cours d’un café pédagogique organisée par la prestigieuse agence de communication française MP&C Média Presse Communication, j’ai eu le privilège et l’honneur d’interroger le Président Directeur Général de Congo Motors en RDC sur sa vision au sujet des droits de la femme.
Je résume ici les qualités qui, de mon point de vue, font de lui un homme engagé pour la cause de la femme.
Hassan Abdallah croit au géant pouvoir de la femme. Selon lui, la femme est capable d’accomplir n’importe quel métier vital si pas mieux, autant que l’homme. Sa pensée profonde se calque sur l’aspect de recherche de la perfection qui caractérise la femme. Il est naturel chez la femme de travailler avec le cœur à l’ouvrage, une espèce d’intelligence émotionnelle très indispensable dans tout accomplissement remarquable. En passant outre ceci, on a privé au monde, pendant longtemps, ce regard particulier d’invention et d’ingéniosité.
Mécène sportif, patron du DCMP (club de football masculin et féminin), philanthrope et promoteur de l’entrepreneuriat féminin dans le secteur environnemental, Hassa Abdallah prodigue un sage conseil à la femme congolaise.
La clé de tout succès est dans la plupart des cas proportionnelle à la valeur des sacrifices consentis. Il pense au fond de lui que l’immense potentiel de la femme doit être accompagné. Il ne suffit pas d’avoir un talent exceptionnel dans la vie pour être un modèle remarquable, encore faudra-t-il se former, se laisser guider et plus tard voler de ses propres ailes. Un bémol, Il n’est pas question ici de fixer des limites aux ambitions de la femme mais plutôt de soutenir l’esprit de l’excellence chez la femme par la triptyque formation-action-formation.
Un autre aspect majeur à noter pour cet homme d’exception. Hassan Abdallah est le dernier patron de la grande dame Marie Josée Ifoku. L’unique si pas la remarquable femme ayant présenté sa candidature à la magistrature suprême de la RDC du 30 décembre 2018. Elle était son ancienne directrice générale (Congo Motors) avant d’embrasser la politique.
Femme congolaise tiens bon, l’égalité des chances dans toutes les sphères sociales se matérialise avec les soutiens des grandes voix masculines comme celle de Hassan Abdallah.


Quatre règles pour voter utile

Photo de Habarirdc.net

La configuration actuelle des institutions issues des scrutins du 30 décembre 2018 présage un état de statu quo quant aux désidératas des électeurs. Effectuer un choix judicieux entre candidats aux différents niveaux des élections requiert une perspicacité sans pareille quand on vise le renouvellement de la classe politique pour bâtir le mieux être collectif.

Le récent vote du président, des députés nationaux et provinciaux, était influencé par le gain individuel de l’électeur selon plusieurs observateurs. Mais pour quiconque rêve d’un Congo fort et prospère, dirigé par des politiques choisis objectivement suivant la trilogie compétence-valeur-vision, je vous propose quatre règles à se fixer par tout électeur avisé pour voter utile.

1. Ériger des standards

Il n’est pas interdit d’imiter une tendance en vogue. Nombre d’ambitieux politiques captivent la sympathie de l’opinion de par leur franc-parler, leur savoir-être ainsi que leur apparence. Ils deviennent célèbres. A ce niveau, l’électeur doit se poser la question de savoir pourquoi tout le monde s’offusque de croire que le candidat X ou Y est meilleur que d’autres pour le poste ? Qui de la masse ou de l’électeur a tort ? Si par hasard la masse a raison, alors passez à la deuxième règle ci-dessous. Si par contre c’est l’électeur qui pense vrai, dans ce cas, il établira un certain nombre de critères impartiaux et jugera seul sans contrainte si le candidat présélectionné convient.

2. Examiner la motivation du candidat

Parmi les candidats députés à tous les niveaux, il y avait ceux qui tentaient l’expérience pour la première fois, et ceux qui revenaient pour la nième fois solliciter le vote des électeurs. Le compteur repartait donc de zéro pour tout le monde, d’autant plus que chaque exercice électoral est une évaluation qui nécessite une préparation. Celle-ci comporte donc un discours qui diffère d’un candidat à un autre.

L’électeur averti interrogera donc le motif de chacun à devenir représentant du peuple d’une circonscription donnée. Sur ce point, on questionnera le parcours du candidat. Savoir si dans le passé pareil exercice avait déjà été entrepris par le requérant des votes. Ou s’il a déjà initié ou participé à une action communautaire sans intérêt affiché.

3. Comparer les projets de société

Il n’est pas sage de prendre position pour un candidat sans au préalable écouter, analyser et questionner les projections des autres candidats. Ceci en dépit du fait qu’il soit un membre de votre famille, un frère ou une sœur de l’Eglise, un camarade fidèle ou un pourvoyeur des fonds à des besoins individuels. Pour être correct, il faut au minimum sélectionner cinq projets de société ; évaluer la pertinence, le réalisme et l’opportunité de chacun. Et en dernier lieu, se renseigner sur les capacités du candidat à mettre son projet en application. La loyauté envers un camp n’est pas de mise tant qu’on ne sait pas exactement ce qui constitue la différence de l’un par rapport à l’autre. L’électeur est un électron libre, c’est au candidat de convaincre et de prouver qu’il est le meilleur.

4. S’engager à faire la différence

C’est l’étape cruciale. Quand l’électeur idéal a fait son choix intérieur, son implication de loin ou de près pour la victoire du candidat de son choix est presque obligatoire. Quand on est convaincu par une personne, la meilleure façon de le prouver c’est d’amener le plus grand nombre de gens à être au courant de la nouveauté que son candidat apporte. Se donner aussi le temps d’expliquer ses innovations et différences ; s’engager librement et sans intérêt à soutenir sa montée dans l’opinion. Et surtout si la victoire suivait, prendre soin d’évaluer chaque niveau de réalisation de ses promesses, et donner des  conseils quand l’échec s’annonce.

J’espère au plus profond de moi que ces conseils serviront à influencer les choix des électeurs aux prochaines élections directes ou indirectes, en vue de promouvoir l’excellence, l’intégrité et le changement pour l’intérêt général.

Publié précédemment ici et partagé avec la permission de l’auteure.